26 janvier 2011

Twitter, cet inconnu intrusif

On discutait avec des collègues, hier soir, des réseaux sociaux. Dans « la bande » d’une dizaine de gugusses, avec deux autres et nos 44 ou 45 ans, nous faisons office de fossiles. Nous travaillons tous dans l’informatique et sommes, pour la plupart, à moitié geeks.

Tout le monde connaissait Facebook mais la plupart des gens n’aiment pas ou n’utilisent pas, par manque d’envie ou de motif. Seuls le plus jeune (environ 25 ans) et moi avons déclaré avoir un compte. Les autres n’ont pas dit qu’ils avaient un compte ni qu’ils n’en avaient pas, d’ailleurs. Mais tout le monde connaît Facebook.

Le « jeune » a un usage de Facebook identique à celui de la plupart des gens (partage d’informations, photos, statuts,…). J’ai dit que moi aussi ce qui n’est pas très vrai même si je papote souvent avec des gens éloignés géographiquement. En fait, je n’utilise quasiment pas Facebook (mais j’y reprends tous mes billets donc mon compte est très actifs). J’aime bien aussi consulter le profil de certains copains blogueurs, comme Trublyonne ou Gularu (ils donnent, par période, plus de nouvelles par ce machin que par leurs blogs).

Ce qu’il y a de sûr, c’est que seuls, nous deux, connaissions réellement Twitter. Les autres en ignoraient l’existence ou n’arrivaient pas à imaginer ce à quoi ça correspond. C’est d’ailleurs en tentant de leur expliquer que la discussion s’est tournée vers Facebook, pour essayer de trouver des similitudes (comme quoi, ils connaissent mieux, en fait, qu’ils ne le prétendent).

J’ai participé au fait de détourner le sujet de la conversation, je ne tiens pas spécialement à ce qu’ils aient l’idée de me suivre (non pas pour les conneries que j’y raconte mais parce que Twitter est un relai de mes blogs et je ne tiens pas à être regardé, au boulot, comme une espèce de bête spéciale, taulier du premier blog politique d’un classement).

Toujours est-il que cette ignorance totale m’a laissé perplexe. Même mon jeune collègue n’utilise Twitter presque que comme un « machin qui remplace les agrégateurs de flux RSS ». Il s’abonne à des comptes institutionnels ou à des comptes de personnalités (il m’a cité plusieurs joueurs de rugby dont j’ignorais l’existence). Il est abonné à plusieurs dizaines de compte mais a très peu d’abonnés. Je ne lui ai pas dit que j'avais 1900 abonnés, 600 abonnements et plus de 50000 Twits, je lui ai juste dit que j'avais mon compte depuis 4 ans.

Il connaît néanmoins assez bien toutes les fonctionnalités de Twitter (il utilise même les listes, l’heureux homme organisé) mais ne pratique pas la principale (pour moi) : papoter avec les gens. Il ne diffuse pas d’information et se contente de lire « des flux ».

En fait, j’ai l’impression qu’il n’est followé que par des inconnus, peut-être un ou deux potes à lui mais je ne suis pas sûr. En fait, je suis peut-être la première personne de la vraie vie qu’il rencontre et qui utilise Twitter. D’ailleurs, il a mis une certaine insistance à avoir mon pseudo. Peut-être a-t-il un âge où on fait difficilement la distinction entre la vie professionnelle et la vie privée (j’ai eu aussi 25 ans, on sort d’école, les « collègues » sont alors des copains étudiants et on débarque à Paris pour le travail sans connaître personne, on se rapproche naturellement des collègues de travail).

Je lui ai donc expliqué qu’il n’aura pas mon pseudo (mon nom de famille suivi de la première lettre de mon prénom, ne le dites à personne) parce qu’il faut absolument faire la distinction entre les différentes sphères (le boulot, la famille, les copains, le monde virtuel), le tout devant les yeux ébahis des autres collègues qui n’avaient jamais étudié ça sous cet angle. Tout juste avaient-ils vu des polémiques sur la protection de la vie privée dans Facebook ou des gugusses qui avaient été licenciés mais n’avaient imaginé d’une part l’insertion dans l’intimité des gens (ben oui, si je prends une cuite pendant mes vacances, mes collègues de bureau n’ont pas à le savoir) et d’autre part le côté « temps réel » (avec Twitter, on suit l’alcoolémie monter… Smiley… On saurait en temps réel ce que font les collègues de bureau).

A mon jeune collègue, je lui ai dit « mais tu imagines, si moi, ton N+2 [oui, je suis aussi son « supérieur hiérarchique »], arrive à suivre tes faits et gestes en permanence ? » et aussi « et tu imagines quand tu seras chefs, quand tes sous-fiffres pourront suivre ta vie privée, qu’ils sauront le lendemain avec qui tu as fait la bringue, dans quel bistro du as fini ? »

Je pense qu’il a été sensible à mes arguments mais ne les « ingurgitera » pas. Un jour, s’embêtant chez lui, voudra se faire de nouveaux copains. Il utilisera Google et avec les bons mots clés tombera sur mon compte, via, par exemple, sur ce Twit (avec la même recherche, il tombera d’ailleurs assez facilement sur mes blogs).

Cela dit, la plupart des autres collègues ont mon adresse mail perso (on les utilise à partir des smartphone personnels pendant les déplacements) dans leurs carnets d’adresses. S’ils s’amusent à créer un compte Twitter, je serai probablement dans leurs premiers abonnements.

On est peu de chose. Mais heureusement, personne ne connaît Twitter.

(image)

9 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

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  2. Oui c'est intéressant de comparer ces deux bidules, côte à côte.

    Je me suis fait la réflexion que je n'aimais pas trop Facebook, il me "tombait des mains", alors que je trouve twitter très addictif. Pourtant le premier est beaucoup plus populaire que l'autre. (question "mode", ils sont équivalents).

    Facebook a tendance à être un "tout en un" pour les gens qui ne sont pas intéressés par les blogs et la galaxie de gadget associés. Il fait des statuts, des informations, des commentaires, des lols.

    Twitter est beaucoup plus dépouillé, pour un néophyte c'est dur de trouver l’intérêt. Mais comme il est "vide", il est très malléable, protéiforme, et effectivement (j'aime employer le mot protéiforme), on trouve des usages complètement différents.

    Je crois qu'un geek va préférer le côté léger, ouvert, indéfini, complémentaire avec d'autres gadgets (plus l'outil est simple, plus il permet de faire des choses), alors que ma mère va aller sur Facebook où tout est en place, et bien défini.

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  3. J'ai viré le message du casse burnes anonyme qui ne sait pas parler Français : un type qui dit qu'il boit une bière donne une information à ses followers. Quel con !

    Bal,

    Oui.

    D'ailleurs, la première version de Twitter (avant le nouveau) look était "mieux" : plus dépouillée. Elle est devenue compliquée donc perturbera un néophyte.

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  4. Je ne comprends pas le titre de ton billet !

    Je ne vois pas en quoi twitter serait plus intrusif que facebook ?

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  5. "Twitter est inconnu" : les gens ne le connaisse pas.

    Il est "plus" intrusif dans la mesure où tu peux suivre les autres en temps réel. Avec Facebook, tu as plus tendance à mettre les photos le lendemain et à négliger ton statut. Alors que si tu live twites une soirée, tout le monde est au courant de tes agissements.

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  6. tu sais pour rebondir sur le nombre d'abonnés,je crois que moins de 20% des utilisateurs de twitter on plus de 10 abonnés.

    et c'est vrais que leur utilisation tiens plus de la consommation de flux

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  7. Ca ne m'étonne pas. Il faudrait aussi voir les "vrais utilisateurs" (ceux qui y vont plusieurs fois par semaine).

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  8. Moi, c'est plutôt mon utilisation de twitter qui est intrusive (dans ma vie de tous les jours !)...

    Blackberry + Ugotwitt ! C'est l'intrusion assurée ;-)))

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