Ce ne sont pas les blogs qui meurent mais la blogotruc qui bouge

On parle beaucoup de blogage par les temps qui courent et Yann nous fait un petit résumé. Jean Véronis viens de faire un nouveau billet sur la mort des blogs.

Quant à moi, je me pose des questions. Je racontais récemment que je m’étais abonné un tas de blogs geeks pour trouver du contenu à coller ici. L’expérience ne dure pas depuis assez longtemps pour que je puisse en tirer un quelconque enseignement. Néanmoins, un fan de blogs geeks a commenté mon billet. J’ai répondu, conformément à la tradition mais je pense qu’on pourrait en tirer quelques éléments de réflexion, notamment par le fait que les geeks sont souvent précurseurs, dans les évolutions.

Le type est venu chez moi parce qu’il pensait que je critiquais SA blogosphère. Il semblait totalement hermétique aux autres blogs comme s’il en ignorait l’existence. Sans doute un des gugusses qui ont braillé lorsqu’un blog tricot est devenu premier au classement général, vers juin dernier, chez Wikio.

Je ne sais pas s’il a un blog. Le cas échéant, il aurait pu avoir le courage de laisser son adresse.

Dans ce billet, je racontais comment j’avais sélectionné une quinzaine de blogs pour m’y abonner et mon sentiment global sur « la blogosphère geek ». Je vais donc reprendre ce que ce geek dit de mon billet et l’analyser avec mon œil pervers…

« Je trouve ça assez drôle de critiquer les "autres". »

Merci. En principe, j’essaie d’être drôle mais ça n’est pas toujours facile.

Ce blog aura quatre ans et demi dans 9 jours. Depuis près de trois ans, je ne fais qu’y parler de machins comme Twitter, Facebook et… de blogs. Ma série sur les conseils de blogage date de juillet 2007. Elle est basée sur l’analyse des blogs que je lis. Il est temps de venir me reprocher de critiquer les blogs.

« Je trouve ton blog particulièrement illisible. Comme quoi, c'est subjectif. »

Ce n’est pas subjectif. Surtout, je n’ai parlé de la lisibilité des autres blogs mais de leur organisation. Si ce type veut prétendre que l’organisation de mon blog n’est pas limpide, il peut. C’est la même organisation que mon blog politique, une profonde austérité que j’ai piquée à mes illustres prédécesseurs zinfluents.

« Concernant l'intérêt des sujets, je les trouve aussi nuls voir inintéressants que sur les autres. Tu parles de la même chose, au même moment. Bref, peu, très peu d'innovation et de créativité (ex: drag & drop Gmail ...). »

Le billet racontait que je m’abonnais à mes éminents confrères pour rechercher du contenu utile. Je n’ai pas les capacités à innover et à créer : c’est le fond de commerce des autres. Si le type ne trouve pas mes billets intéressants, il peut ne pas lire mon blog.

Le propos est donc ridicule pour la forme et pour le fond. J'ai dit que le contenu de certains blogs ne m'intéressait pas, pas que les blogs étaient inintéressants...

FalconHill et mtislav m’ont demandé récemment comment je pouvais faire certains trucs dans mes blogs. Je les ai envoyés lire le billet que j’avais fait sur le sujet. Je fais donc des billets intéressants puisque utiles à mes plus vieux et plus proches lecteurs.

« Bref, tu peux t'amuser à critiquer, c'est ton droit et parfois ça fait plaisir, c'est même marrant. »

Je n’ai fait aucune critique individuelle, je m’interroge sur la blogosphère, en général, ce qui est un des objets du présent billet. Je me demande si le type en question y a réfléchi autant que moi… Et la connait autant.

« Autant, quand même, faut quand même regarder un peu devant sa porte ;) »

Devant ma porte, il y a un joli paillasson. Mes trois blogs ont la même tronche et connaissent un certain succès. Toujours sur la même idée : un sujet que je connais moins que les blogueurs spécialisés que je traite selon ce qui me passe par le crâne. Ce qui me permet de raconter des conneries.

C’était l’objet de mon billet sur l’iPhone 4GS, ce matin. Pas de sujet. Pas de verbe. Pas de complément. Ca m’a beaucoup amusé de le rédiger. Ainsi, mon premier (et unique, à cette heure) commentateur vient là pour déconner, ce qui me va très bien. Il a gagné un lien (et un abonné, je ne sais pas trop où j’avais la tête, j’avais oublié de m’abonner avant).

Je vais résumer mon précédent billet, celui qui est l’objet du commentaire que j’épluche : « la blogosphère geek » est très différente du « reste de la blogosphère » non seulement sur le fond, ce qui est normal, mais aussi sur la forme.

Sur toute la forme, d’ailleurs. En tout début d’après-midi, Wikio a annoncé, dans son blog, l’acquisition de Neotia. Je m’en fous, mes lecteurs aussi. Moins d’une heure après, l’information était reprise par un des blogs geeks auxquels je suis nouvellement abonné, sans aucun lien vers le blog de Wikio (je suppose qu’ils ne sont pas en compétition pour leurs classements !). La diminution des liens est connue, elle explique la perte de poids des blogs geeks dans le classement général Wikio.

Il n’empêche qu’à force de copier des dépêches d’officines d’information en ligne et de supprimer ce qui unit les blogs, les liens, c’est tout une blogosphère qu’on enterre dans une espèce de fuite en avant.

Je ne voudrais pas que la blogosphère politique connaisse la même évolution mais, pourtant, je trouve que le nombre de liens baisse (vous pouvez plus ou moins vérifier par les statistiques, ici) et l’évolution des rapports entre les journalistes, les éditorialistes et les blogueurs politiques est significative d’une mutation de la blogosphère politique.

On est mal barrés.

Dans les commentaires au billet de Jean que je cite en introduction, le leitmotiv semble devenir « les blogs doivent s’adapter ». Il y a, par exemple, Epamin, sympathique commentateur que j’ai croisé chez Le Coucou, qui dit : « Je pense, en effet, qu'il nous faudra nous adapter si l'on veut que soient pérennes nos blogs personnels ».

Je ne crois pas. Parce qu’alors, les blogs personnels ne seront plus les blogs personnels. Mon loisir tourne autour des blogs personnels, pas de la communication politique. Le blog reste le meilleur moyen de produire du contenu. Personne ne lit le contenu dans facebook. D’ailleurs, dans mon propre compte face book, seul les billets de mon blog « divers » sont commentés, parce que j’y plonge au cœur du système Facebook : je raconte des histoires de copains, des cuites, des bêtises…

Pour garantir la pérennité de blogs personnels, il faut d’abord s’assurer qu’ils restent des blogs personnels !

Après on peut s’amuser à compter le nombre de visites (Jean explique très bien qu’un nombre de visites ne fait pas un nombre de lecteurs, ce qui n’est pas calculable), à jouer avec des outils de référencement et de classement de blog. Mais est-ce le plus important ?