Dans un récent billet, je vous ai annoncé la sortie prochaine de Google Chrome OS !
Microsoft n’a pas tardé à répondre à mon billet en annonçant Microsoft's Gazelle browser.
C’est marrant, les geeks, qui ont une dent contre Microsoft, en ont moins parlé que du machin Google.
Je n’ai pas lu l’article que je vous mets en lien car il est en anglais et que ça me gave pendant les heures de loisir… J’ai donc lu l’introduction uniquement. Microsft’s Gazelle browser n’est pas un système d’exploitation mais un nouveau navigateur, un peu comme internet explorer, Firefox et… Google Chrome.
Microsoft est parti d’un constat : prochainement, le système d’exploitation ne sera plus le centre de l’utilisation de l’ordinateur, ça sera « le navigateur » c'est-à-dire le bazar qui vous permet d’accéder au web pour regarder mon blog, vos comptes bancaires, le blog de Gaël, des films de cul, les Twits de LaetSgo par exemple.
Vous n’êtes pas Geek ? Ce n’est pas grave, moi non plus : je vais vous expliquer. Vous êtes Geek ? Vous pouvez lire quand même, je trouvais bien le moyen de caser deux ou trois jeux de mots et vous comprendrez peut-être qu’avant de taper sur Microsoft vous devriez réfléchir au modèle économique de l’informatique des 20 prochaines années.
Vous vous rappelez, il y a une bonne trentaine d’année ? Les micro-ordinateurs n’existaient quasiment pas… Séquence émotion, c’est à 13 ans, je crois, en 1979, que j’ai commencé à bricoler sur micro (on commence à bricoler beaucoup de trucs, à cet âge, y compris à la force du poignet), sur le Goupil 1 du club d’informatique de mon père. Depuis, les micros ont connu la carrière que vous connaissez…
Dans le monde professionnel, il n’y avait pas de micro. Votre banquier, par exemple, avait un vulgaire terminal, un peu comme les minitels de nos grands-mères (ah ! non ! c’est arrivé après), qui était connecté à un gros ordinateur, quelque part dans les sous-sols du siège de la banque.
Le terminal est un machin idiot, avec juste un clavier pour envoyer des caractères à l’ordinateur dans le sous-sol du siège et un écran pour afficher directement les caractères transmis par cet ordinateur. Aucune intelligence en local. Vous coupiez le fil reliant le terminal à l’ordinateur, le terminal ne savait plus rien faire. Vous pouviez alors éteindre le terminal et aller au bistro.
Depuis, les microordinateurs se sont développés et les banquiers ont choisi d’en équiper leur agences mais internet n’existait pas, ils ont donc développé des « émulateurs » qui permettaient d’utiliser un PC pour simuler un terminal. Puis, ça a encore progressé, les applications ont encore progressé, …
On en trouve encore ! Tiens ! Hier soir, j’ai été payé mon assurance. Mon assureur a utilisé un vieux machin dans un PC tout neuf pour saisir mon règlement. L’autre jour, j’ai accompagné ma mère pour acheter des étagères. Dans le magasin tout neuf, c’est un « vieil émulateur » qui était utilisé pour que la vendeuse saisisse l’achat pour prévenir la caisse puis l’entrepôt pour qu’ils apportent le bazar. Vous vous demandez peut-être pourquoi on voit encore ces vieux machins en 2009. La réponse est simple : une « jolie interface » coûte très cher à développer par rapport au nombre d’utilisateur. Par exemple, mon assureur ne va pas refaire son informatique pour faire plaisir aux 2 ou 3000 vendeurs qui n’en tirent aucune valeur ajouter, un assureur passant la moitié de sa vie à écouter pleurer des mômes à qui on a piqué la mobylette.
Reprenons…
Internet est arrivé (et les technologies qui vont avec), bien lent ! Je me rappelle mon premier modem à 14 Kb/s ! Maintenant, à la maison, ca va 300 fois plus vite (alors que ça date seulement d’une douzaine d’années).
Les entreprises ont commencé à utiliser Internet mais c’était un peu lent. Ils ont donc installé des applications sur les ordinateurs, dites « clients lourds ». Tiens ! Vous, vous avez peut-être installé un truc comme Outlook pour gérer vos mails. C’est un vrai logiciel, bien gros et gras à souhait, qui va chercher vos mails sur le serveur de votre fournisseur, les stocke sur le disque et les affiche à l’écran quand vous cliquez dessus.
La technologie s’est développée (pas seulement la vitesse mais tous les bazars technologiques que je fais semblant de comprendre quand je vais en réunion pour le boulot)… On a perdu l’habitude d’utiliser Outlook pour lire ses mails, on va directement sur le serveur du fournisseur à partir du navigateur.
Puis, gmail est arrivé ! Ca n’est qu’un exemple… Mais gmail est bien plus agréable à utiliser que tous les « clients lourds » (type Outlook, Lotus Notes, …) utilisés en entreprise.
Tiens ! Changeons d’exemple. Avant pour regarder une vidéo, il fallait la télécharger puis utiliser un logiciel ad hoc pour la regarder. Maintenant, vous regarder ça à partir de Dailymotion ou Youtube (il y a même une vidéo sur le site de la Comète). L’occasion de rappeler à quoi point la loi Hadopi est grotesque ! Ce n’est évidemment pas à l’usager de subir pour ce qu’un type met à sa disposition illégalement…
Reprenons. La technologie progresse, la vitesse s’accroit, les débits montent ! Bientôt, la plupart des applications seront de type internet, comme gmail, Dailymotion, Youtube mais aussi Google Docs qui pourrait remplacer Word, Excel, …
Votre micro n’aura plus d’application. Son intelligence ne lui servira qu’à tirer profit d’internet pour échanger avec l’ordinateur utilisé comme serveur, hébergeant vos applications, …
Votre micro n’est plus que l’équivalent du terminal de votre banquier d’il y a trente ans… Il dispose d’une intelligence formidable pour convertir des signaux électriques qu’il reçoit en quelque chose de vivant à l’écran (ou dans le haut parleur)… Mais que faisait d’autre le terminal du banquier ? Allumer des petits points pour former des caractères en fonction des signaux électriques que lui envoyait l’ordinateur central de la banque…
La boucle est bouclée.
Je vais prendre un autre exemple pour être sur que ça va rentrer dans votre cerveau ramolli si vous lisez ce billet demain matin, c’est-à-dire après la cuite du vendredi. L’iPhone ! Je ne connais que ça comme « téléphone machin moderne » mais les autres sont pareils. Au départ, vous preniez le téléphone pour téléphoner. Ensuite, vous accédiez à internet en ramant en GPRS, puis en 3G, puis en Wifi. Vous accédiez en ramant à vos comptes Twitter et Facebook en ronchonnant. Ils ont créé l’iPhone et ses applications qui sont bien en local, dans le téléphone, et qui échangent avec l’ordinateur dans le sous-sol des maisons Twitter et Facebook pour vous afficher des beaux écrans. Bientôt, avec la 4G, la 3G ou le point G, ces applications seront inutiles et vous pourrez aller sur Facebook et Twitter directement à partir d’Internet.
Ainsi, dans votre micro, le système d’exploitation perd de l’importance par rapport au navigateur (le browser) qui lui a tout le boulot à faire : traduire ce qu’envoie le serveur (l’ordinateur du sous-sol) en machin qui peut s’afficher à l’écran ou faire des bruits incongrus par les haut-parleurs.
C’est là où repose la bataille que se mènent nos deux géants, Microsoft et Google. Google semble en avance et Microsoft semble freiner des quatre fers… Normal ! Microsoft gagne des sous en vendant des applications et des systèmes d’exploitation ! Néanmoins, l’annonce de Microsoft’s Gazelle ne m’a pas vraiment surpris… On ne pouvait pas croire qu’ils avaient perdu une guerre.
Apple bosse certainement aussi ! Si le système d’exploitation ne sert plus à rien et que tout est fait par les serveurs, les spécificités d’Apple qui font sa force n’auront plus aucun intérêt.
Vous ne savez pas ce qu’est un système d’exploitation ? C’est simple. Imaginez un camion avec des futs de bières. Ca ne sert à rien. L’important est que la barmaid de la Comète puisse remplir mes verres ce soir avec le sourire. C’est l’application : servir des bières avec le sourire. Le camion avec les futs de bière n’est qu’un moyen. C’est le système d’exploitation : on s’en tape royalement. Si la bière était livrée comme l’eau par des tuyaux dans la rue, la barmaid pourrait aussi me servir des bières avec le sourire !
Et comme on se tape du système d’exploitation (rappelez-vous, j’avais fait un billet à la gloire de Vista, récemment) et que seules les applications nous intéresseront, on se tapera bientôt de tous les machins qu’on peut installer sur les postes de travail, les antivirus, les plug-ins, les widgets, … Seul le serveur – et le FAI - aura le boulot à faire : s’adapter au navigateur, protéger les intérêts des clients (pour ne pas les perdre, pas pour le plaisir !), …
Tiens ! Un ce ces jours flickr, Picasa et Facebook communiqueront directement avec votre appareil photo que vous aurez connecté par Wifi à votre PC pour archiver vos photos numériques…
Un modèle économique à revoir...