27 février 2015

Le retour du cul (chez Blogger)

La pin up de la semaine prévue par El Camino.
Google a annoncé aujourd'hui qu'il renonçait à sa mesure visant à interdire les images de "nu" sur les blogs Blogger. Ils ont eu chaud aux oreilles, visiblement.

C'est reparti.

Inbox avec Firefox !

Au lancement d'Inbox, la nouvelle messagerie de Google, elle ne fonctionnait qu'avec Chrome ce qui m'en touchait une secouer l'autre... sauf toutes les trois semaines quand je viens en vacances chez ma mère. Je lui laisse Chrome sur son PC et j'y utilise Firefox (ça évite qu'elle tombe sur mes comptes quand j'oublie de me déconnecter).

Il y a trois semaines, ça ne fonctionnait pas.

Maintenant, ça marche !

TwitShot disponible dans Twitter

On parle depuis un bout de temps de ce machin qui permet de publier des photos avec les liens. Mais c'est la première fois, ce matin, que je le remarque dans mon Twitter sur PC. La flèche rouge. J'ai testé. Les nichons.

Créer un nouveau blog rapidement avec Eklablog

Tu as vu ? J'ai créé un nouveau blog, là : http://jegoun.eklablog.com/ ! www.eklablog.com m'a été présenté par l'ami Stéphane. L'interface est très pratique : en haut de votre page, un bandeau permet d'accéder à toutes les fonctions.

Eklablog est une boite Nantaise qui existe depuis 2007.

A première vue, je pense que beaucoup de concurrents (hébergeurs et gestionnaires de blogs) peuvent aller se rhabiller. Eklablog est bien sûr moins puissante que Blogger mais semble au top côté ergonomie.

Le plus gros défaut : outre que ce machin n'a pas la blogroll dynamique de Blogger, les mails de notification de commentaire ne contiennent pas le contenu du message, il faut cliquer sur un lien (pour un gros blogueur, comme moi, utilisant beaucoup l'iPhone, c'est rédhibitoire).

Le gros atout : outre la possibilité (que je n'ai pas testée) de publier dans Facebook et Twitter ses nouveaux billets automatiquement, on peut très facilement importer d'autres blogs (avec les commentaires). J'ai essayé avec le plus petit (une centaine de billets), c'est nickel. Je testerai avec les gros (6000 billets...) plus tard.

Au moment où Blogger menace de fermer les blogs avec des images de nudité, je crois bien que je vais importer mes blogs au moins pour sauvegarde, au pire pour utilisation ultérieure.

J'ignore s'ils ont une application pour mobiles...


25 février 2015

Avec dlvr.it, postez vos billets de blog dans Twitter avec l'illustration

Dans dlvr.it, cliquez sur le machin. Hop !

(Voir mon billet d'hier, je croyais que c'était une nouveauté de Blogger...)

Numérique : la France dans la moyenne de l'Union Européenne

La Commission Européenne produit un nouvel indicateur, le DESI (Digital Economy and Society Index) avec différents critères pour comparer les pays selon le développement du numérique. La France est dans la moyenne de l'Union Européenne. C'est rageant.

Le blog du Modérateur détaille les résultats et je les résume...

Par exemple, la France est en baisse pour ce qui concerne la qualité de la connexion car les autres pays améliorent leur capacité de connexion en très haut débit. Les Français utilisent beaucoup moins les réseaux sociaux que les autres mais sont plus consommateur de vidéo à la demande. la France est mauvaise pour le numérique en entreprise mais pas trop mauvaises pour le service public.


24 février 2015

Twitter et les photos dans les blogs Blogger

Hé ! T'as vu la capture d'écran ci-contre. C'est mon Twitter quand tu cherches le présent blog. Il est repris par deux comptes que je gère. Dans le premier tweet, il n'y a pas d'illustration, dans le second, si ?

C'est la première fois que je vois une illustration d'un billet de blog Blogger dans Twitter (alors que cela fonctionnait avec les blogs Wordpress).

Pourquoi pas toujours ?

La méthode pour diffuser le tweet est la même (mais l'inscription pour le compte du dessous, celui à mon nom, est toute récente, j'avais oublié ce blog dans le machin, DLVR.it, qui me sert à faire les tweets, il y a plusieurs années mais m'en suis rendu compte récemment).

Plus de porno dans Blogger

Blogger change sa politique et va interdire la diffusion de photo montrant de la nudité sur ses blogs. Je suis mal barré, il faudrait que je vérifie toutes mes archives… J’espère qu’ils seront indulgents pour les billets les plus anciens quand je n’hésitais pas à illustrer ma prose avec des photos de nichons…

Voilà ce qu’ils disent, selon Google Translate et moi :

« À partir du 23 mars 2015, vous ne serez plus en mesure de partager publiquement des images et des vidéos sexuellement explicites ou qui montrent de la nudité sur Blogger.

Note: Nous permettons toujours la nudité si le contenu offre un avantage public, par exemple artistique, éducatif, documentaire ou dans un contexte scientifique.

Les modifications que vous verrez à vos blogs existants :

-          Si votre blog ne possède pas de telles images ou vidéos, vous ne verrez pas les changements.

-          Si votre blog a de telles vidéos ou photos,  il blog sera « privé » après le 23 mars, 2015. Aucun sera supprimé, mais le contenu privé ne peut être vu que par le propriétaire ou les administrateurs du blog et les personnes avec qui le propriétaire a partagé le blog avec. »


J’ai franchement du mal à comprendre les raisons de cette mesure. De la pudibonderie américaine ? Trop de plaintes reçues ? 

23 février 2015

Halte au Digital Washing !

Tu te demandes bien ce qu’est le Digital Washing ? Moi aussi, figure-toi ! C’est une invention de l’ami Pierre que je vais tenter d’expliquer ici alors que je n’ai pas la réponse. Vous me remercierez après. Tout part d’un constat : la France est en retard pour ce qui concerne la transformation numérique. Néanmoins, le numérique ou le digital sont à la mode. Alors des agences de communication poussent à ce qu’on fasse la confusion entre les projets informatiques et la transformation numérique. De fait, des entreprises s’imaginent pratiquer leur transformation numérique alors qu’elles ne font que s’informatiser encore plus.

Vous avez suivi ?

Prenons un exemple au hasard. Le bar La Comète, au Kremlin-Bicêtre. Ils ont une caisse où ils rentrent les commandes, ça mémorise les tables, envoie les machins dans une imprimante en cuisine pour qu’ils puissent préparer les plats voulus par les clients. Avant 2008, ils écrivaient sur des papiers qu’ils passaient en cuisine. Ils ont ainsi fait une informatisation et une transformation numérique.

Dans certains bistros, ils ont poussé plus loin. Les serveurs ont chacun une espèce de tablette. A la Comète, l’étape suivante sera probablement qu’ils disposent d’une vraie tablette, ce qui permettra de supprimer la grosse caisse.  Les produits existent, j’en avais présenté dans le blog. Ils pourront jeter la caisse qui coûte un bras et avoir des iPad mini ou des iPhone 6. Le tour est joué. Cela semble révolutionnaire mais ce n’est qu’un projet informatique, pas une transformation numérique. Ils cliqueront sur un truc et un bon s’imprimera en cuisine. Au moment de sortir la facture du client, ils devront à la caisse car ils n’ont pas d’imprimante sur eux.

Au boulot, un de nos grands patrons exigeait que l’on remplace nos applications installées sur les machines à disposition des clients par des « clients légers » parce des cabinets de conseil lui avaient dit que c’était le sens de l’histoire, la transformation numérique. C’était du Digital Washing. Il fallait que ce big boss montre sa modernitude et nous imposait des choix d’ores et déjà obsolètes car n’apportant rien aux services.

Pierre cite des conditions à la transformation numérique et il y a effectivement la tendance d’aller vers des technologies de pointe telle que le Cloud, ce qui ne veut pas dire grand-chose, d’ailleurs, mais note aussi deux éléments : la transformation numérique s’accompagne d’une refonte des processus et des relations avec les partenaires (fournisseurs, clients,…).

Revenons à la Comète. Mettre en place une caisse centralisée avec une imprimante en cuisine a été un point de la transformation numérique. La deuxième étape pourrait être de s’affranchir de l’impression de la facture et de la transmettre sur le smartphone du client qu’il utiliserait pour régler la note. Les technologies existent plus ou moins, ce n’est pas une révolution mais il faut l’accord du client avec une application dans son smartphone qui pourra recevoir la facture et déclencher le paiement auprès du serveur de sa banque, comme avec une carte.

A une époque, on parlait beaucoup du LOSOMO (ou SOMOLO ou ce que vous voulez, j’ai oublié) ! Local, Social, Mobile. Nous sommes en plein de dedans (le Social parce qu’il faut bien que le terminal du serveur reconnaisse le smartphone du client).

Alors je vais résumer : la transformation numérique doit servir à quelque chose ! En l’occurrence, éviter au serveur d’aller à la caisse, d’imprimer le ticket, d’apporter sa machine à cartes bancaires, de donner le ticket de CB au client et de garder le sien pour faire ses comptes.

Et Pierre termine son billet ainsi : « Evitons le Digital Washing pour éviter le Digital Bashing ! »

Il a raison. Reprenez mon big boss qui voulait du client léger pour « laver au digital », il ne faisait qu’apporter une technologie pas adaptée qui allait dégrader la qualité de service de nos machines. Vous ne comprenez rien ? Normal.

Reprenez les tablettes mises à disposition du personnel. C’est du « Digital Washing », ça ne sert à rien (sauf que c’est moins cher que les grosses caisses). Et quand la Wifi est en panne, il devient impossible de prendre des commandes et donc de faire du chiffre d’affaire et écouler un stock de nourriture fraiche préparée avec amour par le chef. C’est bien triste ma pauvre dame.

Le bistro aura de l’informatique à la pointe mais sera dépendant d’une bricole.

Ainsi, la patronne va gueuler contre le numérique qui lui fait perdre du pognon : c’est du Digital Bashing. Elle ne basculera jamais à l’étape ultérieure (l’application pour la facturation).

Au supermarché de mon patelin, ils sont mis des pompes à essence toutes neuves, vachement modernes, pour remplacer les anciennes. Je n’ai pas discuté avec les patrons de ce machin. Je suppose que les anciennes étaient obsolètes. Mardi matin, elles refusaient les cartes de certaines banques (et moi qui suis du métier, je trouve cela éminemment suspect).


Une grosse évolution informatique qui génère du Digital Bashing… 

22 février 2015

Inbox et Blogger

Je suis un "fan absolu" d'Inbox, la nouvelle messagerie de Google mais il y a un gros défaut. Assurer correctement le suivi des notifications des réseaux sociaux est presque impossible. Avec les mails de Wordpress pour le suivi des commentaires, il est à peu près impossible de suivre. 

Mais le pire arrive avec Blogger (de Google) et ses mails pour les commentaires. Quand la modération est activée, comme sur mon blog politique, c'est un bordel monstre sur iPhone. On perd 10 ou 20% des commentaires si on ne va pas sur Blogger pour vérifier. 

13 février 2015

L'informaticien au bistro

Je ne sais pas si je vous ai dit qu’il m’arrive d’aller au bistro ? Je ne sais si je vous ai dit que je fréquente maintenant le comptoir d’une très grande brasserie vers le milieu de la Défense, le midi et souvent le soir ? Je ne sais pas si je vous ai dit que j’ai découvert que la plupart des types qui mangent au comptoir sans cravate sont des informaticiens, donc des collègues à moi, et non des ouvriers travaillant dans le secteur comme je le pensais au début ?

Je ne vais pas au bistro pour écouter les conversations mais j’ai compris cela en entendant quelques expressions, du jargon du métier… J’avais entendu, une fois, des gugusses qui parlaient de gens que je connaissais, avec qui j’avais bossé, pour une autre entreprise que celle qui m’emploie actuellement.

J’ai remarqué, dans ces groupes, qu’il y a toujours une grande gueule qui se croit meilleur informaticien que les experts divers, les spécialistes, les chefs,… Ca me fait rigoler parce qu’est c’est souvent pareil, à la machine à café, on a toujours tendance à considérer les autres, du moins ceux des autres services, comme des nuls. C’est de bonne guerre. Mais, au bistro, ils se laissent aller. Personne ne contredit la grande gueule car, soit on croit qu’il est réellement bon, soit on sait que ça ne sert à rien et on laisse pisser.

Je ne vais pas au bistro pour écouter les conversations, certes, mais je le fais quand même parfois.

Il y a un nouveau groupe de quatre informaticiens qui fréquente mon bistro depuis deux semaines. Je les ai repéré dès le premier jour parce qu’ils parlent fort comme s’ils étaient saouls et sont particulièrement vantards, plus que les autres. Je dis « comme s’ils étaient saouls », c’est une façon de parler. Ils ont probablement bu deux ou trois pintes avant que j’arrive, soit assez pour ressentir les effets de l’alcool tout en continuant à se le nier. On connait tous le phénomène : les cons parlent de plus en plus fort parce qu’ils sont persuadés qu’ils ne sont pas encore assez saouls pour dire des conneries et que leurs propos sont plus intelligents que ceux des autres. Ce n’est pas spécifique à l’informaticien mais quand on est du métier, c’est très amusant. Je ne vais qu’occasionnellement au bistro avec des collègues de travail et on ne parle pas boulot.

Ces quatre-là sont consultants ou prestataires de service. Ils travaillent chez des clients, des boites comme la mienne, c’est-à-dire des grandes entreprises du tertiaire.

Récemment, j’entends : « ils sont vraiment nul les informaticiens de Dexia. » Mon dieu ! Je n’ai jamais parlé d’un de mes clients au bistro et, à part auprès de mes très proches, je ne parle jamais de mon employeur. Alors j’écoute.

Et j’entends : « ils ne sont pas plus nuls que les informaticiens de BIIIIIIP. » Je suis informaticien chez BIIIIIP et je n’ai pas été ravi d’apprendre à un comptoir que j’étais nul. Magnanime, j’ai laissé passer. On est toujours le nul d’un autre. J’aurais pu répondre : « ben dis-moi mon canard en quoi ils sont nuls et, ensuite, tu me présenteras ton CV, fais gaffe à la déprime. ».

Aujourd’hui, c’est vendredi, ils étaient un peu plus saouls que d’habitude. Du moins, leur légère ébriété quotidienne était plus accentuée que les autres jours. Un d’entre eux a lancé un sous-verre à un autre. C’est moi qui l’ai reçu sur l’épaule. Ils ont bredouillé des excuses. Je n’ai pas répondu. Je refuse les excuses de ceux qui font les cons au comptoir (ce qui ne veut pas dire que je ne pardonne pas).

Un peu plus tard, ils commandent une tournée de Calva. Celui qui était à côté de moi a violemment renversé son verre sur son comptoir par accident. C’est un miracle si je n’ai pas eu de dommage (l’odeur de Calva sur ma veste…). Alors le type a recommencé les excuses.

Je lui ai répondu, cette fois ! « Bah, ce n’est rien, tant que vous ne cherchez pas à faire une prestation chez BIIIIP, mon employeur. J’ai été prestataire pendant vingt ans, je ne suis jamais arrivé bourré chez un client après déjeuner. »


Ce qui n’est pas totalement exact mais, même avec deux grammes, je suis un roc : jamais un mot plus haut que l’autre. Peu importe.

Toujours est-il que je me demande si ces informaticiens vantards au comptoir se rendent compte qu'ils passent pour des cons ?

Voilà une règle : ne jamais bouffer tous les jours dans un bistro avec les mêmes collègues.

11 février 2015

Le numérique et les grands projets informatiques de l'Etat

Dans l’actualité politique, on parle beaucoup du rapport de la Cour des comptes sorti aujourd’hui. Je l’ai vu passé dans Twitter (pdf). J’ai cliqué. Le document s’est ouvert. J’ai cherché le mot « informatique ». L’instinct du chasseur ou le hasard. Depuis que j’ai entrepris de parler du numérique sur ce blog, je cherche à m’intéresser aux Systèmes d’Information de l’Etat.

Le rapport fournit de la matière, c’est bien aimable de sa part.

Les applications de paye

Depuis le début des années 2000, les ministères cherchaient un logiciel de paye pour 2,7 millions d’agent. Le projet a finalement été lancé en 2007 après différentes études. De grosses difficultés sont apparues lors de la conception en 2010 compte tenu de règles de gestion différentes à mettre en œuvre selon l’administration. Mi 2013, le premier ministre a demandé une étude. En mars 2014, le projet a été officiellement abandonné. Ce fiasco vient en plus de celui du système Louvois de paye dans les armées.

Le rapport de la Cour nous raconte ça très bien (je ne vous demande de le lire, je l’ai fait par intérêt professionnel, travaillant parfois en amont de très gros projets, mais aussi par intérêt personnel : la structure en charge de ce truc est à peu près de la même taille que ma boite).

Les raisons du fiasco sont multiples. Tout d’abord, l’objectif était fonctionnellement très ambitieux. L’architecture technique retenue était délirante, notamment du fait de la nécessité d’interconnecter le nouveau système avec le Système d’Information RH de chaque ministère. La « mission » chargée de cadrer tout ce pataquès était composée d’incompétents (en gros, c’est ce que dit de le rapport) et n’a pas été soumis à des audits indépendants. Enfin, d’un point de vue fonctionnel, aucun travail n’a été engagé (il aurait fallu remettre à plat les composantes de la paye avant de lancer les travaux. Enfin la planification du projet était pour le moins hasardeuse (je ne vais pas m’étendre, mais dans un projet informatique il faut des jalons et un tas de machins).

La deuxième raison du fiasco est la faillite de la gouvernance. « La maîtrise d’ouvrage du programme ONP incombait conjointement à l’opérateur national de paie et aux ministères, qui ont rencontré des difficultés à se coordonner. Au niveau interministériel, aucune autorité centrale unique n’assurait un pilotage d’ensemble. » Sans connaître le dossier, c’est, à mon avis, la raison principale. Dans son premier billet à propos du numérique, l’ami Pierre, évoquait la nécessité d’une DSI unique pour tous les services de l’Etat ce en quoi je ne suis pas spécialement d’accord (les métiers de l’Etat sont spécifiques) mais quand un projet est commun a différents ministères, il faut une instance de décision indépendante et unique, logiquement rattachée au Premier Ministre (voire, pour un tel sujet, par délégation, au ministre de la fonction publique). Et cette direction doit prendre « le lead » sur toutes les instances concernées par le projet.

Ce n’est pas simple à mettre en œuvre mais nous sommes au centre de la modernisation de l’Etat et de la transformation numérique.

Le coût de ce fiasco est élevé, de l’ordre de 350 millions pour un résultat nul et alors qu’il a fallu continuer à entretenir les systèmes précédents et que tout reste à faire. En fait, la situation est même pire que cela. Les anciens systèmes (propres à chaque RH de chaque ministère) étant prévus pour être remplacés par le nouveau machin, ils sont dans état d’obsolescence dramatique.

Le rapport conclut au sujet des futurs grands projets de l’Etat : « Depuis 2011, l’État a renforcé les procédures d’encadrement de ses grands programmes informatiques. Ainsi, la création de la DISIC a vu la mise en place d’une procédure d’examen systématique de la viabilité des projets d’ampleur significative. Plus récemment, les systèmes d’information relatifs à des fonctions transversales de l’État ont été placés sous l’autorité formelle des services du Premier ministre et une procédure de revue systématique de la valeur et de la rentabilité des investissements informatiques de l’État a été instituée64. Par ailleurs, la responsabilité de la politique de développement des systèmes d’information transverses a été confiée aux secrétaires généraux ministériels.

Ces divers garde-fous ne sauraient, à eux seuls, pallier les difficultés que rencontre l’État dans la définition et la mise en œuvre de sa stratégie en matière de systèmes d’information. Ils ne permettront par exemple pas d’exiger que la future modernisation de la chaîne de paie s’accompagne d’un chantier de simplification du droit de la fonction publique. Ils sont cependant de nature à limiter le risque qu’un projet aussi ambitieux et aussi fragile que le programme ONP soit lancé par l’administration dans les années à venir. »

Mon avis

L’échec me désole en tant qu’informaticien et contribuable mais ne me surprend pas. J’ai déjà vu d’autres échecs… Le plus drôle, dans cette histoire (dont je tiens toutes les informations de ce rapport), est que le nouveau système a vu le jour, a été homologué mais n’a jamais su se connecter avec les SI des RH des ministères.

Le but était simple ou presque : uniformiser l’informatique liée à la paye de manière à économiser 3800 postes d’agents. Mais on a l’impression que le projet informatique a été lancé avant la définition du périmètre, du besoin,…  Si on lit le dossier, on croit comprendre que les chantiers techniques ont été abordés avant le projet alors qu’ils ne semblent pas structurant. Le projet est gigantesque pour ce qui concerne la volumétrie (nombre d’agents à payer et nombre de règles de gestion) mais reste un système de paye : c’est de l’informatique de gestion sur gros système et basta. La technique n’est pas structurante, ce qui est structurant est l’interconnexion des SI RH et la mise à plat des règles de gestion. A la limite, il aurait presque fallu un travail législatif avant de faire appel aux informaticiens.

Comme je le dis plus haut et comme l’indique le rapport, tout doit se jouer au niveau de la gouvernance avec la création d’un service ad hoc, reprenant le personnel des DSI en charge des RH pour le périmètre couvert par le projet, ce service devant dépendre des plus hautes instances, de manière à pouvoir court-circuiter les autres, non pas sur ce qui relève de leurs domaines réciproques mais sur ce qui est relatif à l’avancement du projet.

Ce service aurait pu s’appuyer sur des services existant, comme le SI RH de l’Education Nationale (a priori le plus gros), mais avec une gouvernance séparée, rattachée au bigboss, pas aux DSI de chaque ministère qui garderaient un pouvoir décisionnel au sein des instances (voir mon récent billet sur les Comités de pilotage…).

J’espère que les prochains projets ne foireront pas notamment parce que si l’Etat veut la transformation numérique de la France, il doit se montrer exemplaire pour ses propres services. Mais on touche au cœur même de l’organisation de l’Etat et des administrations : il faut sortir l’informatique des administrations traditionnelles. C’est d’ailleurs ce qu’ont fait les grandes entreprises en France : les DSI gèrent l’informatique de toutes les directions de l’entreprise sauf, potentiellement, pour ce qui est strictement spécifique à un domaine.


Au boulot !

Numérique ou digital

C'est le blog du Modérateur qui traite du sujet. Faut-il dire "numérique" ou "digital" ? Pour se faire, il interroge d'éminents spécialistes. Allez le lire.

Je rappelle ma position : "digital" est à proscrire, c'est un mot moche, qui vient d'une marque commerciale et non pas de l'anglais avec une vague racine française, "digit" qui vient de "doigt" (ou vice versa). Il ne parle pas au grand public.

D'ailleurs, un toucher rectal pourrait aussi être appelé un toucher digital, pour vous dire.

10 février 2015

Transformation numérique : éviter le burn out !

Dans ses billets, l’ami Pierre poursuit sa réflexion sur le numérique. Dans le dernier, il pose la question : « la transformation numérique provoque-t-elle des Burn outs ? » Il répond par l’affirmative et affirme même que ces burn out doivent provoquer une baisse de la qualité pour y faire face. Je ne suis pas d’accord et vais vous coller mon argumentaire dans les oreilles pour pas un sou de plus.

Soyons précis : si la transformation numérique provoque le burn out et une baisse de qualité, elle est conne. Pesons nos mots et ne confondons pas les sujets, je vous prie. Les évolutions technologiques font qu’on est noyés sous les mails et qu’on est plus ou moins obligés de traiter ses mails professionnels en dehors des heures de bureau ce qui se termine par ce fameux burn out : quoi que l’on fasse, après « 18 heures », on est encore susceptibles d’être plongés dans le travail. Le burn out est une conséquence de ce progrès ou de ces évolutions mais est indépendant de la transformation. Il y a quinze ans, mon chef m’appelait souvent vers 21 heures sur son mon portable, toujours avec d’excellentes raisons.

A l’origine, le burn out n’est pas lié aux mails mais ces derniers ont fait en sorte qu’il n’y a plus de limite à l’intrusion du travail dans les temps de loisir. A partir du moment où vous deviez quitter le travail à 18 heures pour récupérer les mômes, vous étiez sûrs d’oublier le travail jusqu’au lendemain. Cela étant, démerdez-vous. Du moins, je ne peux pas grand-chose à part rappeler les conseils de base : éteignez vos smartphone professionnel le week-end et après 20 heures. Ne consultez vos mails professionnels pendant les heures de loisir que si vous avez le temps ou si cela vous aide réellement et en vous fixant des limites.

Comment profiter de la transformation numérique pour éviter les burn out et les couilles à l’air ?

La transformation numérique ne doit pas être considérée en premier sous l’aspect technologique mais prise en compte dans quelque chose plus global, comme dans un processus de long terme.

Prenons un exemple : il y a dix ou quinze ans, les banques ont permis aux particuliers de consulter leurs comptes en ligne. De fait, les relevés de compte que l’on recevait par la poste ont perdu de leur importance d’autant que les opérations électroniques se développant, les pointages sont devenus secondaires. Dans l’absolu, les relevés de compte n’ont plus qu’un intérêt légal (vous avez l’obligation légale de les conserver). Ainsi, les banques ont progressivement proposé aux clients de ne plus envoyer les relevés par la poste mais de les tenir à disposition du client sur leur serveur web, pour leur permettre de répondre aux objectifs légaux. Pour ma part, j’ai accepté mais je continue à recevoir un mail tous les quinze jours, m’informant de la disponibilité de relevés.

Ainsi, le numérique a permis à ma banque de faire des économies sur les relevés et de m’éviter de les classer ce qui est d’ailleurs très pratique pour éviter le burn out… Par contre, sur le fond, rien n’a été changé : je continue à recevoir un truc tous les quinze jours mais ce truc ne me sert à rien. La transformation numérique n’a pas été jusqu’au bout. Les gens qui ont mis en place un nouveau processus, au siège de ma banque, n’ont fait le boulot qu’à moitié !

Néanmoins, il apparait dans de nombreux domaines tel que celui-ci que la transformation numérique ne se joue pas dans le court terme. Entre le moment où ma banque a mis à ma disposition un serveur pour consulter mes comptes (avec le minitel…) et celui où elle arrêtera de m’envoyer des mails pour remplacer les relevés, il se sera passé plus de trente ans.

Dans son billet, Pierre décrit trois phénomènes en précisant bien que le premier n’est pas lié à la transformation numérique. Je vais lui répondre que les autres non plus. Ils sont liés à une évolution récente de l’entreprise qui aboutit à une accélération des processus mais ceci n’est pas, non plus, une conséquence directe de la transformation numérique.

Peut-être en est-ce un dommage collatéral ?

Avec le mail, on est submergés d’informations ce qui fait qu’on ne sait plus où mettre des priorités et traiter tout correctement. Le numérique nous apportera la possibilité de travailler plus rapidement mais en aucun cas d’en faire plus…

Dans aucun projet, il ne faut oublier le principe de base : neuf femmes enceintes ne font pas un enfant en un mois.


Même avec le numérique.

09 février 2015

La durée du travail [et le numérique]

Nous avions une grande réunion interne, cette après-midi. A la pose, j'étais à côté d'un groupe de collègues qui ronchonnaient sur le thème "on travaille trop". Une d'elles a dit : "dorénavant, j'arrive à 8h30 et je pars à 17h, ça commence à bien qu'on me fasse faire plus". Les autres partageaient sont avis. C'est amusant comment les gens confondent les horaires idéaux et les horaires réalistes.

8h30 est l'heure d'arrivée au plus tôt compte tenu du temps de trajet après avoir déposé ses enfants à l'école. Ce n'est pas l'horaire idéal, c'est le seul qu'elle puisse respecter. Il ne prend pas en compte les difficultés de transport qui font qu'elle arrive probablement un jour sur deux à 8h45.

Compte tenu d'une pause café d'un quart d'heure le matin, d'une autre l'après-midi et d'une heure pour déjeuner, cette honorable collègue de travail est invitée à me dire comment elle compte faire 7h48 de travail dans sa journée (soit 39 heures par semaine sur 5 jours), sans compter le temps passé sur internet ou au téléphone pour régler des trucs personnels.

Pourquoi je parle de ça, ici, moi ? 

Parce que, dans son dernier billet, l'ami Pierre explique que le numérique provoque des "burn out". Ce qui provoque des burn out est aussi que, dans le numérique, le salarié n'a plus de "chef au cul" et travaille de moins en moins, s'imaginant assez grand pour savoir tout seul ce qu'il a à faire.

07 février 2015

Le numérique, à l'ouest !

Décidément, on parle beaucoup du numérique, depuis peu ! Même la Presse Quotidienne Régionale s'y met, comme Le Télégramme dont la dernière page, aujourd'hui, est totalement consacrée à un des frères Guillemot, les fondateurs d'Ubisoft, qui rêve de faire de la Bretagne un moteur du numérique français...

Il est interviewé et je suis à peu près d'accord avec lui : il faut favoriser la création et le fonctionnement de startups en mettant en place des « pépinières d'entreprise » avec le haut débit et une machine à café.

Cette interview a un gros plus : au travers de l'activité de M. Guillemot (des applications professionnelles pour les Google Glass alors que Google a arrêté la commercialisation de ces machins auprès du grand public), il montre que le numérique peu être une fin en soi mais pas nécessairement orienté vers le grand public.

Cette interview a un gros moins : il ne dit pas que la « révolution numérique » ne concerne pas que les startups mais doit porter aussi sur toutes les entreprises, administrations et collectivités territoriales.

Le numérique doit concerner tous les secteurs d'activé.

A la recherche d'un exemple, je regardais par la fenêtre de la maison de Bretagne où est le PC et je tombe sur les toits des entrepôts d'une ancienne coopérative agricole. Ces boites (souvent rachetées par des groupes internationaux) sont en plein dedans, parce que les vaches n'arrêtent pas de produire du lait quand les camions de ramassage sont bloqués par la neige ou les chauffeurs trop saouls pour prendre la route. Elles ont su passer au numérique pour optimiser les tournées, la gestion des incidents,...

Le grand public ne le sait pas, ne peut pas le savoir et je ne le sais que parce qu'un copain baigne dans le lait (si je puis me permettre, d'autant qu'il baigne surtout dans la bière) et avait en charge l'accompagnement de l'usine locale dans son processus d'informatisation et m'en parlait souvent car il savait que je pouvais le comprendre.

La startup a son rôle à jouer mais le numérique n'aura pas de rôle dans l'activité si elle se contente de mettre des applications gratuites dans « le store ». Les entreprises doivent se saisir du sujet, toutes les entreprises.

Au boulot.

06 février 2015

Quels types d'applications pour la transition numérique ?

Dans notre série de billets au sujet du numérique, avec Pierre, un troisième larron nous a rejoints et nous parlions des applications de type client lourd ou client léger auxquelles nous aurions du ajouter les « applications cache » mais je ne sais pas comment on devrait les appeler (je les appelais les Web Apps mais on s'y perd, en confondant avec application web).

Revenons un peu sur tout cela parce que c'est au cœur des choix technologiques. Je ne parle que le moins possible du boulot, ici, mais il y a environ 18 mois, un décideur a failli bloquer un de nos projets parce que nous ne passions pas au client léger et que nous avions panaché les solutions. Et s'il avait parlé de « client léger » c'est parce qu'il s'était laissé convaincre par des commerciaux et autres consultants, fan du numérique et ayant des solutions à vendre. Il m'avait alors fallu monter un dossier pour démontrer que nos choix étaient sérieux et à la pointe de la technologie.

L'application

Je ne vais pas faire un billet pour dire ce qu'est une application mais rappeler qu'il s'agit souvent d'un abus de langage pour un logiciel appliqué à une technologie, un métier,...

Le client lourd

C'est le logiciel qui est installé sur votre ordinateur, comme le Word que vous utilisez probablement au quotidien. Ca fait délicieusement ringard mais n'oubliez pas que les applications que vous avez sur vos périphériques mobiles sont des clients lourds.

Ceux qui disent que le client léger est l'avenir devraient réfléchir à la diffusion des applications sur smartphone et aux OS tels que Windows 10, annoncé, qui seront les mêmes sur les PC que les smartphone. Déjà, sur le mien, à la maison, j'ai une application Facebook et une application Twitter. Que je n'utilise pas, mais peu importe.

Le client lourd à l'avantage d'être autonome (quand on a des pannes de réseau, au bureau, on peut continuer à travailler sur nos documents Word...) et d'être celui qui utilise au mieux les ressources proches à la machine sur laquelle il est installée. Dans l'anecdote que je raconte ci-dessus, le principal argument que j'avais était qu'on était obligés de prendre un client lourd pour gérer le matériel. Nos concurrents qui n'ont pas vu se détail se sont vautrés... Sans compter le reste.

Il a des inconvénients, comme celui d'être installé sur les postes de travail, ce qui coûte relativement cher aux entreprises.

Le client léger

Ca ne veut pas dire grand chose, c'est plutôt un mode de fonctionnement qui indique qu'il n'y a pas de client lourd ! En gros, c'est votre navigateur pour l'utilisation des technologies nouvelles.

Mais n'oublions pas que c'est aussi « l'émulateur » qui permet d'accéder aux applications des systèmes centraux, les CICS et toutes ces cochonneries (je dis ça sans méchanceté, c'est parce que je n'ai jamais trempé dedans). C'est aussi un Minitel par exemple, et tous les terminaux que nous avions avant l'arrivée des ordinateurs individuels.

Les guignols qui disent que les clients légers sont l'avenir, les mêmes que ci-dessus, devraient surtout dire que c'est aussi le passé. Il y a des cycles, dans l'informatiques.

L'application web

Pour résumer, c'est application qui est sur des serveurs et que vous utilisez dans votre navigateur. Dans le temps, les pages web étaient statiques et connes comme des bites mais le tout s'est amélioré, il n'y a plus que des éléments d'affichage ou des formulaires de saisies mais des bouts de programme et des machins qui permettent d'avoir des systèmes performants et très jolis. On appelle ça le web 2.0 mais c'est de la connerie, le web 2.0 est plutôt un changement d'usage.

Je vais tenter de donner un exemple : vous avez une application qui vous demande votre date de naissance mais il faut la contrôler. Avant, le navigateur envoyait ce que vous aviez saisi à l'application pour qu'elle fasse les contrôles, maintenant c'est l'application qui envoie le code informatique qui permet au navigateur de faire les contrôles.

C'était le web 2.0 pour les nuls par @Jegoun. Merci.

Mais on se fout de la répartition des tâches entre l'application web et le navigateur (sauf que travailler en local est souvent plus rapide compte tenu de la puissance des PC). Par exemple, faire des jeux vidéos en web 1.0 serait passablement chiant et vous auriez le temps d'aller boire une bière entre deux déplacements de fruits dans Candy Crush.

Les applications web ont des avantages pour les entreprises : elles sont sur des serveurs, il n'y a donc pas de problématique de déploiement sur les postes de travail.

Ceci est de la pure théorie : il faut que les navigateurs des postes de travail soient « au top » pour profiter des nouvelles technologies, donc HTML5 qui n'est pas la moindre (avant, il fallait des plugins, des Flash et des machins pour avoir des applications correctes : installer ces trucs sur les ordinateurs de toute le monde coûtait la peau des fesses et laisser les utilisateurs le faire eux-mêmes coûtait encore plus, avec la nécessaire réparation des PC après leurs conneries).

L'application Cache

C'est un truc qui nous vient d'HML5 et qui est mixte des deux, client lourd et application web. C'est un client lourd développé en technologie web. Ou c'est une application web qui s'installe sur le poste de travail.

Je parlais de Candy Crush, par exemple (j'ai de ces exemples pour un billet destiné aux décideurs avec des cravates...). Vous y jouez dans Facebook sur PC en mode « application web ». Les machins seraient stockés en local, ça vous éviterait les temps d'attente, de chargement,... En fait, la connexion n'est utile que pour les mises à jour, les nouveaux tableaux, et la gestion de vos scores (partage, synchronisation entre Facebook et l'application smartphone,...).

En gros, HTML5 donne la possibilité au navigateur de « mettre en cache » les morceaux de code informatique, un peu comme s'il répliquait le serveur en local pour faire fonctionner le site sans connexion quand ce n'est pas nécessaire. Il gère des « versions » et charge les pages web et les versions quand il a besoin.

C'est assurément l'avenir pour beaucoup de domaines.

Le mixte

C'est le choix que nous avons fait dans notre domaine spécifique. Le client lourd donne la main à l'application web pour tout ce qui est du ressort du serveur et celui-ci permet de développer des applications en mode « Cache », c'est à dire que le serveur gère automatique les bouts de codes informatiques qui sont sur les terminaux.

Ainsi, le client lourd gère tout ce qui est propre à nos valeureux distributeurs de billets et le client léger prend la main pour l'interface utilisateur. Le client lourd peu reprendre la main sur la fonction de base : le retrait d'espèces, en cas de problème réseau ou de problème sur les serveurs d'application (les serveurs propres à la monétique étant, quant-à eux, à très haute disponibilité, redondés et tout ça). Et l'application Cache permet de télécharger des bouts de code pour ne pas saturer les réseaux informatiques internes aux banques et d'avoir des machines plus petites pour les serveurs puisque l'intelligence est mise en œuvre dans le PC des automates. Heureusement que je ne parle jamais de boulot.

Le chemin vers le progrès numérique n'est pas une ligne droite, tout comme celui qui va me mener, à 17 heures, au bistro.

04 février 2015

Les élites déconnectées et les postes de travail en entreprise

L’ami Pïerre n’a pas le temps de participer à fond à notre discussion sur le numérique en France et la déconnexion des élites, sur son blog, mais il commente chez moi. Hier, il n’était pas d’accord avec moi alors que je disais que les élites n’avaient pas à connaitre les technologies mais uniquement les usages potentiels. Il est persuadé du contraire mais je ne sais pas où il veut en venir : un « chef » ne peut pas connaître correctement les technologies. C’est l’évidence. Je pense donc que l’on ne parle pas de la même chose.

Le décideur doit connaitre l’état de l’art et trancher en faveur des nouvelles technologies…

Je vais donner un exemple qui parlera à tous ceux qui travaillent dans les bureaux des grandes entreprises. Au bureau, nous achetons des applications pour serveurs web et les mettons à dispositions des salariés des entreprises clientes, des grosses boites, qui les utilisent via des navigateurs. Or, dans ces grosses boites, les postes de travail ne sont équipés que d’une version ancienne d’Internet Explorer, notamment IE6, si elles n’ont pas terminé leur migration à Windows 7.

En toute logique, nous devrions mettre en place des applications compatibles avec ces anciens navigateurs ce qui provoque des coûts supplémentaires. Nous ne cédons donc pas mais les débats durent des mois. Nos fournisseurs voudraient faire des applications ne fonctionnant qu’avec la dernier version de Chrome, de Firefox et, bien sûr Internet Explorer (mais il y a peu de versions…) pour leur permettre de profiter des innovations technologiques qu’ils permettent.

Ce débat ne devrait pas avoir lieu. Le décideur devrait dire : je veux que les postes de travail de mes salariés disposent des dernières versions des navigateurs les plus populaires que sont Chrome et Firefox, si les salariés le souhaitent ou en ont besoin de manière à ce que mes fournisseurs et mes développeurs puissent utiliser des technologies à la pointe.

Toi qui me lis te dis que c’est une évidence. Ben non ! Le décideur a un type, sous lui, qui est DSI, Directeur des Systèmes d’Information, avec, sous lui, un sous-directeur avec lui-même un sous-fifre qui gère les postes de travail pour les salariés. Ce type gère 100, 1000, 10 000 ou 100 000 ordinateur. Cela lui coûte donc moins cher d’avoir une configuration unique. Il considère, en plus, que les salariés ne sont pas là pour faire le con sur internet et n’ont pas besoin d’un navigateur « up to date » car il ignore que les applications utilisées maintenant ne sont plus sur « gros système tout caca » mais en technologies web. Il va donc dire à son chef : ça coûte trop cher d’avoir des postes de travail différents, un point c’est tout.

Le PDG devrait pouvoir lui dire : ta gueule, c’est un ordre, laisse les salariés installer Chrome et Firefox, voire aide les à le faire, il suffit que tu envoies un mail pour dire de cliquer sur www.google.com/chrome !

Mais il ne le fait pas car il ne maîtrise pas les impacts. Il faut que quelqu’un lui dise qu’un navigateur n’est pas qu’un truc pour accéder à internet et que les versions ne se différencient pas que par les performances, l’ergonomie,… Mais aussi par les technologies supportées, comme le HTML5. Et pour le savoir, il faut avoir un niveau minimum d’information, connaître l’existence des standards, des organismes comme le W3C,…

Alors, allons plus loin. La plupart des entreprises n’ont mis en œuvre le passage à Windows 7 que l’année dernière, alors que la version 8 était déjà sortie et que la 10 est annoncée : on a eu des précisions, hier, sur les offres pour les entreprises et elles sont très intéressantes pour ce qui concerne la prise en compte des évolutions. Toutes les entreprises devraient donc travailler maintenant sur le passage à Windows 10, lancer un groupe d’études et faire des machins comme ça. Mais la vraie question est : pourquoi les entreprises ne sont-elles passées à Windows 7 qu’en 2014 alors que Windows XP n’est plus commercialisé depuis début 2007 ? Qu’on attende deux ans est une chose, le temps que l’on teste les applications, que l’on attende les premières corrections de Microsoft, mais 7, dans les nouvelles technologies, on croit rêver.

Elle est là, aussi, la fracture numérique des entreprises françaises.

Mais pour reprendre mon histoire de version de navigateur et la nécessité d’uniformiser les postes de travail pour diminuer les coûts, le responsable des PC sait-t-il le coût, pour les fournisseurs d’applications, d’homologation de ses produits pour toutes les navigateurs officiels de ses clients ? Connaît-t-il le coût, pour eux, de ne pas pouvoir utiliser les dernières technologies ? Et donc le surcoût pour sa propre entreprise ?

Vous connaissez l’anecdote du passage de Windows 8 à Windows 10 sans passage par Windows 9 ? Parce que certains logiciels pourraient avoir un bug en testant la version de l’OS et confondre avec Windows 95 et 98 et interdire l’utilisation. Microsoft a fait une erreur. Ils auraient du envoyer chier les fournisseurs et utilisateurs qui font encore des tests, 15 après leurs disparitions, pour de vieux logiciels.

C’est un sujet que je connais bien, en tant qu’informaticien, la fameuse « comptabilité ascendante » : quand on sort un nouveau logiciel, il faut que les anciens fonctionnent toujours.

Mais il est temps que les acteurs du numérique, les décideurs, nos fameuses élites, fassent le choix du futur. Le futur est de passer à Chrome, Firefox et Windows 10 car on sera sûrs d’avoir la dernière version…


Mais pour cela, pour que le décideur oblige ses sous-fifres à faire les bons choix, il doit connaître, un minimum, le numérique.

L'Agence du numérique

On parle beaucoup du numérique, ici ! Le prochain billet est prévu pour ce soir. Dans l'attente, il me faut signaler la sortie du décret, ce matin, créant l'Agence du numérique. Vous pouvez aussi lire cet article de La Tribune à ce sujet.

03 février 2015

Ces élites déconnectées

L’ami Pierre poursuit la discussion sur l’état du numérique en France, sur le thème : il faut sauver le digital Français. Aujourd’hui, il s’inquiète de la déconnexion des élites par rapport au digital. On ne peut que lui donner raison : les chefs d’entreprises, les législateurs, journalistes et autres décideurs ne connaissent pas grand-chose au sujet. C’est néanmoins un sujet récurent. Il suffit de chercher « déconnexion des élite » dans Google.

Mais je ne sais pas si les élites savent utiliser Google.

Cela étant, je vais répondre au billet de Pierre car je ne suis pas persuadé que l’on parle exactement de la même chose, d’autant qu’il n’arrête pas d’employer des mots auxquels on ne comprend rien. Les élites ne doivent pas avoir de compétences technologiques, tout juste doivent-elles avoir la connaissance de leur existence. Elles doivent, par contre, savoir ce qu’elles permettent. Je vais citer trois exemples…

Le premier : la viralité dans les réseaux sociaux. On l’a vue récemment avec le hashtag #jesuischarlie. Les élites sont forcément dépassées. Je le vois avec les blogs politiques : mes confrères et moi-même sommes régulièrement dépassés par Twitter. De fait, on a de plus en plus de mal à trouver des sujets de billet politique tant l’information va vite.

Le deuxième : le gouvernement a mis en ligne, la semaine dernière, un site web pour lutter contre le djihadisme. Des copains y ont probablement participé donc je ne dirai pas ce que je pense.

Le troisième : je ronchonnais, récemment, parce qu’on n’avait pas la wifi au bureau. Par ailleurs, plein de sites web nous sont interdits par un méchant proxy, notamment les sites de vidéo, les sites politiques et les sites sportifs. Qu’est-ce que l’on voit, pendant le tour de France ? Des tripotées d’ingénieurs qui suivent l’étape avec leurs smartphones en 4G. Ainsi, on a des dirigeants d’entreprise qui pensent que la technologie doit être utilisée pour empêcher l’accès à la technologie.

Le gouvernement a lancé une grande consultation au sujet du numérique, pilotée par le Conseil National du Numérique dont je parlais récemment. Depuis, j’ai lu une partie des contributions. On y trouve des trucs très bien même si certains lascars attendent tout d’une solution miracle mais très peu citent cette déconnexion des élites tout simplement parce qu’il n’y a pas vraiment de solution pour y faire face. Je crois néanmoins que le cœur du débat est bien là. Tout le reste n’est que foutaise : par exemple, le gouvernement peut favoriser le haut débit, de toute manière, il viendra et c’est sa mission d’aménagement du territoire.

A noter l’interview de Mme Lemaire dans l’Usine Digital, aujourd’hui. On est à peu près d’accord, notamment au sujet du Middle Management (mais, à mon avis, assez élargi) mais pas sur la formation : je reste persuadé que la transition numérique se fera à coups de pied dans le cul. La formation doit être donnée à ceux qui sont déjà convaincus par le numérique. C’est valable pour les élites comme pour le middle machin.

Auront le droit à une formation ceux qui auront répondu correctement à la question : pourquoi est-ce une grosse connerie d’interdire Facebook au bureau ?