31 mars 2010

Des mots pour le web

Le secrétariat d’état à la Francophonie a lancé un concours sur Internet pour franciser les mots qu’on emploie maintenant sur Internet et qui viennent de l’anglais : chat, buzz, newsletter, … J’arrive après la bataille : les résultats ont été annoncés hier.

Ma première réaction en voyant les dépêches d’actualité, ce matin, a été de me demander de quoi se mêlait le gouvernement ! Je croyais que la « définition » de la langue Française était du ressort de l’Académie et que les dictionnaires n’en faisaient qu’à leur tête. Ou la tête des usagers pour les encyclopédies en ligne comme Wikipedia.

Néanmoins, l’initiative a un côté sympathique et la lancer, via la Francophonie, c’est-à-dire avec les gens des autres pays où le français est usuellement parlé, a un côté sympathique. Je ne ferai donc pas de billet politique pour dénoncer la communication gouvernementale. D’ailleurs l’opération a eu assez peu de communication. Doit-on le déplorer ?

Cela dit, ça me parait assez inutile, je vois mal le Petit Larousse ou Robert (ou Roger ou Marcel, …) et l’Académie prendre en compte un sondage par Internet.

Etudions les mots proposés un par un.

Tuning : je m’en fous, je ne l’utilise jamais. Pour le boulot, je fais des « réglages » ou des « ajustements ». Jamais personne ne fera du « bolidage » comme proposé.

Chat : je m’en fous aussi, je n’en fais que rarement. Je ne vois pas l’intérêt d’afficher une préférence pour la communication écrite et de le faire dans l’instantané. Quand je veux discuter avec quelqu’un, je vais au bistro. « claverbiage », « cybercommérage » ou « toilogue » on été retoqué par le politburo. C’est heureux. Par contre, « éblabla » et « le tchatche » ont gagné. Ce n’est pas spécialement heureux.

Buzz : ah ! Ca m’intéresse plus. Il n’a pas d’équivalent à part : « information qui fait de plus en plus de bruit sur le net ». « Buzz » me plaisait bien. C’est « ramdam » qui a été retenu ce qui est bien dommage, ça n’a rien à voir et en plus ça a une connotation péjorative en insinuant un dérangement. Or quand le buzz ne m’intéresse pas, je peux zapper, ça ne m’empêche pas de dormir. Et en plus, ça pourrait fâcher ma clientèle réactionnaire, ramdan venant de « ramadan ».

Newsletter : « infolettre » a été préféré à « niouzlettre », « inforiel » et « journiel » qui sont en effet également totalement grotesque, comme « infolettre ». « Mail périodique d’information » aurait été bien. Mais « Newsletter » mieux…

Talk : pour ceux qui ne savent pas de quoi il s’agit, c’est une espèce de causerie ou de débat. « Finalement, le jury a retenu le mot d’un élève ingénieur des Arts et métiers à Paris : « débat » ». Ah ! Il faut bien un élève ingénieur pour faire un choix à peu près cohérent.

Heureusement qu’on a un Ministère de la Francophonie. Mais bientôt, nous ne serons plus geeks mais « jeunes cons amateurs accroc aux gadgets et aux nouvelles technologies ». Or je ne suis pas jeune.

(Lecture complémentaire : ici)

15 commentaires:

  1. Alors qu'il aurait suffit d'ouvrir un dictionnaire québécois et on était tranquille... pfuuuu !

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  2. Dada,

    Le "Québécois" est fort sympathique mais beaucoup de mots ou d'expressions ne sont pas vraiment Françaises... même s'ils ont beaucoup moins d'anglicisme que nous.

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  3. Au Québec, ils ont une équipe qui surveille les nouveautés technologiques et qui leur invente un nom français avant qu'elles ne soient sur le marché. C'est quand même autrement plus intelligent comme démarche !
    :-))

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  4. @Poireau: la France a aussi ça, avec Franceterme:

    http://franceterme.culture.fr/FranceTerme/index.html

    L'approche est en principe pragmatique: on propose des mots qui ont une chance de survivre, et on les balance dans la nature. Les utilisateurs suivent... ou pas.

    Le boulot est cependant énorme: avant de proposer un équivalent français, il convient de savoir vraiment de quoi l'on parle en anglais. Comment rendre, par exemple, "cloud computing"?

    Et perso, j'aime bien "infolettre". "Bolidage" est savoureux, mais me semble impropre: le "tuning" ne consiste pas seulement à rendre sa bagnole plus rapide, me semble-t-il.

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  5. C'est marrant qu'au nom de la défense de la langue française de nos ancêtres les gaulois, on introduise un mot d'origine arabe (ramdam) pour remplacer un mot d'origine anglaise (buzz)...

    Cela dit je m'en bats l'oeil, pour moi un buzz c'est autre chose ;-)

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  6. Poireau,

    Pas d'accord ! La langue doit venir de la rue, pas d'une équipe de technocrates !

    DF,

    Le "tuning" est un mot qu'on emploie souvent en informatique.

    Etnyk,

    On s'en fout.

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  7. Nicolas : ça se discute ! La langue vient aussi des médias ! :-))

    [Cela dit, on a toujours eu des anglicismes qui finissent absorbés et francisés. Des allers-retours amusants par exemple, l'histoire du mot Tunnel est exemplaire ! :-)) ].

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  8. Désolé pour le retard de commentation : mais franchement, franciser ces mots me hérisse les poils.

    Ce souci permanent trahit une peur puérile pour son propre langage, un complexe d'infériorité, le meilleur hommage qu'on peut lui rendre, à son propre langage, est de dire que ce ça ne risque rien, de dire "chat" au lieu de claverbiage (beurk).

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  9. On est d'accord. Mais bordel arrête de faire mes archives le soir de mon anniversaire alors que je suis obligé de répondre du bistro avec un iPhone débile.

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  10. Arg ! Ma réponse à Balmeyer était pas passée. Je disais : d'accord.

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