Encore un excellent billet d’Eric (ça devient lassant…) qui décrit une des évolutions du web, du nôtre, celui de tous les toujours où on pioche l’actualité qui s’entasse, les flux qui s’accumulent à un point que si on voulait tout lire on n’aurait plus de temps d’aller au bistro.
« Internet est un gigantesque musée, mais il faut accrocher les tableaux soi-même. Une nouvelle fonction est en train d'émerger, pour palier ce problème : on les appelle "digital curator", "content curator" »
Je suis un curator. Un gros cu, j’ai trois blogs. Je présente à mes lecteurs l’information qui me semble pertinente en fonction des trois axes : la politique en France, les tribulations de mes copains de bistro et les cochonneries informatiques que j’utilise, blogs compris. Ce matin, sur mon blog politique, j’ai trouvé pertinent d’accompagner l’information qui fait la une de la presse, le premier SDF mort de froid cet hiver, d’un rappel d’une des promesses de Nicolas Sarkozy.
Le compte twitter de Jon est un curator. Jon y déverse les flux de tous les billets des leftblogs.
Pearltrees, vous savez, ce machin avec les perles que mon barman présente parfois ici, est un curator.
Chacun utilise comme il veut les curators, pour suivre, comme il veut l’information, de sources qu’il juge fiables, amusantes, sympathiques, étonnantes ou que sais-je. Chacun fait ses propres curators, organise sa blogroll, son agrégateur de flux, comme il voit l’information et comme il aimerait que d’autres la voient.
Pearltrees est un peu un symbole, au milieu de ces curators, car il permet d’organiser cette information.
Je fais partie de ces gugusses qui prennent connaissance de l’actualité presque exclusivement par Internet, en consultant les titres (et certains actualités) de trois grands sites d’information (voila, google news et yahoo) mais en alternant ces lecteurs avec les flux que balancent mes copains sous Twitter (mes copains sont essentiellement des gens de gauche intéressés par la politique) puis en lisant leurs blogs, beaucoup de blogs, et en suivant les flux d’informations de machins auxquels je suis abonné : Betapolitique, une Wikio, Courrier International, Youphil, Population Data et mes collègues geeks.
Je prends néanmoins soin de rester au contact de la vraie vie en écoutant d’une oreille France Info, le matin, puis en lisant, le matin, le Parisien et Métro et le soir, Direct Soir (en deux minutes) et parfois France Soir quand les mots croisés sont trop faciles. Ca me parait très important car je souhaite que mes blogs aient une orientation grand public alors que mes collègues, notamment les blogueurs politiques, sont beaucoup plus pointus dans l’analyse.
Mais je tire l’essentiel de l’information de mes curators favoris. Nous sommes une minorité en France : quelques pourcents de la population. Nous avons parfois l’impression d’être nombreux, bien informés et que tout le monde l’est comme nous. C’est une des raisons qui explique pourquoi nous perdons des élections… mais je ne suis pas dans mon blog politique. Nous avons cette impression car nous dialoguons souvent entre nous : twitter, billets et commentaires de blogs, groupes de discussion, …
Un vivant normal est rentré de son boulot à 19 heures hier soir, a fait manger ses mômes, retourné sa grosse, regardé un film à la télé puis dormi, puis la course pour aller au boulot après avoir posé les chiares à l’école, … Je ne lui en veut pas de ne pas savoir que Nicolas Sarkozy avait promis, il y a trois ans, d’éradiquer les morts de froid !
Nous sommes quelques pourcents, mais bientôt notre vivant normal fera pareil, parce qu’un copain lui aura conseillé de s’abonner au flux de Partageons mon avis. Tous les midis, pendant la pause déjeuner, il remplacera progressivement la visite des sites d’information sportive pour aller voir mon blog et celui de sa belle sœur pour avoir des nouvelles de sa famille. Il stockera les photos de l’ainé de sa nièce en maillot de bain dans son pearltrees en cliquant où il faut pour la regarder plus tard. Son fils ainé, secrètement amoureux de sa cousine ira consulter le pearltrees de son père et la découvrira en petite tenue. Il twittera l’adresse du billet à ses copains juste après avoir twitté un billet de Gaël où il présente la version rap de la grosse bite à Dudule.
Et un jour, tout le monde prendra l’information sur le Web sauf au comptoir de la Comète où le Parisien continuera à trainer.
Nous serons tous des curators.
Très chouette ce billet.
RépondreSupprimer"Nous avons parfois l’impression d’être nombreux, bien informés et que tout le monde l’est comme nous." Exactement, et même pire, parce que je ne me sens pas hyper informée et pourtant parfois j'ai tout de même l'impression davoir un train d'avance.
Et puis tu as oublié de dire que nous n'avons pas tous, non seulement les mêmes sources, mais aussi pas la même notion de ce qu'est une "information". T'as qu'à voir la part d'info sportive sur France info... ça m'a tellement gavé que maintenant j'ai même coupé la radio, sauf en podcast. Et je n'ai pas regardé la TV depuis que je suis sur Twitter. Véridique, moi aussi je suis une "curator". Pour autant, faut-il s'en réjouir ?
Edit : en lisant Eric, je vois que je me suis un peu méprise sur le sens du mot "curator". Je n'en suis pas, mais j'en consomme.
RépondreSupprimercurons, curons et récurons ! (ah non ça marche pas)
RépondreSupprimerSee Mee,
RépondreSupprimerTu es curator : tu as un blog où tu centralises l'information, où tu conseilles des blogs, ...
"Véridique, moi aussi je suis une "curator". Pour autant, faut-il s'en réjouir ?"
L'avenir nous le dira, mais je crois, oui, qu'il est bon de diversifier ses sources d'information.
Arf,
RépondreSupprimerOui.
Tu m'as bien curatoré!
RépondreSupprimerEt ta conclusion ton à pic. Curator, ça vient du monde de l'art et les curators sont un peu des artistes. Ce qui explique le public finalement restreint des blogs. Trop "rafiné" (je ne parle pour toi, quoique), trop compliqué pour le gugusse de base.
Il ne faut pas se décourager: leurs enfants y viendront.
très bon billet!
RépondreSupprimerVu la masse de contenu que le "web 2" a généré avec les YouTube, les blogs, etc. Il est maintenant nécessaire de permettre a chacun d'organiser cette masse de contenus...
Eric, "curator" a ceci dit un synonyme en anglais: "editor". Lui s'adresse a un public beaucoup plus large (voir leur rôle cle dans les journaux, TV, etc.). L'espoir n'est pas perdu, loin de là! Vive le oueb! :-)
RépondreSupprimerEric,
RépondreSupprimerComment ça, je ne suis pas raffiné ?
Julien,
Merci !
Quoique!
RépondreSupprimerBon billet.
RépondreSupprimerLe fait que tout le monde devienne curator est également un espoir que je cultive au fond de moi.
Néanmoins, le doute que cela se concrétise m'envahit également souvent. En effet, nous curators sommes potentiellement tenté de vouloir "bloquer" notre statut... car il faut bien le dire : c'est parfois enivrant de savoir que de gens comptent sur nous pour s'informer... ça confère un certain pouvoir...
De l'autre côté de la chaine, d'autres sont également bien content de profiter de notre boulot pour s'informer sans se faire chier...
Stan,
RépondreSupprimerL'évolution ne se fera pas en 3 jours mais il faut voir ça d'ici 20 ou 30 ans.