Le portail était fermé

Patrice nous rappelle l’histoire du net dans un long billet pour expliquer comment on en est arrivé là !

Je n'ai pas fini la lecture, mais un paragraphe me rappelle une conférence que j’ai suivie, vers 2000 ou 2001. On devrait d’ailleurs toujours se souvenir des conférences auxquelles on a participé pour mesure le nombre de conneries qui y sont dites.

« Le principe « permettre à chacun d’accéder à tous les documents » établit la première frontière du Web et guida sa première expansion. Pour l’essentiel, cette phase s’étendit de 1994-95 à 2003-2004. Elle correspondit au développement massif d’un Web pyramidal, dans lequel un petit nombre réalisait, organisait et distribuait les contenus que la majorité consommait. Le portail et le moteur de recherche en étaient les produits clés ; HTML et PHP les technologies principales ; l’accès à l’information l’usage privilégié. »

Nous en étions à une espèce de balbutiement de la toile, Google ne régnait pas en maître, Altavista trustant les recherches, aidé par Copernic, sa mère. Les sites institutionnels regorgeaient mais les machins sociaux n’existaient pas. C’était le web 1.0. Bossant dans l'informatique, je naviguais du bureau. Ca me suffisait bien mais j’avais décidé d’acheter un vrai PC pour la maison et de m’abonner à Internet.

Et ce type nous présentait les « portails ». Pendant une heure et demie, il nous a parlé des portails. Il nous décrivait ça comme la solution d’avenir, on pourrait organiser nous même notre entrée dans le web, notre page d’accueil, … On y comprenait rien, c’était bien. Ce type était un Dieu vivant d’Internet. Maintenant, 10 ans, on comprend. Et on se rend compte que ce type avait tout faux. Qu’il n’avait pas deviné qu’un môme de 10 ans pourrait se créer ses propres pages web et que ma mère lit mon blog, même que je ne peux même pas y raconter toute les conneries de Didier Goux quand il est bourré car il est fort probable que j’ai moi-même une certaine dose d’alcool dans le sang, ce qui n’était pas vraiment le cas hier mais je m’égare.

Deux ou trois ans après, j’installais le PC de la mère en question avec son abonnement Internet, devenu, depuis un de nos principaux moyens de communication !

Et ce type nous parlait de portails en nous disant : c’est l’avenir, vous verrez, c’est merveilleux. Cette andouille n’avait pas vu venir les blogs, les sites de partage de vidéo et de musique, Twitter et, surtout, « les flux » qui sont à l’informatique d’aujourd’hui ce que François Premier était à la Renaissance.

Mais on le croyait. On ne savait pas à quoi servaient les portails car on n’y comprenait rien mais on y croyait.

Et maintenant, les gourous nous disent que Twitter va apporter la révolution.

Je m'étais donc acheté ce PC et surtout ma première connexion à Internet. Quelques années plus tard, mon hébergeur, AOL, m'a posé la question : "Voulez-vous créer un blog ?". Je ne savais pas ce que c'était à part quelques rumeurs.

Et j'ai dit oui. Le portail était défoncé.