27 juillet 2011

Google ou Facebook, au coeur de l'informatique de demain ?

Pour mon billet politique du matin, j’ai coutume de me baser sur la presse grand public. Ainsi, ce matin, je suis tombé par hasard sur cet article du Parisien qui prévoit la fin progressive des mails (ou leur ringardisation) au bénéfice des réseaux sociaux, notamment Facebook. Hier, j’avais lu un article qui prédisait la fin de l’utilisation des mails en entreprise, remplacé par les réseaux sociaux. Dans les faits, peu importe ! Les éléments se mettent en place, chaque internaute trouvera la chaussure à son pied et l’outil de communication adapté à ses besoins, à ses pratiques, ses habitudes, mais tout reviendra au même.

Le réseau social tel qu’on l’entend aujourd’hui n’est pas nouveau. Mes copains de bistro sont une partie de mon réseau social, de même que mes copains d’enfance que je vois quand je rentre en Bretagne, ma famille, mes collègues de boulot et mes relations professionnelles. Les blogs, Twitter, Facebook et autres machins me permettent d’avoir, en plus, des « relations électroniques avec des inconnus » et de diffuser de l’information (du « contenu ») facilement tout en en captant d’une nouvelle manière.

Comme le signalait l’article que je mettais en lien hier, les futurs réseaux sociaux qui pourraient se monter sont condamnés d’avance, faute de place (d’ailleurs, on s’identifie aux nouvelles applications couramment avec un compte Twitter, Facebook ou Google et on utilise ces trois machins pour diffuser ce qu’on y fait…).

Mais surtout, il dit : « 9 ) La télévision est le dernier secteur protégé, mais ce privilège va tomber. Désormais, les téléviseurs sont des ordinateurs. Dès lors que nous saurons exactement qui regarde quoi, les tarifs publicitaires vont chuter parce qu’on va se rendre compte que les pubs télé ne sont pas aussi efficaces que Nielsen (Mediamétrie en France) le fait paraître. »

Nul ne peut prévoir l’avenir de technologies mais il est probable, qu’à terme, les téléviseurs deviennent des « vrais ordinateurs », centrés, comme les futurs PC, les tablettes et les smartphones, autour d’un navigateur Internet.

C’est probablement au cœur de la redistribution des revenus publicitaires de la télé, plus que de l’informatique traditionnelle, que se situe la bataille entre Google et Facebook. J’imagine d’ailleurs que ce n’est pas spécialement pour la diffusion des contenus mais plus pour le ciblage de cette diffusion que les deux géants s’intéressent à nous.

On peut imaginer, également, d’autres sources de revenus encore plus importants, par exemple en servant d’intermédiaire dans des ventes. Hop ! Une publicité pour un préservatif à la framboise passe à la télé. Vous cliquez sur la télécommande, le machin vous met en relation avec le site de la société puis avec le supermarché en bas de chez vous où vous aurez pris l’habitude de récupérer les commandes faites de la maison, à mi chemin entre la télé et l’ordinateur, payant au fur et à mesure à partir de compte d’une société spécialisée appartenant à un des géants… D’ailleurs Apple et Google sont assez forts pour vendre des trucs, aussi…

L’erreur généralement commise est de croire qu’ils s’intéressent à ce qu’on diffuse (d’ailleurs on ronchonne assez contre l’hégémonie de Google et les atteintes à la vie privée de Facebook) alors que tout le monde s’en fout : ce n’est pas « monétisable » (il nous revient juste de ne pas produire de contenu si on ne veut pas que ça se sache).

Peu importe que Facebook soit fermé autour de ses propres applications et que Google le soit, in fine, à peu près autant puisque nombre d’outils lui appartiennent, peu importe l’hégémonie de l’un ou de l’autre. Microsoft et IBM ont été hégémoniques. Terminé. D’autres prendront la suite de Google et Facebook. Ou pas.

Ce qui importe, c’est la manière dont vous vous identifierez un peu partout (avec un compte Google et un compte Facebook), y compris « dans » votre télévision pour qu’on suive à la trace ce que vous regardez et qu’on puisse le monétiser (dans une forme qui reste d’ailleurs à définir, tout cela ressemble beaucoup à une fuite en avant).

Il FAUT que Facebook ou Google Plus soient reconnus comme les représentants des gens (d’où l’importance de la lutte contre les pseudos même si je n’imagine pas que Google ne pense pas aux gens ayant une bonne raison de rester anonymes et d’où, aussi, l’importance des cercles vous permettant de faire l’étanchéité entre le monde professionnel, la famille et le reste).

Alors qu’importe l’outil, laissons Facebook et Google se battre et Twitter outsider (le verbe « outsider » vient d’être créé par la fédération des créateurs de verbes). L’outil fluctuera au rythme des progrès technologiques et de la mode.

D’ailleurs, je trouve amusant cette manière de regarder les mails avec nostalgie alors qu’il y a dix ans (mettons quinze), la plupart de nos concitoyens ignoraient l’existence de ces machins.

Les mails vont probablement connaître la même évolution que les « courriers papiers » : les gens n’en envoient quasiment plus par contre les courriers en provenance des entreprises ou institutions se sont multipliés. Nul ne peut prévoir l’avenir, mais il est possible que cette tendance se perpétue : les banques, l’administration fiscale, … proposent de plus en plus de ne pas envoyer les documents « papier » mais de les mettre à disposition sur les sites, avertissant les gens par mail.

Le réseau social, tel que nous le voyons, n’est qu’un épiphénomène. Les tweets et statuts Facebook ne font que remplacer les SMS qui ont, eux-mêmes, remplacé des conversations téléphoniques, qui ont, elles-mêmes, probablement remplacé des échanges de lettres mais aussi des conversations dans la vraie vie.

Les gens s’adressent à moi de différentes façons :
-         par mon adresse email principale,
-         par une adresse email chez mon hébergeur (pour faire plaisir à Hadopi),
-         par une adresse email associée à de mes quatre noms de domaine,
-         par « mention » dans Twitter (sur un de mes trois comptes),
-         par DM Twitter (sur un de mes trois comptes),
-         par un message dans un groupe de discussion Google auquel je suis inscrit,
-         par commentaire dans mon blog,
-         par réponse à un de mes commentaires dans un blog,
-         par Facebook.

Par ce dernier machin, différentes possibilités sont offertes :
-         écriture sur mon mur,
-         mention dans un statut,
-         message Facebook,
-         par le « like » d’une page dont je suis administrateur,
-         mail à mon adresse @facebook.com (si si, jegoun est OK mais je ne l’utilise jamais).

Je vous passe les mécanismes de « messagerie instantanée » intégrés à Gmail et Facebook, je ne suis pas client. Je vous passe aussi deux autres trucs de blogueurs, mais si mon blog est cité dans un billet ou un de mes billets est backtweeté, j’ai les moyens de savoir (pas toujours, malheureusement). Je vous passe également tout ce qui m’échappe en ce moment ! Tiens ! Twitter qui envoie maintenant un mail quand je suis RT…

Mais, de toute manière, quoiqu’il arrive, je suis averti par un message sur mon compte principal. Mes boites mails sont redirigées, mes comptes Facebook et Twitter envoient des notifications, …

Je reçois ainsi des tonnes de mails. J’ai un outil, Gmail, qui me permet de gérer ça (des filtres) pour être à peu près sûr de ne rien louper tout en n’étant pas submergé par les trucs sans importance. Chacun aura ses trucs. Chacun aura son outil. L’outil de chacun pourra être adapté au support. Par exemple, je n’ai pas du tout la même manière de surfer selon si je le fais à partir du PC ou à partir de l’iPhone, avec, en plus, des habitudes différentes selon le moment de la journée (je ne surfe pas pareil à 8h55 quand je dois attaquer le taf dans cinq minutes et à 21h quand je suis tout seul au bistro à attendre un copain parti faire une course).

Ainsi, peu importe l’outil, il ne pourra pas correspondre à tout le monde et à tous les usages de chacun.

En introduction, je parlais des milieux professionnels et des réseaux sociaux qui remplaceraient les mails. Ils existent déjà. Au boulot, nous utilisons un machin qui s’appelle Redmine qui permet de piloter tous les aspects techniques des projets (mise en production de version, gestion des anomalies)… Je ne l’utilise que quand j’assure le remplacement d’un de mes collègues, plus informaticien que moi. Pour le quotidien, je me suis abonné aux notifications : je n’ai pas besoin d’aller dans l’outil, il faut juste que je puisse pouvoir répondre à des questions dont j’aurais la réponse.

C’est pareil : je reçois les notifications dans ma messagerie personnelle. Nous avons un tas d’autres applications (gestion des congés, des notes de frais, de l’archivage des documents, …). Ce sont aussi des réseaux sociaux. Ils sont organisés par « cercle » autour des acteurs de chaque projet, autour de la hiérarchie (quand je pose des congés, c’est bien mon supérieur hiérarchique qui les valide, quand je fais une note de frais, c’est bien le directeur qui la valide). A chaque fois, je reçois des notifications, j’ai mis un favori. Ces outils souffrent d’une difficulté majeure : ils sont relativement complexes à utiliser car ils viennent en plus du travail au quotidien. Quand un informaticien rédige un compte rendu de réunion, il doit se battre avec Word parce que ce n’est pas son outil principal, il doit en plus le mettre dans le logiciel de gestion de la doc, où il pourra choisir le circuit de relecture sans rien connaître à un outil qu’il ne maîtrise pas.

Mais ça revient au même que pour l’usage grand public : chacun a ses outils préférées et tout est articulé autour d’applications et d’une messagerie qui sert à recevoir des notifications diverses et de liens à cliquer.

Ce qui se met en place actuellement dans les entreprises consiste à « fédérer les identités », c'est-à-dire à faire en sorte qu’un identifiant et un mot de passe unique puissent être utilisés pour toutes les applications.

C’est exactement la même chose que quand vous utilisez une « API » Twitter, Facebook, ou Google, pour vous connecter quelque part pour vous identifier.

Dans sa démarche, Facebook est plus du genre à regrouper tous les « outils » au sein d’une même application, en autorisant les applications tierces à utiliser vos données. La démarche de Google est différente, il est beaucoup plus ouvert sur les outils externes. Facebook serait ainsi beaucoup plus hégémonique que Google. Sauf que les outils externes appartiennent de plus en plus à Google.

Les dernières évolutions de ces machins vont dans le sens de fournir un outil centralisant tout l’Internet des usagers. Google Plus officialise le compte Google (pas nécessairement lié à un compte Gmail, d’ailleurs). Facebook a réformé son système de messagerie (je ne connais personne qui l’utilise réellement). Twitter a mis en place un système de notifications.

Ainsi, je ne crois pas qu’il faille focaliser sur les fonctionnalités évidentes de tous ces machins : papoter avec les copains (ou des inconnus ou la famille) et échanger de l’information.

Ils vont évoluer et seront épaulés par d’autres sociétés qui se grefferont sur leurs projets. Pensons par exemple à nos favoris nationaux, Pearltrees et Wikio qui produiront des compléments (égoïstement, je pense à Wikio comme outil d’aide aux blogueurs ; pourquoi ne nous enverraient-ils pas un mail quand notre blog est cité par un autre ou sur Twitter, hein ? Juste une petite notification… Mais Wikio est aussi un agrégateur de flux, un machin qui permet d’envoyer des Like et des Backtweets). Twitter pourrait surnager, il est bien différent de ses concurrents.

Et ils vont passer de mode, d’autres trucs seront plus funs, des ados vont se mettre à utiliser autre chose parce qu’ils en auront marre d’avoir leurs vieux sur les endosses et la mère qui gueule parce qu’elle n’est pas dans le « circle » des copains… Tous les jours mes confrères geeks (et un peu moi) présentent de nouveaux produits. Tiens ! Autour du Web présente ce soir cinq machins pour partager facilement des photos qui pourraient très bien répondre d’une part à l’appréhension que j’avais hier à utiliser le machin équivalent de Google, Picasa, et d’autre part, et surtout, à un besoin réel…

Alors, les applications de réseau social, on peut d’ores et déjà les oublier, elles seront à la mode quelques temps, certaines gagneront beaucoup d’argent, d’autres en perdront. Des créateurs auront la chance de vendre leurs sociétés au bon moment.

Ce qui compte, pour l’avenir, je crois, c’est le point d’entrée de l’utilisateur dans l’Internet.

Le compte Google ou le compte Facebook ?

6 commentaires:

  1. Le point d'entrée a internet est ce qui compte depuis le début, non? C'est bien la que google est leader et Yahoo avant lui.

    Par ailleurs les Smart TV (TV connecté) existent déjà (Google TV, Apple TV, Yahoo voir même Samsung etc)et devraient se développer rapidement (Avec les applications et autres services cités dans ton billet) . Pas sur que Facebook ai vraiment vocation a devenir un portail. L'avenir nous le dira.

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  2. Norby,

    Ca existe peut être mais n'est pas répandu...

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  3. Ça arrive ça arrive. Ça doit dépendre des pays.

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  4. Norby,

    Oui, mais dans les faits, il y aura d'autres évolutions (et il faudra 10 ans pour que le parc soit à 50% de ce type). En outre, dans les faits, il y a assez peu de gens qui puissent capter la télé par Internet en ADSL. Même moi, qui suis à 700 mètres de Paris, j'ai encore un débit dérisoire.

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  5. De toute façon tu as raison, ce qui compte c'est le point d’entrée et qui contrôlera la pub. Peu importe la technologie derrière.

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