31 janvier 2015

Sauvons le digital français !

Mon confrère Pierre constate que la France décroche au sujet du numérique. Outre le fait que nous n’ayons presque aucun acteur majeur dans le domaine, les Français sont à la ramasse, pour ce qui concerne l’usage, y compris en entreprise. Il conclut : « On a un souci moyenâgeux ici. Comment avancer ? » Essayons d’apporter quelques réponses.

Mais avant le « comment », il faut brièvement s’interroger sur le « pourquoi ? » parce que, en effet, on pourrait s’en foutre ! Il y a évidemment la question des usages et ce qu’ils apportent. Par exemple, il m’est insupportable de voir ma commune diffuser un magazine mensuel alors que les habitants de la ville pourraient avoir les informations en temps réel sur le web. On économiserait une fortune, sauvegarderait l’environnement, tout en ayant un meilleur service… Surtout, le numérique permet de faire de grosses économies en entreprise et de gagner des parts de marché. Si on ne relève pas la tête, on va se retrouver écarter de l’économie mondiale.

Alors que faire ? Je n’entends pas apporter de solution miracle, d’autres auraient eu les idées avant moi et on y serait déjà.

Petit 1 : supprimer toutes les subventions publiques aux influenceurs du web et les structures publiques dans le domaine, comme le Conseil National du Numérique. Vous allez me dire que c’est très libéral comme mesure ce qui la fout mal pour un blogueur politique de gauche. Certes ! Mais je vous rappelle, sacripants, que le CNN a été créé par Nicolas Sarkozy. C’est bien la France, ça ! On ne sait pas quoi faire sur un dossier, on crée une commission, un conseil,…

Je ne fais pas cette proposition méchamment. Tiens ! Je paierai des bières à Thieulin et Soufron pour les consoler. Prenez la liste des membres de ce machin : ce sont tous des professionnels du numérique. Ca leur confère, certes, quelques compétences pour parler du sujet mais ils ont des intérêts commerciaux dans l’affaire. Qu’ils se débrouillent sans l’Etat, qu’ils montent un syndicat, une association,… Ah ! Ca y est ! Je redeviens gauchiste !

Vous voyez l’illustration de ce billet ? C’est une copie d’écran de la dernière dépêche d’actualité sur le site du Conseil National du Numérique. Tout d’abord, le sujet : la censure par les états avec les CGU. Est-ce le rôle du CNN ? On n’a pas des ONG, des machins internationaux et des trucs comme ça pour s’occuper de la censure ? Qu’est-ce qu’un tel sujet fait traité sur un site aux couleurs de la République ? Ensuite, le contenu : il est vide. Ou presque : il reprend le titre du billet. Les lascars ont oublié d’y foutre le texte. Et ces gens-là sont payés pour donner des conseils à l’Etat sur le numérique ! C’est délirant.

Petit 2 : rendre obligatoire pour tous les patrons la lecture de mon billet d’avant-hier dénonçant un sondage payé par une boite spécialisée dans l’accompagnement au changement des salariés des entreprises et la formation qui va avec et qui démontre qu’il faut de l’accompagnement au changement et de la formation.

C’est simple, le numérique ! Par définition. Tu as fait une formation pour utiliser Facebook ? Dans la boite, on nous a collé une appli web pour poser les congés payés et déclarer les notes de frais. Tu penses bien qu’on n’a pas attendu une formation pour partir en vacances et se faire rembourser... On a cliqué sur des liens.

Plus sérieusement, il faut communiquer : le numérique, c’est simple.

Petit 3 : pour les entreprises assez grandes, il faut des salariés rattachés au grand patron et indépendants des directions informatiques (DSI) qui soient acteurs dans les décisions en matière de stratégie informatique.

Pourquoi ? Parce que les DSI sont trop grosses, avec des armadas d’andouilles qui défendent des intérêts contradictoires, qui répondent à des besoins d’autres directions de la boite sans que ces besoins soient analysés par des acteurs neutres, qui prennent des décisions en fonction des compétences qu’ils ont et pas de l’état du marché, qui sont conseillés par des fournisseurs qui veulent vendre leurs solutions ou leurs consultants, qui mettent des années à faire aboutir des projets sans intérêt stratégique, qui changent leur fusil d’épaule dès que la boite est réorganisée parce que le directeur machin a eu une idée géniale mais contradictoire avec la stratégie adoptée auparavant, qui sont incapables d’écouter la base à cause d’une hiérarchie infernale,…

Ce ne sont pas des critiques, les directeurs informatiques ne peuvent pas être au four et moulin ! L’informatique d’une entreprise est quelques chose de considérable ce qui va aller en croissant (et qui est d’ailleurs l’objet du billet).

Je vais prendre un exemple : j’ai une messagerie professionnelle depuis fin 1996. Dans les trois entreprises que j’ai faites au cours de ces 18 ans, elle est basée sur Lotus Notes et les boites y sont restées. Les mecs ont fait évoluer les serveurs, les clients (logiciels installés sur les postes de travail) et investi des fortunes dans ce tralala pour un résultat déplorable, des bugs affreux, une lourdeur d’utilisation,… Pas un seul type n’a été capable de dire : bon, les gars, on arrête, on passe à un truc de type « client léger » (comme Gmail) ! Par contre, ils ont réussi à mettre en parallèle des clients légers pour que les cadres dirigeants puissent se connecter de chez eux. Du pur délire.

Je vais prendre un autre exemple. Je fréquente plusieurs boites : la mienne, celles de clients et celles de quelques fournisseurs. Il n’y a quasiment jamais la wifi dans les parties communes, les salles de réunion,.. Du coup, on ne peut pas utiliser de tablettes, on est à la recherche de câbles pour se connecter, les visiteurs qui ne sont pas de l’entreprise ne peuvent pas accéder à internet,… Tout ça parce que les responsables de la sécurité ne veulent pas d’accès libre, parce que les DRH veulent pouvoir contrôler ce que les salariés font sur le web,… Il faut qu’un type puisse dire au grand patron : hé ho, c’est quoi ce bordel, il faut la wifi, ça coûterait quelques centaines d’euros par mois, soit beaucoup moins que le salaire des types qui sont là pour déconseiller l’installation de la wifi. Alors le grand patron appellerait son directeur informatique : tiens, je veux la wifi dans les salles de réunion, tu as un mois pour le faire. Le DI dirait alors : oui mais on ne peut pas à cause de la sécurité et des RH. Et le conseiller du patron lui soufflerait une réponse : dis donc, connard, ne me dit pas que les moyens techniques n’existent pas, pendant ce temps-là mes cadres s’envoient les documents chez eux par mail pour travailler le week-end. Ils disent quoi les RH et la sécurité ?

Je résume mon « petit 3 » : il faut que le patron d’une boite puisse prendre des décisions, c’est le seul à pouvoir court-circuiter ses sous-fifres !

Petit 4 : il faut un volet législatif parce que je suis un blogueur de gauche. Il faut une loi qui impose à toutes les entreprises, même celles avec un seul salarié en plus du patron, à pouvoir faire toutes ses démarches administratives internes à l’entreprise avec des applications web, dans un  délai de deux ans.

Je sens que vous voulez un exemple. Au bureau, on a une machine à expresso. Tous les mois, la secrétaire fait circuler une feuille pour que l’on puisse commander les capsules. Ca prend quasiment une semaine et cela coûte plusieurs heures de travail à l’entreprise pour des conneries (la feuille qui est perdue, le type qui se trompe,...) sans compter la secrétaire qui doit faire le récapitulatif et  tout ça. Deux jours après la commande, il faut qu’on fasse un chèque pour payer. Comptez : 30 types qui passent cinq minutes à aller chercher les capsules et faire un chèque tout en papotant avec la secrétaire. 30 personnes multiplié par cinq minutes et multiplié par deux pour le temps de la secrétaire. Cinq heures uniquement pour la livraison… Ne me dites pas que le fournisseur d’expresso ne pourrait pas faire un site web pour que l’on puisse se démerder.

Mais, me demanderez-vous, pourquoi une loi ? Les entreprises n’ont qu’à se démerder. C’est une excellente question que je vous remercie de m’avoir posée. Il y a deux raisons.

La première : faire sauter les barrières. Pourquoi existe-t-il toujours des tickets restaurants (l’utilisation d’une carte n’est possible que depuis moins d’un an et peu répandu) ? Parce que les sociétés qui gèrent ces machins font de la trésorerie entre le moment où elles filent les tickets aux entreprises et celui où elles payent le restaurant… Et vous imaginez ce que ça coûte à tout le monde en démarches administratives ? Le temps que le personnel des bistros passe à faire sa caisse et tout ça… A l’échelle de la France, l’impact sur le PIB ne doit pas être ridicule…

On en revient à mon petit 3 ci-dessus : si personne ne dit au big boss (le législateur dans notre cas) d’arrêter les conneries, elles continuent !

La deuxième : il faut forcer les gens à aller vers le numérique parce s’ils ne savent pas que cela existe, ils ne peuvent pas l’inventer et le mettre dans les pratiques du quotidien. Et c’est quand ils le sauront qu’ils le mettront au cœur de leur métier, qu’ils apprendront à utiliser les applications mises à disposition, que l’on pourra s’affranchir de la conduite du changement et de la formation…

Prenons une entreprise au hasard. Un bistro. Si le patron passe une demi-journée par mois à trier les chèques restaurants, les cartes oranges de ses employés, plus une demi-heure par jour à imprimer le machin avec le plat du jour, à écrire sur les ardoises,… et découvre que toutes ces tâches peuvent être exécutées en quelques secondes pour un investissement dérisoire, il imaginera rapidement tout le bien qu’il peut tirer du numérique. Vous connaissez beaucoup de bistro qui ont un blog où ils diffusent le menu ?

Il faut parfois obliger.

Mes exemples sont tirés par les cheveux mais n’importe quel type qui bosse dans un bureau pourra en trouver pour chez lui.

Un tel billet nécessite un résumé, non ?

Le Conseil National du Numérique a-t-il raté la diffusion d’une information qui ne le concerne pas ? Oui. Le Conseil National du Numérique a-t-il proposé au gouvernement de faire une loi pour forcer la dématérialisation des tickets restaurants ? A ma connaissance, non.

LA conclusion s’impose : il faut donner un gros coup de pied dans tout ce bazar. Je souhaite bien du courage à Madame Lemaire (et je profite pour saluer les copains qui bossent avec). D’autant qu’elle a bien des problèmes par ailleurs.


Pourquoi je parle tant de l’Etat ? A peu près la moitié du billet… Parce que c’est le seul point sur lequel la collectivité peut agir. Pour le reste, je vais donner des conseils aux industriels du numérique : il faut arrêter de communiquer au sujet d’âneries mais entrer dans le vif du sujet. L’usage. Que font vos applications avec le numérique ? Qu’est-ce qui peut influencer un patron (gagner plus d’argent) à s’intéresser au numérique, à franchir le pas ? Comment peut-il s’affranchir des difficultés ?

30 janvier 2015

Le jeune consultant en informatique

Tu sors de l’école avec ton diplôme d’ingénieur ou ton master en poche et tu viens de te faire embaucher par un cabinet de conseil. Tu ne comprends pas pourquoi tu as accepté. Quelques mois avant, tu ne pensais pas que tu deviendrai consultant. En fait tu ne te poses pas la question du pourquoi, je vais donc t’expliquer. C’est parce que les cabinets de conseil et les boites d’informatique sont les seuls à recruter et que, dans l’euphorie, tu as accepté le poste pour des raisons idiotes. A 24 ans, on ne refuse pas un travail et on sait que les premières années ne seront pas déterminantes pour la carrière.

Tu ne te demandes pas non plus pourquoi tu as été embauché puisque tu es persuadé que c’est pour ta compétence et ton diplôme. Ce n’est pas du tout le cas. A part quelques stages en entreprise, tu n’as aucune compétence. Alors je vais te dire le pourquoi et tu vas avoir une grosse désillusion. Tu as été embauché pour deux raisons. La première est que la boite a besoin de chair à canon pour son business, pour répondre à des demandes des clients pour des boulots chiants que personne ne voudrait faire. En plus, tu n’es pas trop cher et comme tu n’as pas d’expérience, ils n’ont rien à foutre que tu démissionnes au bout de six mois. La deuxième est abominable : tu as été recruté sur des critères physiques. C’est à ça que sert l’entretien, d’abord à vérifier que tu n’es pas un chieur, ensuite à vérifier qu’ils pourront te vendre à une boite. Le consultant est comme un fruit : le client a le réflexe d’acheter le plus beau.

Alors tu commences ton job et tu te mets à glander au siège du cabinet de conseil. Tu n’as que les secrétaires à qui parler et elles sont toutes fières, à 40 ans, d’avoir un petit jeune qui s’intéressent à elles. Comme elles en voient passer des tonnes au long de l’année, elles sont toujours fières… Et toi tu es content que des vieilles s’intéressent à toi. D’ailleurs, elles sont bien conservées et très élégantes avec leurs petites robes. En plus, ce ne sont pas des secrétaires mais des assistantes. Alors tu commences à les draguer un peu, te rappelant tes années d’études où tu n’avais que ça à faire.

Au bout de quelques jours, ton commercial t’amènera en entretien chez un client pour te vendre. A ce stade, tu ne comprends pas encore que tu es une marchandise. Tu te dis là pour amener de la valeur ajoutée à ton entreprise en sauvant les projets informatiques de ces clients. Au bout de quelques mois, tu comprendras le volet mercantile de la chose et tu en rigoleras. Un peu jaune, un peu amère,… Et puis tu t’en foutras. Faire ça ou peigner la girafe, du moment que le job n’est pas trop chiant et te rapporte de l’oseille.

Il est vachement sympa ton commercial, hein ! Il t’aime bien, te tutoie dès le départ et te raconte des trucs personnels, il t’a donné des conseils pour l’entretien avec le client,... Ben oui, mais c’est son métier d’être sympa. Ou, plus exactement, il est devenu commercial parce qu’il est sympa, qu’il a un « bon relationnel » comme ils disent. S’il t’a donné des conseils, ce n’est pas pour que tu puisses te vendre pendant l’entretien mais pour qu’il puisse te vendre. Il touche une commission ou sa carrière dépend de son chiffre d’affaire.

Alors l’entretien commence. Tu es dans une salle de réunion, à côté de ton commercial que tu vas prendre pour ton dernier protecteur. Tu as en face de toi une chef de service et un gros technicien mal rasé (je dis ça pour mettre du réel). Ton commercial fait un vague discours introductif, merci de nous recevoir et tout ça. Puis il va demander à la chef comment elle veut procéder pour l’entretien. Elle va dire que le mieux est qu’elle commence à présenter l’entreprise et son projet avant de te laisser la parole pour que tu puisses parler de toi. Ca se passe toujours à peu près comme ça, comme une convention. La question du commercial permet de lancer le débat… Alors la chef présente son entreprise et le projet, laissant la parole parfois au gros technicien. C’est comme s’ils jouaient un jeu de rôles, les deux,… Tu prends des notes, tu essaies de tout comprendre mais, au fond, tu ne comprends rien, c’est normal. Ce que tu ne sais pas, c’est qu’ils savent que tu ne comprends rien. L’important est que tu retiennes les grandes lignes et que tu ais envie de travailler avec eux, que tu vois que le projet est fantastique, que c’est une réelle opportunité pour toi, qu’ils ont besoin de toi,… C’est aussi une façon de faire plaisir au commercial. S’il perd le marché, il aura quand même présenté des clients fantastiques à son jeune consultant. C’est bien un jeu de rôle. Dans dix ans, c’est toi qui le mènera.

Après la chef va te demander si tu as des questions. Elle sait que tu n’en as pas car tu n’as rien compris et que tu vas bredouiller « heu non, ça va, ça fait déjà beaucoup… ». Tu es vachement intimidé. Pendant tes études, tu as appris à passer des entretiens d’embauche mais pas des entretiens de recrutement de consultant, c’est à cette phase du premier de ta carrière que tu vas comprendre. La chef va dire : bon ben le mieux est que vous vous présentiez. Ton commercial va distribuer ton CV en couleur avec le logo du cabinet de conseil, tu seras au centre de l’attention de tous, tu te dis que même ton commercial, ton protecteur, va te juger sur ce que tu vas dire.

Tu vas commencer à parler. Ils vont écouter avec attention et te poser des questions. Ton commercial va te reprendre quelques fois ou insister sur des détails, le tout avec une certaine forme de tendresse, pour montrer qu’il t’aime bien, que la boite est bonne pour les jeunes,… Si ça peut te rassurer, ils se foutent totalement de ce que tu vas dire de ce que tu as fait. Ils savent lire un CV et voient que tu débutes.

Ils vont recevoir cinq ou six candidats et retiendront le plus beau, celui qui semble le plus motivé, celui qui parait le plus malléable…  Et c’est toi. Te voila retenu. Tu vas commencer dans quinze jours parce qu’il faut faire quelques démarches administratives. Alors, ton commercial va proposer que tu viennes gratuitement les deux prochaines semaines afin de te former. Tu parles ! Il préfère te donner à un client pour lui faire plaisir que de te voir trainer au siège de la boite, d’autant que tu pourrais le faire chier puisque vous êtes devenus copains pendant cet entretien.

Alors tu commences à bosser chez le client. Tu n’auras quasiment plus de contact avec ton cabinet de conseil, sauf pour les démarches administratives, genre les tickets restaurants, et à l’occasion des visites de ton commercial, toujours aussi gentil, qui te demande systématiquement si tout se passe bien. C’est ton copain.

Tu es un peu seul, au début, chez le client. Le type qui doit te guider est surchargé. Tu dois te former tout seul. Alors les mecs vont dire que le mieux est que tu testes les logiciels. Tu vas rapidement comprendre que tu as été recruté pour tester. C’est important les tests, en informatique ! Tu te rappelles la fois où Apple avait diffusé une version d’iOS buguée ? Ce bordel ! Parce que les mecs n’avaient pas assez testé le truc. Tu vas trouver ça chiant mais tu vas apprendre et c’est le but. Tu as été manipulé et tu penses que tu t’es fait avoir. Ce n’est pas le cas. Il faut passer par là pour apprendre. Tu n’oseras pas dire à ton commercial que tu te fais chier, tu ne voudras pas décevoir ton copain, ton seul copain dans ta boite.

Comme c’est chiant, tu vas travailler vite, pour te débarrasser du truc mais aussi pour montrer aux autres que tu es bon, que tu n’as pas peur,…  Et c’est très bien ainsi. En plus, tu deviendras la coqueluche de l’entreprise cliente. On aime bien les petits jeunes et comme tu te fais chier, tu seras celui toujours près à papoter mais aussi à faire le café, à dire : bon, on va déjeuner,…

Au bout de trois mois, ton commercial t’amènera tes cartes de visites. Tu ne sais pas que tu n’en distribueras jamais à part aux gens avec qui tu bosses et qui ont déjà tes coordonnées. Tu es fier. C’est la marque d’intégration réelle dans la boite, boite avec laquelle tu n’as aucun contact, à part de remplir un relevé d’activité pour qu’ils puissent faire la facturation. Quelques jours après, ton commercial t’expliquera que ta période d’essai de quatre mois sera renouvelée mais qu’il ne faut pas que tu t’inquiètes, c’est la règle dans la maison. Tu t’en fous : tu as les cartes de visite. Ca prouve bien que le cabinet a besoin de toi.

Au bout d’un an, tu changeras de classification. Ton PDG en personne va t’écrire : mon cher Dugenou, compte tenu de vos compétences, j’ai décidé de vous faire passer Consultant Ingénieur d’Application niveau 3.1. Quelle fierté pour toi ! Tu as oublié de relire le titre : ça ne veut rien dire.

Un an après, tu auras une belle augmentation et ton commercial te proposera de changer de client. Tu n’oseras pas refuser car tu te dis qu’il faut ça pour faire une carrière. Tu ne sais pas encore mais l’année suivante tu passeras consultant sénior. Au bout de cinq ans, tu seras consultant manager. Le commercial te confiera des petits jeunes à former et tu leurs expliqueras que tester les logiciels c’est très formateur. Ou alors tu auras changé de boite car tu ne penses qu’à ta carrière et tu deviens un consultant aux dents longues…

Essaie de bien repérer le moment où tu deviens mauvais…

Un roman ? La vraie vie ?

Je te jure que je pourrais mettre des noms sur chaque anecdote ci-dessus, y compris le mien !

Je me rappelle de Laurent, un jeune type très sympa, très bosseur,… Il sortait de Sciences Po ou d’un truc comme ça et avait décidé de se faire une première expérience dans l’informatique. Ce n’est pas qu’il avait un plan de carrière mais ça le faisait chier de faire les boulots qu’on fait généralement après ces grandes écoles. Mon chef aimait bien ce genre de profil et j’avais besoin d’un petit jeune de confiance pour m’épauler chez un de mes clients. En fait, je l’ai rapidement laissé tout seul, il se débrouillait très bien et je passais le voir une fois ou deux par semaine. Il avait un boulot très chiant mais passionnant et le faisait bien.

Un jour, en toute transparence (j’étais devenu le copain qui faisait le rôle du commercial), il s’en est ouvert à moi, il se demandait ce qu’il foutait là. Je lui ai dit : ben quoi, ton job est intéressant mais a un volet chiant, la partie informatique, limitée aux tests des logiciels, mais tu vois un tas de gens, tu es en relation avec la direction de communication, la direction du réseau d’agences, les fournisseurs,… Tu fais exactement ce que tu nous as dit que tu voulais faire en entrant chez nous.


Mais tu sais, personne n’est indispensable, on sait bien que tu vas partir, un jour… On est humains.

29 janvier 2015

Le digital et l'accompagnement au changement : pouf pouf !

Mon confrère Le Modérateur publie une étude de TNS Sofrès à propos de « la transformation digitale en entreprise » avec un sondage sur les attentes des entreprises et des sociétés en matière de numérique ! Je fonce donc lire les résultats détaillés. Ils me chiffonnent. Je ne les conteste pas mais il me semble qu’ils doivent être analysés avec un minimum de prudence.

Tout d’abord, l’étude a été commandité par une société que je ne connais pas qui est spécialisé dans le domaine du numérique et plus particulièrement autour de la formation et de la gestion du changement. Ensuite, le public a été ciblé très finement et concerne des salariés de sociétés de plus de 200 personnes, une partie bossant dans le secteur des ressources humaines et l’autre occupant des postes à responsabilité.

Autrement dit, aucun « salarié lambda potentiellement intéressé par les nouvelles technologies » n’a été interrogé ! C’est un peu comme si vous faisiez un sondage dans les PMU le dimanche matin à 11 heures pour demander aux gens s’ils sont catholiques pratiquants. Les pratiquants étant à la messe, on aurait comme résultat : 99% de la population française n’est pas catholique pratiquant et on le vulgariserait en concluant qu’il n’y a plus de catholique en France…

L’étude publie bien l’échantillon de la population interrogée mais mon confrère cite des chiffres, comme « 63% des salariés considèrent que le digital va avoir un impact très fort ». Le résultat exact est 63% des salariés travaillant dans les RH ou occupant des fonctions à responsabilité considèrent que patati patata.

Des chiffres surprenant ?

Prenez ce 63%, par exemple. Comment seuls 63% « de l’échantillon » peuvent penser que le numérique aura un impact important alors qu’il devrait révolutionner la plupart des professions, notamment celles dans les grosses boites ?

Autre exemple : moins de 50% de ces braves gens pensent que le numérique a eu un impact sur leur fonction au cours des dernières années et seuls les deux tiers pensent qu’il aura un impact dans les années à venir.  Ho ! Les gens ! Remettez vos bretelles ! Vous n’avez pas fait votre première visio conférence dans les dernières années ? Aucune application web a été mise à voter disposition ? Vous ne croyez pas que votre patron vous donnera une tablette pour travailler, à la place ou en plus de l’ordinateur portable ? Votre téléphone professionnel n’a pas été remplacé par un smartphone pour vous permettre de lire vos mails ?

Encore une fois, je ne conteste pas ces chiffres mais il me semble possible que les personnes ayant répondu sont complètement déconnectées de la réalité. Je vais prendre un exemple. Vous auriez fait un sondage dans la rue « connaissez-vous Twitter » il y a quatre an (c’est-à-dire juste avant les printemps arabes), 95% de la population aurait dit « non ».

Prenons un exemple dans un métier sympathique : les livreurs de bière. Actuellement, les patrons de bistro passent leurs commandes par téléphone. Dans trois ans, les systèmes de caisse calculeront la consommation de bière automatiquement. Le patron cliquera sur un machin dans son iPad pour valider des chiffres et les tournées de livraison seront optimisées par les nouvelles technologies, les camions étant équipés de systèmes GPS calculant les meilleurs trajets en fonction de la circulation. Je dis ça au hasard. Je n’y connais rien. Je ne suis pas livreur de bière mais buveur de bières.

C’est à la fin de l’étude que l’on comprend sa motivation puisque les résultats montrent que la formation des salariés et l’accompagnement par les RH est indispensable. Forcément, le sondage a été fait auprès des RH qui doivent faire leur boulot et de responsables qui se demandent bien comment ils vont réussir à changer les méthodes de travail des salariés.

Et la boite qui commandite le sondage est spécialisée dans le domaine de la formation de l’accompagnement au changement dans le domaine du numérique.

Alors je vais donner des conseils pour la transition au numérique.

Ecoutez-moi bien, responsables des RH et petits cadres en entreprise (je dis petit cadre, ce n’est pas péjoratif, c’est par opposition au cadre de direction).

Tout d’abord, je disais là-haut qu’aucun salarié lambda n’a été sondé. Vous pouvez noter qu’aucun spécialiste d’application informatique (ben oui, ceux qui produisent le « digital », quoi !) n’est questionné. Ils pourraient pourtant confirmer qu’ils font des applications de plus en plus simple à utiliser, que c’est le progrès qui fait ça, le progrès technologique mais aussi le progrès global de la société (que l’on peut contester, le sujet n’est pas là, Didier). Ils pourraient confirmer qu’il y a des patrons qui achètent leurs logiciels pour gagner de l’argent et certainement pas pour en dépenser en formation du personnel. Je ne suis pas un spécialiste mais mon job est précisément de faire évoluer le Système d’Information de ma boite pour faciliter le travail des salariés et qu’ils puissent se concentrer sur les machins à valeur ajoutée et les tâches importantes.

Et je suis confronté à un public de responsable des RH et de petits cadres en entreprise qui me demandent des manuels utilisateurs et autres guides divers pour qu’ils puissent préparer des formations parce qu’ils ne savent pas appréhender les choses.

Alors je leur réponds avec le manuel.
Petit 1 : tu cliques sur le lien.
Petit 2 : tu saisis ton identifiant et ton mot de passe si nécessaire.
Petit 3 : tu regardes ce qui est indiqué à l’écran.

La gestion du changement est marginale et porte uniquement sur le cœur du métier, pas sur l’outil informatique utilisé qui, par nature ou presque, sera plus simple que l’ancien.

Facebook pour l’exemple

Tiens ! Toi, petit cadre entreprise ou responsable RH. Il y a trois ans, tes gamins ont commencé à grandir, tu as voulu créer un compte Facebook pour être à la page, parce que tes collègues en ont un,… Tu as eu des difficultés ?

Ben non. C’est enfantin. Tu as eu du mal à trouver des amis, peut-être ? Crois-tu qu’il y ait 36 solutions et qu’une formation aurait pu t’aider ?

L’informatique en entreprise, à l’heure où l’on parle du digital, c’est pareil.

Le digital ?

C’est un mot qui fait peur. J’en profite pour saluer mes copains qui travaillent ou travaillaient dans le secteur…

C’est quoi, « digital » ? C’est l’adjectif qui vient de doigt. Il y a quelques siècles, nos amis anglais ont adopté ce mot comme ils nous ont piqué pas mal d’éléments de langage. C’était une grande époque, on n’arrêtait pas de s’envahir réciproquement et on filait plein de mots aux anglais. Maintenant c’est le contraire. Je me comprends, Didier, bordel. Doigt est devenu « digit » puis a été utilisé pour désigner les chiffres.

Il y a une trentaine ou une quarantaine d’année, une société s’est créée « Digital Display » et a vendu un système qui permet d’afficher des chiffres avec 7 barres lumineuses. Elles sont toutes nécessaires pour afficher un « 8 ». Pour le transformer en neuf, il suffit d’éteindre celle en bas à droite. Prenez 7 allumettes, pour tester ! Et regardez l’illustration de ce billet pour bien comprendre.

Du coup, c’est devenu à la mode dans ces années-là et le mot, le nom d’une marque, est passé dans la langue courante, comme un vulgaire Klaxon ou Frigidaire. C’était dans la langue anglaise en plus ! Et des andouilles de Français ont décidé de le rapatrié chez nous alors que le mot « numérique » est ci-joli (par rapport à « digital », hein !) mais pas nécessairement plus adapté.

Le digital n’est qu’un pas dans l’évolution de l’informatique, comme quand on parlait de web 2.0 il y a cinq ans, mais c’est devenu ringard.


N’ayez pas peur !

28 janvier 2015

T'en veux, des comités ?

Quand j’ai commencé à bosser, il y a une petite trentaine d’années, on faisait parfois des réunions. Les directeurs se retrouvaient périodiquement en Comité de Direction et les propriétaires de la boite en Conseil de Direction, seule instance pouvant réellement prendre des décisions importantes. T’as vu ? A ce stade, tu as vu ça, ça nous fait déjà deux CODIR… Le COmité de DIRection et le COnseil de Direction.

Au fil de ma carrière, soit du fait de ma montée dans les hiérarchies soit du fait de la modernisation du monde de travail ou de son anglicisation, j’ai vu fleurir un tas d’instances. Tiens ! Les instances ! Avant quand on avait une décision à prendre, on la faisait remonter à la hiérarchie. Maintenant, ce sont les instances qui doivent trancher.

Je n’ai pas compris les différences entre les deux CODIR rapidement mais j’ai découvert une instance intermédiaire : le COMEX, le Comité Exécutif. Ca fait bien anglo-saxon… Ces gens sont bizarres. Les Directeurs Généraux sont des CEO. Le Comex regroupe le DG et les représentants des actionnaires. Dans les grosses boites, on a aussi le Conseil d’Administration, c’est l’équivalent du Conseil de Direction. On appelle ça le Conseil. Quand les instances ne suffisent pas, on réfère au Conseil. Le graal de l’ingénieur débutant ou du consultant est quand son dossier est soumis au Comex ! Ca veut dire que des gens importants vont l’étudier longuement et, s’ils le valident et que ça coûte des sous, ils vont le transférer au Conseil. Pendant des années, ça a été mon job de faire des notes pour le Comex ou le Codir. Parfois, le Comex est Coord ou Cocord : Comité de Coordination. C’est le machin qui décide de ce qui doit passer au Coord. On a aussi le Comité Stratégique, le Costrat qui définit les grandes orientations sur le long terme et, bien sûr, l’Assemblée Générale qui est globalement un machin statutaire qui décide de l’organisation et des membres du Conseil… Toujours est-il que ce ne sont pas ces instances de direction des entreprises qui m’intéressent aujourd’hui mais les réunions propres au commun des mortels, vous et moi, d’autant qu’on y retrouve le Coord, le Codir et qu’on y introduit le Copil, le fameux Comité de Pilotage.

Nos réunions… Faire des réunions était mal vu. On passait pour des gens qui perdaient du temps ce qui n’était d’ailleurs pas totalement faux mais certaines personnes ne savent pas traiter des sujets par écrit. Toujours est-il que, pour faire sérieux, les réunions se sont transformées en Groupe de Travail, ou GT (prononcez comme ça se prononce : gété). Dans les boites américaines, les GT sont parfois des Workshop, mais gété est plus facile à prononcer et à écrire, l’anglicisme ne prend pas trop, sauf en situation de crise, quand le Workshop devient une Task Force mais c’est un peu un abus de langage.

En principe, les GT sont dédiés à un sujet. Du genre : « Tiens ! Aujourd’hui, on va travailler sur tel truc ». Mais, comme il n’est pas facile de trouver un créneau horaire disponible pour tout le monde, on en profite pour caser plusieurs points et ça devient rapidement un foutoir. Avec ma vieille expérience, je mets les points importants à la fin, les gens sont fatigués, n’écoutent pas et valident facilement ce que vous dites…

Pour trouver un créneau horaire, les geeks utilisent l’agenda électronique. C’est facile, ils rentrent les noms des participants et la machine trouve des heures où tout le monde est disponible. Le problème est que cela ne fonctionne pas. Les agendas ne sont pas partagés entre les entreprises. C’est anecdotique mais c’est source de tensions dans les boites. Les organisateurs font la gueule quand vous ne venez pas à une réunion car ils pensent qu’une convocation par mail si vous êtes disponible électroniquement est valable. Pour ma part, quand je reçois une invitation, je clique toujours sur « accepter » ce qui fait qu’il m’arrive d’avoir jusqu’à trois réunions en même temps (j’ai réussi à atteindre le « quatre », une fois).

Parfois, les patrons n’aiment pas les GT. Ils ont l’impression que les gens concernés délèguent à des incompétents, ce qui est d’ailleurs le cas. Du coup, ils interdisent de faire des Groupe de Travail et réclament des Groupes d’Experts. La première fois qu’un de mes directeurs a pris cette décision, j’étais vachement fier, j’étais passé du statut de travailleur à celui d’expert. Dans les faits, cela ne changeait strictement rien…

Quand les participants sont dans plusieurs sites, souvent distants, on fait les GT par téléphone, voire avec des machins de visiophonie mais la technique ne suit généralement pas dans les entreprises (les postes de travail ne sont pas équipés, il faut réserver des salles équipées et comme on ne sait jamais comment cela fonctionne, on met une demi-heure à lancer la réunion). Les réunions par téléphone sont des audioconférences, qu’on appelle donc audio. Il faut un numéro de téléphone spécial avec un code pour pouvoir s’y joindre. L’anglicisme « call » est parfois utilisé dans les entreprises industrielles françaises mais pas trop dans le service. On préfère donc « audio ».

On en est à un point où, pour traiter un sujet précis, on ne dit plus « organisons un GT » mais « organisons une audio », même si les tous les gens travaillent dans des bureaux proches. Les audios ont ainsi remplacé les GT mais également les conversations téléphoniques. Cette après-midi, j’ai une audio avec une collègue d’un autre site inscrite à mon agenda. Elle m’envoie un mail la semaine dernière pour me demander quand j’étais disponible. Je dis maintenant ou mercredi prochain, lundi et mardi, je suis surbooké. Elle m’a donc envoyé une invitation après avoir réservé un numéro d’audio… Plutôt que de m’appeler directement…

Les chefs ne sont pas fous, seulement un peu dérangés. Après avoir interdit les réunions fourre-tout où l’on abordait un tas de sujet, ils ont bien remarqué qu’on ne voyait plus quelles décisions étaient prises. Ils ont donc décidé de mettre en œuvre ces fameux Comités, qui se tiennent à une périodicité fixe et qui sont très formalisés. Ils aiment bien les slides, officiellement « présentations PowerPoint », qu’on appelait transparents dans le temps et que certains appellent planches. L’anglicisme a gagné. Dans les slides, on a donc des tableaux avec des cases et des indicateurs, des petits soleils ou des petits nuages selon le moral, l’avancement, les incidents… Cela fait très professionnel.

Voila. Vous pouvez prendre des notes, hein !

Nous avons donc les GT ou audios où sont traités les sujets un par un. Pour coordonner le tout, les chefs ont dit : on va faire un Comité de Pilotage, un COPIL. Dans les boites, on voit plein de Comités différents, mais le Copil prédomine et est de loin le plus ridicule. La première fois que j’ai participé à un Copil, j’étais fier ! Il était rattaché au Coord, lui-même directement rattaché au Codir.

On a les Copil avec les clients, les Copil avec les représentants des actionnaires, les Copil avec les fournisseurs, les Copil avec les opérationnels,…  Néanmoins, faire des Copil nécessite de déplacer des gens importants avec un pouvoir de décision. Pour les préparer, afin que les discussions ne partent pas en couilles, il a fallu faire des comités intermédiaires, des Comités de Coordination, des Coord, donc. Un observateur avisé aura remarqué que nous avons deux niveaux de Coord. Un pour préparer le Copil, un autre pour préparer le Codir.

Parfois, il faut faire travailler ensemble des clients et un fournisseur ou des fournisseurs. Nous avons donc des réunions tripartites, qu’on appellera « tripartites ». Quand ces réunions s’étalent dans le temps, il faut des Comités pour suivre les travaux. Nous avons donc les Comités de Suivi, ou Cosui.

Nous travaillons sur des projets, gérés (planning, coordination,…) par des chefs de projet. Les chefs de projet ont donc des Comités avec les clients, des Comités Projet, ou Copro. Il a aussi des Comités avec chacun de ses fournisseurs, ce sont également des Copro.

Dans l’informatique, on reçoit des logiciels, on les teste et on relève les incidents pour demander des corrections aux fournisseurs. Nous avons donc des Comités Homologation (qui n’ont pas de petit nom, c’est bien triste) pour valider chaque point relevé : est-ce bien un incident ou ne serait-ce pas plutôt une évolution ? Est-il bien corrigé ? Le Comité Homologation réfèrera au Copro qui, lui-même, réfèrera au Coord, qui réfèrera au Copil, qui réfèrera au Coord du dessus qui référera au Codir…

Mais, parfois, il y a des conflits entre clients et fournisseurs. Il faut donc des instances décisionnelles, avec des Directeurs, donc. Nos directeurs et ceux du client ou du fournisseur. Ce sont des Comité de Direction, des Codir supplémentaires, donc.  Mais on ne peut pas déranger les directeurs pour un oui ou pour un non. Il faut donc des réunions intermédiaires, avec des directeurs de projet (ce sont des faux directeurs, ils ne figurent pas dans l’organigramme de l’entreprise mais font la coordination entre les chefs de projets et la direction). On appelle ça des Comités de Pilotage, donc des Copil.

Il s’agit de s’y retrouver.

Ce n’est pas compliqué pour un type normal, qu’il soit chef de projet ou directeur. Un type a son Comité et trois ou quatre comités auxquels il est invité.

Cela devient délirant au niveau de l’organisation générale (non pas que cela soit critiquable mais il faut le gérer) et surtout quand on occupe un niveau intermédiaire. Je participe à sept Copro, un Copil, un Cosui, un Comité homologation, un « point de coordination » (on n’a pas trouvé de nom pour celui-là), tous toutes les deux semaines... Sans compter les GT et autres audios...

Le pire est que toutes ces réunions sont réellement utiles...


Dans un prochain billet, on traitera de la problématique des salles de réunion…

20 janvier 2015

Les connards de Facebook


Je n'invente rien ! Je ne sais pas si j'ai déjà fait un vrai billet sur ce blog cette année. Je n'ai pas le temps. Toujours est-il que je reçois de plus en plus de messages privés de la part d'abrutis qui "veulent faire connaissance". Mais qu'est-ce qu'on en a à foutre, bordel ? Un réseau social, c'est fait pour rencontrer des inconnus qui s'expriment en public et pour papoter avec la famille, les gens que l'on connaît réellement. 

Pas pour se prendre la tête avec des trous du cul que l'on ne connaît pas. 

Celui de ce soir bat des records. Il me contacte pour que je bavasse sur une gonzesse que je ne connais pas mais qui figure dans mes contacts. Il n'a honte de rien, ce pauvre type. 

19 janvier 2015

On a perdu Shazam !

Comme beaucoup, j'ai une grande admiration pour ce truc. Une prouesse technologique. Un truc fabuleux. Mais...

Ce soir, à la Comète, la "radio" diffuse un tas de reprises de vieux morceaux. Du coup, je me pose la question : Tiens ! C'est de qui cette reprise ?

Les reprises étant "officielles", Shazam trouve l'origine. Mais me propose d'acheter le disque avant de me donner l'origine. 

Une page qui se tourne. Adieu...

13 janvier 2015

Facebook, les attentats et le grand public

Mon pote, le vieux Joël, a eu des mots sublimes ce soir. Avant de les raconter, je dois préciser le contexte. Nous sommes au comptoir, ma conversation arrive sur Facebook. Je lui dis : tiens, je suis sûr que ta femme a un compte. Il me dit : non, elle me l'aurait dit. J'ai répondu : non, elle l'a sûrement créé pour tester et abandonné. 

Je cherche. Bingo. Elle a un compte et n'a publié qu'un statut. J'avais raison. On a rigolé. Je clique sur un truc. Elle a une amie, sa fille (je la connais un peu). Je clique. Je tombe sur une photo d'elle avec des grosses lunettes. Je lui montre pour rigoler. Il rigole. Puis me dit : montre moi ce que dit ma fille. Je refuse et lui dis que je ne suis pas là pour espionner sa fille. Il ne comprend pas. Il chauffe un peu puis se calme et me demande de voir ce que dit sa femme (je lui avais dit qu'elle n'avait publié qu'un statut). Je l'envoie chier. 

C'est alors qu'il a ce mot sublime : il devrait être interdit de raconter n'importe quoi quand Facebook si non "ils" vont l'interdire ! 

07 janvier 2015

Google soutient Charlie Hebdo



Merci à eux. J'en suis presque ému. Une expression de la solidarité nationale. 

(Via @grandludo)

05 janvier 2015

L'amour est dans le pré carré

Je n'ai jamais regardé cette émission très tweetée par des types qui la détestent. Ils feraient mieux d'aller au bistro. Toujours est-il que cette année, pour faire moderne, ils ont un candidat homosexuel. L'émission a pour but de marier deux personnes, mais il n'y a qu'un seul homosexuel. C'est un gay. Il y aurait eu une lesbienne, on aurait pu rigoler. Surtout si la nuit de noce est aussi télévisée. Chéri-e, on fait comment ? 

Je frise la cinquantaine et cette émission frise la connerie. Il empêche qu'il serait bon que les clowns qui la RT parce qu'il y a un homosexuel se rendent comptent qu'ils font plus que friser l'homophobie. 

Stats à la con

En fin d’année, il faut diffuser des statistiques (ce billet était resté coincé dans les brouillons). Voilà les 10 billets qui ont le plus tourné dans l’histoire de ce blog. Aucun ne date de cette année, c’est bien triste ma pauvre dame.
A noter que les deux billets qui ont le plus tourné sont « utiles » : ils ont probablement rendu service à des braves gens.
A noter aussi, que sur le blog politique, très peu de billets dépassent les 10000, et uniquement des conneries. Il a pourtant trois fois plus de visites. Comme quoi…
1 oct. 2012, 30 commentaires
52253
21 sept. 2012, 9 commentaires
19970
9 févr. 2013, 15 commentaires
18626
12 août 2011, 24 commentaires
10736
14 mars 2013, 8 commentaires
10480
18 oct. 2010, 14 commentaires
7973
7 mai 2010, 3 commentaires
7862
25 mai 2012, 37 commentaires
7481
20 févr. 2012, 10 commentaires
7383
4 avr. 2013, 17 commentaires
6597


04 janvier 2015

Vœux professionnels

Bonne année, chers lecteurs ! Généralement, je reprends le boulot le 2 janvier. Cette année, c'est le cinq. Je suis déjà fatigué rien qu'à la pensée de devoir passer deux heures à lire des mails de vœux et à y répondre... 

Des mails de la part de types ou de gonzessez obligés d'en envoyer parce que cela se fait. 

Alors, je vais refaire mon billet annuel de conseils. Je vais résumer : envoyez vos vœux parce que ça se fait et faites comprendre que vous le faites par obligation mais que vous ne perdez pas de temps avec des conneries. 

Les gens à qui vous les envoyez s'en foutent probablement et préfèreraient que vous vous occupiez réellement de leurs dossiers. En fait, vos vœux les emmerdent prodigieusement. 

Faites des vœux collectifs à toute une équipe et pas individuels. Genre : "toute l'équipe de joint à moi..."  Seuls les chefs doivent envoyer des vœux. Au nom de tous, pour montrer que les gens continuent à bosser et ne sont pas préoccupés par des conneries. Mieux, les vœux doivent se faire de chef à chef : "toute mon équipe de joint à moi pour souhaiter à tous les membres de la vôtre" !

Si vous tenez à faire des vœux personnalisés, ciblez les petites mains, ceux qui ne recevront pas d'autres vœux parce qu'ils ont peu de contacts professionnels. Genre, le type qui va recevoir vos livraison et à qui cela va donner du travail, pas l'imbécile comme moi qui jongle entre les fournisseurs et fait le guignol lors des réunions. Je me fous de vos vœux et je me dis bien que vous me les envoyez parce que je suis au cœur du processus de décision qui vous permettra de gagner plus de pognon. 

On ne peut pas être grossier en envoyant des vœux mais les seuls vœux que je vais évoyer seront aux types avec qui j'ai vraiment envie de bosser, pour des aspects humains. Et j'ai presque envie de le dire de manière grossière pour montrer que ma démarche n'est pas commerciale, simplement humaine. Genre : "salut. Je te présente mes vœux nananère et j'espère qu'on aura l'occasion de bosser ensemble parce que tes concurrents sont d'immenses raclures". Il faudrait pouvoir être grossier. 

Meilleurs vœux, andouille !

03 janvier 2015

Big bug d'inbox ?


Je voulais évoyer un mail à ami Filaplomb. Inbox propose en page d'accueil les destinataires avec lesquels on cause le plus. En général, il me propose les leftblogs, ma mère et moi (mon adresse au boulot). Cette fois, les destinataires proposés n'étaient que des destinataires "rares". 

Je vais donc pour taper un mail avec "Filaplomb" en destinataire mais la saisie intuitive ne me le trouve pas. 

Je suis donc passé par la messagerie "normale" de l'iPhone. Qui a trouvé Filaplomb. Et des messages non lus que n'avait pas trouvé Inbox. 

L'Année commence bien. 

Je vous la souhaite bonne néanmoins.