15 mai 2015

La brigade anti Digital Washing

Equipement de base du brigadier
@Pierre_Danet vient d’être nommé président de la Brigade anti Digital Washing. Quant à moi, @Jegoun, j’ai en charge l’approvisionnement en bière et, accessoirement, de nommer des présidents sans leur accord et de créer des brigades. La mission est de lutter contre tous ceux qui utilisent le mot « numérique » voire le mot « digital » sans savoir de quoi il s’agit, dans un but de communication, sans référence à la transition ou la transformation numérique.

Nous avons ainsi de sombres individus qui conjuguent ces mots à toutes les sauces parce que cela fait moderne. Ils représentent un danger pour la patrie ! Et je suis sérieux, là… Par une communication délirante, ils induisent en erreur les entreprises, des personnalités et leurs font faire de mauvais investissements. Par exemple, Nicolas Sarkozy répondait en direct au twittos, ce matin. C’est un fiasco : tout le monde se fout de sa gueule et il ne pouvait en être autrement. Je ne sais pas quel conseiller imbécile lui a dit : il faut que tu te mettes au numérique et aille dans Twitter. Le danger est réel : ma commune a mis en place un compte Twitter et une page Facebook parce que cela fait bien mais sans une démarche globale, cela ne sert à rien, à part faire de la communication…

La création de la brigade a été déclenchée quand nous avons vu ce billet de blog qui vous indique « 8 DirComs à suivre sur Twitter, qui vous donneront des conseils très pertinents et partageront avec vous leurs réflexions sur les défis à relever au sujet de la transformation digitale ». Je ne préjuge pas de la qualité des tweets des braves gens qui sont cités, je les ai tous visités. Certains n’ont que quelques centaines de followers et on nous les présente presque comme des influenceurs importants qu’il faut suivre.

Tout d’abord, la transformation numérique ne peut pas venir de Directeurs de la Communication. Ce n’est pas leur job de faire de la transformation numérique mais de communiquer. Pour ce faire, ils peuvent utiliser des outils issus de la transformation numérique mais c’est tout.

Revenons sur ce qu’est le numérique : c’est l’informatique, pour résumer, à savoir que toute donnée est susceptible d’être traitée ou véhiculée sous la forme de chiffres. Mosart serait surpris de savoir que le boléro de Ravel qu’il a écrit pendant qu’il était aux cabinets n’est plus que des signes écrits sur ce qu’on appelait une partition mais, maintenant, une suite de 0 et de 1. C’est exemple est excellent et je me félicite de le citer. Au début des années 80, des individus ont eu la réjouissante idée de transformer la musique et, plus exactement, ce qu’on avait sur des vinyles, en fichiers informatiques que l’on pouvait foutre sur un autre support, en l’occurrence un CD.

Revenons maintenant sur ce qu’est la transformation numérique : c’est quand le numérique implique des changements dans la relation avec les clients, dans les processus,… le tout, évidemment, pour gagner du pognon (ou en dépenser moins), des parts de marché,... Reprenons notre exemple de la musique. La transformation numérique n’est pas venue du remplacement des vinyles par des CD mais du fait de s’affranchir des supports, de pouvoir télécharger de la musique (ou l’écouter en streaming). Pour ma part, quand un morceau me plait au point que je veuille pouvoir en disposer en permanence, je ne vais plus dans un magasin mais me connecte à l’Apple Store et hop !

J’en faisais un billet l’autre jour : c’est une erreur de croire que le « numérique » est récent. Toujours dans les années 80, je pouvais me connecter à mes comptes bancaires à partir d’un Minitel, m’évitant ainsi de gérer autrement que pour l’archivage légal mes relevés de compte.

Le Digital Washing ?

Cherchez « conseil en numérique » avec Google. Vous allez tomber sur un tas de cabinets de conseil qui se contentent de remplacer « informatique » par « numérique » et ne font que des prestations informatiques, de la communication, de la formation, de la gestion du changement… On est loin de la transformation numérique.

Un chef d’entreprise voit bien qu’il doit se mettre au numérique mais ne sait pas trop ce que c’est… S’il reçoit des mauvais conseils, il va rater une marche. Par exemple, le cabinet va lui conseiller de mettre en œuvre un réseau social d’entreprise parce que toutes les boites y vont alors qu’il faudrait prendre le sujet dans l’autre sens : quels sont les processus coûteux, dans l’entreprise, que l’informatique pourrait améliorer ?

Je disais que le numérique est l’informatique. C’est faux. Ou, du moins, la « transformation numérique » dépasse l’informatique, englobant, comme je le disais, la relation client et les processus.

Des spécialistes

Laisser entendre des communicants peuvent être des spécialistes de la transformation numérique est une hérésie, sauf pour ce qui concerne la transformation numérique adaptée à la communication, le cas échéant.

Pierre et moi sommes largement plus des spécialistes du domaine, de par nos métiers réciproques. Vous pouvez googueliser son nom, vous tomberez sur un curé homonyme et en saurez plus sur lui. Quant à moi, il ne m’arrive que rarement de parler de boulot mais je bosse dans l’informatique. Récemment, un client, lui-même informaticien demandait à ce qu’on organise une formation à des nouveaux logiciels. Je lui ai répondu, très poliment, mais cela voulait dire : « hé, connard, ton gamin de dix ans, il a eu besoin d’une formation pour utiliser Facebook ? »

Ainsi, fort peu d’informaticiens savent ce qu’est la transformation numérique. L’informatique est au cœur des entreprises depuis des années. Les développeurs font des logiciels sans trop réfléchir, parce que le chef a dit : il faut faire, mais ne pensent pas aux conséquences, aux… transformations qu’ils vont produire.

Le danger

Le danger pour les entreprises ou les administrations est ainsi de prendre le numérique pour un phénomène de mode leur faisant louper des changements importants, un peu comme si un distributeur de musique s’était lancé dans la production de distributeurs automatiques de CD en 2010 et avait zappé le téléchargement.

Il serait ruiné. Mais son conseiller en communication lui aurait dit de passer au numérique en ouvrant un compte Twitter avant les autres...

C’est pour cela qu’il faut lutter contre le Digital Washing.


Toi aussi, rejoins la brigade !

14 commentaires:

  1. je suis anti militariste primaire, je n'incorporerai aucune brigade sauf peut être en cuisine mais en tant que goûteur

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  2. réactivons les boulets du ouaibe !

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    1. Sauf qu'ils étaient probablement meilleurs que les experts. Qui était number one, bordel ! Et en plus, tu as probablement plus connaissance des besoins que tu as en informatique pour améliorer ton travail que ton directeur de la communication.

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    2. oui mais comme je te le disais sur un autre billet je ne suis pas sûr de pouvoir l'expliquer en jargon voire savoir si c'est possible et réalisable, ce à quoi tu m'avais rétorqué que tout était réalisable :)

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    3. tu vois que des fois je commente et même à jeun puisque je m'en souviens :)

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    4. Vu le nombre de commentaires que tu laisses, tu ne dois pas avoir de mal à t'en souvenir...

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  3. Ce très très gros gros billet est historique. Et c'est bien un job de Barbouze donc cela me plaît. Il va falloir que les soi disants influenceurs intègrent quelques principes de base. Le premier : "Quand les types de 130 kilos disent certaines choses, ceux de 60 kilos les écoutent." Mais aussi : "La vérité n'est jamais amusante à dire, sans cela tout le monde la dirait." et cela les influenceurs, ils vont devoir le comprendre !

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  4. Franchement, le pire dans cette liste de pseudo influenceurs, c'est de mentionner quelqu'un de la SG !

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