Les cinq illusions du jeune blogueur

Disparitus évoque les défauts du blogage et des blogueurs. L’occasion de donner mon avis… Et de recycler une photo hors sujet : c'est la première fois dans l'histoire des blogs qu'un billet geek est illustré par la photo d'un centriste qui vient d'annoncer sa candidature à l'élection présidentielle (la blogosphère politique s'en amuse, les cons).

Illusion 1 : croire que le succès viendra tout seul.

Ce n’est pas le tout, quand on crée un blog, de s’inscrire dans des machins gratuits pour référencer son blog. Chacun pourra avoir les meilleures recettes pour assurer le succès de son blog, outre le fait de faire des bons billets…

Pourtant, au début (la première année, peut-être), le nombre de visiteurs du blog croit périodiquement, le blogueur s’imagine être sur la bonne pente : c’est une illusion. La croissance est mécanique (plus on écrit, plus Google trouve de mots à se mettre dans la machoire…).

Illusion 2 : confondre visiteurs et lecteurs.

Quand on commence à bloguer et qu’on a 40 visiteurs, on s’imagine que les 40 ont lu le dernier billet. Alors on creuse un peu, et on voit que la moitié des visites viennent de Google. On se dit alors qu’on a été lu par 20 personnes. On ne regarde pas plus près. Aussi bien 19 personnes sont venues en cliquant sur un lien mais ta maman est restée deux heures et en plus elle a oublié de fermer son navigateur quand elle est partie faire son repassage : le temps moyen des visites est énorme.

Quand on prend de la bouteille (et qu’on ne gagne pas d’oseille en fonction de son trafic), on finit par s’en foutre (sauf de la tendance globale : si je repasse à 40 visites par jour sur PMA, je peux m’inquiéter). Je ne dis pas ça pour jouer au blasé : j’ignore totalement combien de personnes lisent mes billets, la plupart des « réguliers » lisent dans un agrégateur.

Illusion 3 : être lu systématiquement par ses habitués.

Dans mon blog bistro, le dernier vrai billet que j’ai fait, en début de semaine, était la présentation d’une application pour l’iPhone permettant de passer ses commandes dans les restaurants. Je suis persuadé que la plupart des gens qui sont venus sur mon blog se sont dit « Putain, il fait chier le gros, qu’est-ce qu’il nous emmerde avec ses geekeries, on veut qu’il nous raconte sa cuite du premier de l’an ! » et sont partis sans même lire la fin du premier paragraphe.

Quand on débute le blogage, on a l’impression que tous les habitués qui passent lisent tout (d’ailleurs on se permet de faire des billets bien trop longs). Il n’y a que quand on prend de la bouteille qu’on se rend compte qu’une partie des billets de nos potes ne nous intéresse pas. Le pas suivant est très dur à passer : se rendre compte que nous n’intéressons pas toujours nos potes.

Illusion 4 : rentrer dans l’histoire.

Disp le dit dans son billet : la plupart des billets disparaissent rapidement. Pourtant des blogueurs s’imaginent ne pas à devoir traiter à nouveau sujet parce qu’ils en ont déjà parlé le mois précédent. Dans mon blog politique, je parle fréquemment des 35 heures, par exemple (et pas que maintenant, alors qu’elles viennent d’être remises au gout du jour par Manuel Valls). Je continuerai.

Pire, il y a des blogueurs qui ne vont pas étayer leurs propos parce qu’ils l’ont déjà fait (et c’est bien naturel, ce n’est pas une critique) mais engueuler les commentateurs qui posent des questions. J’en connais plusieurs qui ont tendance à répondre « mais bordel, ça je l’ai déjà expliqué là » et ils nous ressortent un billet de deux ans.

Illusion 5 : être influent.

On débat souvent sur l’influence des blogs et tout ça. Il ne s’agit pas de ça.

Pourtant, quand on a peu de bouteille (6 mois ?) et que le blog marche un peu, on a toujours à penser que ce qu’on a écrit est pris en compte par la galaxie entière. En d’autres termes, quand un responsable politique dit une connerie à la télé, on a tendance à penser « putain, il aurait du lire mon blog ce con » en rigolant sans même se rendre compte que son propre blog ne sert strictement à rien sauf à se faire plaisir et raconter des bêtises pour faire rigoler les copains.