«
Les gens qui n’aiment (vraiment) pas le football - j'entends, presque idéologiquement - n’ont pas beaucoup d’imagination. » quand j’ai lu le début
du billet d’Harald un mauvais pressentiment : je me suis imaginé une attaque en règle contre les ceusses qui critiquent le foot.
Je me suis trompé. Le billet est excellent, comme toujours. On dirait du Dorham. Lisez-le. Il est très pédagogique.
Mais je porte ma croix : je n’aime pas le foot.
Arg ! Ne me frappez pas. Je vais illustrer : je n’aime pas les salsifis. Il ne me viendrait jamais à l’idée de me faire des salsifis à la maison. Quand on m’en fait, je les mange. Des fois, même je le fais volontairement. A la cantine, par exemple, si les légumes verts ont une sale tronche et qu’il n’y a pas de patate (n’oubliez pas mes origines bretonnes), je mange des salsifis. Vous voulez une autre illustration ? Tiens ! Je n’aime pas les navets. Il ne me viendrait jamais à l’idée de me faire des navets à la maison… Ah ! Je vois que vous avez compris.
« Le football, selon eux, est un jeu qui consiste à réunir 22 imbéciles en short sur un terrain pour les faire courir après un ballon. » Pas du tout. Je connais relativement bien le football. Je pourrais même expliquer le hors jeu. Je pourrais même faire un billet de trois pages sur ce qui motive cette règle. Mais je ne vais pas le faire, car je m’en fous.
Je vous rappelle que j’ai été consultant pendant 20 ans, il me fallait discuter avec les clients de leurs sujets de préoccupation qui n’étaient pas uniquement ce pourquoi ils payaient grassement mon patron.
Très récemment, au bistro, deux spécialistes – autoproclamés, comme une partie des français – discutaient des chances d’untel de finir en tête de je ne sais plus quoi (je vous l’ai dit : je m’en fous), sur la base de la valeur respective des buts marqués à l’extérieur et ceux à domicile. Ils ont sorti une connerie qui m’a sauté aux yeux. Je les ai démenti, ils m’ont dit « toi, tu n’y connais rien… ». Je leur ai dit « vous me faites chier, demander à n’importe qui ! » Nous étions seuls dans le bistro, j’ai regardé dans l’iPhone. Je leur ai démontré qu’ils se plantaient rien qu’en ouvrant le Parisien qui présentait le match. J’aurais néanmoins eu l’air moins con, si j’avais pris le Parisien papier qui se trouvait sur le comptoir et pas l'application dans l'iPhone.
A noter, que là, à froid, quelques semaines après (je suppose qu’il s’agit de matchs de l’équipe de France en Coupe d’Europe), je serais totalement incapable de me rappeler quelle position j’ai défendu. C’est dans le cœur du problème que je peux intervenir.
Donc, je connais le foot plus qu’Harald voulait nous le démontrer.
Je n’aime pas le foot mais je vais volontiers voir des matchs avec des potes au bistro. J’adore l’ambiance, surtout dans les petits rades, comme l’Aéro. Avec tous ces gens qui crient, qui donnent leur avis.
Djibril est très fort en commentaire sportif ! Nous formons une très bonne équipe de commentaires sportifs. L’autre jour, pendant l’avant-dernier match de l’équipe de France (je crois, je vous ai dit que je m’en foutais), un type a marqué un but contre son camp. Djibril était le premier à le voir… J’étais en train de commencer la rédaction d’un machin dans twitter. J’ai tapé : « But contre son camp » puis « envoyer ». J’étais le premier à twitter cette information sportive !
Il est probable que je regarderai tous les matchs de l’équipe de France (je sais, je risque de ne pas en voir beaucoup mais on ne sait jamais) et probablement tous les matchs à partir des quarts de finale (au moins ceux qui ont lieu aux heures de bistro).
Alors je vais répondre à Harald quand il écrit « Les gens qui n’aiment (vraiment) pas le football […] n’ont pas beaucoup d’imagination. […] Ils essaient d’en dégoûter les autres avec le même argument archi rabâché : […] C’est un jeu qui consiste à réunir 22 imbéciles [...] pour les faire courir après un ballon. »
Un fan de football est incapable de se mettre dans la peau d’un type qui n’aime pas le foot. Ca dure plusieurs semaines. Les gens ne parlent que de ça dans les bistros ou au boulot. Il y a forcément un gugusse à côté toi qui va te demander : « Alors tu as le match hier ? » ou alors « Ils ont bien joué cette fois, non ? ».
C’est l’enfer.
Alors j’ai développé un truc qui marche dans 95% des cas. Je l’ai appris à Tonnégrande qui le pratique aussi très bien. Nous avons un numéro de duettistes parfait.
« Ils ont bien joué cette fois, non ? » me demande une andouille. Je réponds : « Bof, le milieu de terrain n’a pas été terrible ». Ou le contraire, je m’en fous : « Ouais ! Le milieu de terrain a quand même été meilleur ». Tonnégrande abonde dans mon sens. L’autre type, alors, sera d’accord avec vous.
Presque systématiquement alors que vous avez sorti un truc au hasard. Il faut toujours parler du milieu de terrain. Les gens ne savent pas ce que c’est. Ils arrivent vaguement à juger de l’attaque et peu de la défense. Le milieu de terrain, ils sont perdus.
Avec Tonnégrande, alors, on rigole. On est sorti de l’enfer et l’autre y sombre car il ne comprend pas.
Le milieu de terrain, toujours.
La phrase n’est pas : « C’est un jeu qui consiste à réunir 22 imbéciles pour les faire courir après un ballon.»
Plus exactement, en période de foot intensive, dans 95% des cas, les imbéciles ne sont pas sur le terrain. Pas toi, cher lecteur ! Je ne doute pas que tu sois spécialiste. Ou que tu n'aimes pas le foot.