03 juillet 2007

Un bien beau métier !

Je suis consultant, c’est un beau métier. Vous ne savez pas ce que c’est ? C’est facile. Il faut un domaine de compétence. Si possible. Ensuite, il faut trouver des clients qui acceptent de vous donner des sous pour avoir des conseils.

Prenons un exemple. Heu… Il faut un truc que tout le monde connaisse.
Tiens ! Imaginiez que vous me preniez comme consultant en tâches ménagères. Vous m’invitez chez vous pendant huit jours. J’observe comment vous fonctionnez et je vous donne des conseils pour améliorer le fonctionnement de la boutique.

On ne travaille sur le fond, juste sur la forme.

Par exemple, si je vous vois faire des pâtes avec le bœuf bourguignon, je n’ai pas mon mot à dire même si c’est bien meilleur avec des pommes de terre cuites à l’eau.


Par contre, si vous ne le faites pas mariner 24 heures à l’avance, j’interviens ! Pas méchamment ! Je n’appelle pas votre mère ou votre conjoint pour lui dire : c’est quoi ce bordel ? Non ! Je vous susurre discrètement à l’oreille que les règles de bases de la profession exigent un marinage de 24 heures.

Quand on est compétent, il faut un domaine de compétence assez large. On ne peut pas être uniquement consultant en bœuf bourguignon. Ou alors il faut vraiment être à la pointe, un peu comme ma copine Régine qui met des tomates pelées pour épaissir la sauce mais moi, je trouve que ça gâche le tout. De toutes manières, si les consultants étaient d’accord entre eux, ça gâcherait le boulot.


J’en étais à passer huit jours chez vous à observer votre fonctionnement en tâches ménagères. A vos frais. J’observe tout.

Par exemple, si vous passez votre samedi matin à faire des courses pour la semaine et que vous ramenez un pack de flotte, un pack de bière, six bouteilles de rouge, six boîtes de lait, un paquet de papier hygiénique, un paquet de sopalin, 12 boites de gâteaux pour le goûter des gamins, 3 boîtes de céréales diverses pour le petit déjeuner, un sac de pomme de terres, un autre de pommes golden de base, 2 paquets de steaks hachés surgelés, une boîte de cornets de glace, un sac de haricots vers surgelés, une bouteille d’huile, deux d’eau de javel, une de Ricard, une boîte de lessive de 5 kg, je vous dis stop.

Je suis un bon consultant. Vous avez une organisation du travail déplorable, j’interviens. Je donne un conseil. J’ai bien mérité mon salaire. En l’occurrence, le conseil est : « tu prépares ta liste de courses le mercredi soir et tu prépares une commandes au bureau le jeudi pendant la pause déjeuner (ou le mercredi soir à la maison) et tu te fais livrer le samedi matin ». Voilà, c’est tout simple ! Deux heures gagnées ! Tout le stress évité, plus de paquets à porter de la voiture à la maison, voire, pire, à l’appartement, plus de gosses qui vous énervent dans les rayons du magasin, …

C’est un excellent conseil. Ca vous coûte 15 ou 20 euros de plus (et encore…) pour près de deux heures de gagnées, deux heures et 20 euros que vous pourrez récupérer en achetant des produits frais au meilleur prix, en évitant de sortir la voiture, en entretenant mieux la maison, en ayant le temps d’acheter des fringues de qualité au meilleur prix, …

Je ne vous sens pas très convaincu par ces deux exemples (le Bourguignon et les livraisons). Vous avez tort. Il ne s’agit pas de vous convaincre sur les activités domestiques, mais sur la façon dont le consultant rempli son boulot en trouvant des bons conseils qui seront généralement rejetés pour des mauvaises raisons.

Tenez ! Trouvez-moi une seule bonne raison de ne pas faire mariner le bourguignon ou de ne pas faire livrer ses courses ! Aucune, à part des mauvaises habitudes ancestrales. Vous avez appris à faire le bœuf bourguignon sur un mauvais bouquin de cuisine et l’époque d’avant internet interdisait de faire des commandes… par internet.

Il faut vivre avec son temps : écoutez les conseils des consultants.

Je retourne chez vous observer.
Tous les matins, vous prenez dix minutes à faire votre lit en étalant bien la couette pour éviter tous les plis. Votre maman vous a appris à faire votre lit. Mais ça ne sert à rien. Il suffit de fermer la porte de la chambre. De toute manière, la première chose que vous ferez le soir, c’est d’ouvrir le lit pour vous coucher.

Alors, ce n’est pas du bon sens, ça ? L’équivalent de plus de 6 journées pleines (24 heures) de travail inutile évité au cours d’une vie.

Vous voulez encore un exemple ? Bon. D’accord. Mais c’est pour que vous compreniez bien ce qu’est le métier de consultant, plutôt que de nous traiter de fainéants.

Je retourne chez vous observer, à titre gracieux, une fois n’est pas coutume.

Tiens, le dimanche matin, tous les quinze jours, vous faites vos comptes. Vous ouvrez les relevés, pointez chacune des dépenses, comparez avec la souche de votre carnet de chèques, triez les facturettes de carte bancaire, vérifiez les retraits, … Ca part d’un bon sentiment. Il faut gérer.

Mais.

Petit 1 : il y a plus simple pour faire ses comptes. Il suffit de regarder tous les trois ou quatre jours ses comptes par internet. La mémoire suffit à vérifier qu’il n’y a pas d’opération passée abusivement ou des opérations en instances qui pourraient vous mettre à découvert ou des chèques dans la nature. Il vaut mieux passer 20 secondes tous les trois jours qu’une demi heure tous les 15 !

Petit 2 : ça ne sert pas à grand-chose de faire des comptes. Ce n’est pas ça qui vous rendra plus riche. Le principe n’est pas de savoir si votre banque ne s’est pas plantée, ce qu’il faut, c’est savoir où partent vos sous et savoir combien il vous en reste à dépenser. Vérifier qu’ils sont bien dépensés n’est pas de la gestion, juste de la fatigue inutile.

Ca vous donne juste bonne conscience. Moi, les comptes, c’est toutes les semaines, pendant trente cinq secondes (il faut dire que je fais toutes mes dépenses en liquide et qu’en tant que célibataire, je n’ai pas beaucoup de dépenses exceptionnelles !).

Un autre exemple.

J’observe.

Vous n’avez pas de parking dans votre résidence : vous louez un box 70 euros par mois pour éviter qu’elle soit volée. C’est complètement con. Où croyez vous que les voleurs seront plus peinards pour vous voler vos roues, votre autoradio et tout ce qu’il y a de volable ? A l’abri dans un box fermé ou le long d’une grande route avec des rondes de police toutes les demi heures ? Ce qui compte – et peux justifier la location d’un box – c’est de ne pas perdre de temps à trouver une place.

En autre exemple ? Non ! Ca suffit. Bon ! Juste un, vite fait, alors. Ou plutôt deux en un !

Tous les mois, vous faites les carreaux en utilisant du produit ad hoc ? Premier conseil : faites les carreaux sans produit mais avec de l’eau chaude (le produit laisse une plaque qui sera chiante à enlever le mois suivant) : c’est aussi efficace. Deuxième conseil : faites les carreaux uniquement au printemps (le reste du temps, soit vous avez des rideaux soit les fenêtres sont ouvertes : on ne voit pas les tâches !).



Concluons

Dans ce billet, j’ai trouvé cinq ou six exemples de travaux ou de trucs que vous faisiez par habitude, avec des possibilités d’augmenter la qualité (le bourguignon), d’optimiser le travail (la commande des courses), de supprimer le travail inutile (faire le lit ou laver les carreaux en hiver), de ne pas faire d’erreur de gestion (la tenue rigoureuse des comptes qui ne sert à rien : il faut faire les comptes avant de dépenser, pas après), de ne pas faire de dépenses contreproductives (la location d’un box pour la sécurité ou le produit pour les carreaux).


Mais, il faut savoir repérer les coups tordus !

En supprimant du travail, je pourrais ainsi créer du chômage. Non ! Pas du tout. Avec mon truc sur les livraisons, ça donne du boulot pour des types pour préparer les livraisons et pour les faire.

Ensuite, il faut savoir garder du travail Pour cela, il y a deux axes.

Le premier : garder des améliorations à faire. Toujours le même exemple, les livraisons. Je suis intervenu sur la manière de faire les courses, pas sur ce qu’il faut acheter. J’aurais pu donner des conseils utiles. En supprimant les trucs inutiles dans la liste, ça paye les frais de livraison. Vous avez l’habitude d’utiliser du Sopalin. Est-ce bien utile (sauf pour certaines surfaces vitrées) ? Un autre exemple : je préconise de ne pas faire le lit. Ca nécessite une concentration rigoureuse pour se rappeler de changer les draps : il faut donc mettre une méthode en place : c’est le rôle du consultant.

Le deuxième : garder du travail pour les autres consultants qui pourront démontrer que vous avez tort. Ils vous rendront la pareille : ça fait partie du métier et il faut bien du travail pour tout le monde. Je ne donne aucun exemple, puisque j’ai raison sur tout !

P.S. : C’est Filaplomb qui voulait que je fasse un long texte sur mon boulot. Je n’y arrive pas. Il faudrait 20 000 mots, je n’atteins pas les 9000… et je mets trois mois à raison d’une heure par semaine en moyenne à le pondre.

10 commentaires:

  1. Pour les 20.000 mots tu exagères !
    Et puis, c'est un bon début ce texte ! :-P

    Bon sauf pour la tenue des comptes parce que sans découvert, tu es obligé de surveiller à l'euro prêt, c'est comme ça !
    :-)

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  2. Fil,

    Je voulais dire "caractères". Pour la tenue de compte, Je conserve ! Il faut savoir ce qu'on a avant de dépenser, après c'est trop tard !

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  3. il y a plein de tes conseils que j'applique déjà!
    le lit , les vitres , les comptes...pour les courses j'achète en fonction de ce que je vois ; et pour le nourriture je profite des offres intéressantes pour faire mes menus ;je ne sais pas si on peut faire pareil sur internet
    acheter une belle côte de boeuf , de la viande à pot-au-feu , sans la voir , je ne sais pas ?
    mais ne pas perdre son temps à des trucs qui ne servent à rien ça d'accord!et dégager ainsi du temps pour autre chose de plus intéressant et avoir le temps (ou le prendre!) pour aller au bistrot

    ton billet explique plutôt bien ton boulot , tout l'intérêt de ton boulot!(peu importe le domaine 'application )
    ce qui compte c'est que tu nous en aies fait saisir l'esprit.

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  4. Oups ! Isabelle,
    Je n'avais pas vu ton commentaire !

    Pour les courses, je n'achète pas trop les produits frais par internet (mais ça m'arrive : des fruits et légumes toutes saisons et parfois de la viande type roti, qui, qu'elle vienne de Leclerc ou d'internet, est calibrée en usine !).

    Pour tout te dire, je ne comprends pas les "familles" (les célibataires, on s'en fout) qui achètent encore du lait, des couches culottes, des packs de flotte dans des magasins ! Les 20 ou 30 euros que ça coûte en plus sont largement économisés par le fait de ne plus aller dans des supermarchés et d'acheter des cochonneries mises en valeur pour vous obliger à les acheter !

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  5. Pour le reste, oui ! J'ai essayé de décrire mon job en l'appliquant à un domaine que tout le monde connaît.

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  6. "pour les courses j'achète en fonction de ce que je vois".

    Tu achetes donc ce que le patron du magasin veut que tu vois ! Très dangereux ! Quand je rentre dans un magasin, j'achête d'abord ce que j'ai choisi d'acheter. Ensuite seulement, je musarde un peu !

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  7. Je suis aussi consultant, mais j'ai une définition bien plus rapide.
    Finalement, nous sommes payés pour annoncer poliment les mauvaises nouvelles.

    PS : je découvre ton blog; c'est pas mal chez toi. Congrats.

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    1. Merci ! (qu'est ce que tu fous dans mes archives ?)

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