15 décembre 2012

L'actualité par Internet en 2017 ?

En tant que blogueur politique, je m’interroge beaucoup sur l’évolution de la diffusion de l’information au cours des prochaines années, notamment en vue de l’élection Présidentielle de 2017. Il est probable qu’Internet devienne la première source d’information pour le grand public, mais sous quelle forme ? Les évolutions technologiques vont très vite et on ne regarde jamais dans notre rétroviseur.

La politique sur Internet a explosé en 2005, à l’occasion du referendum sur le traité Européen. Etienne Chouard avait un site web qui faisait référence pour les nonistes. Il y développait des tonnes d’arguments. Ce n’était pas un blog. Les blogs politiques engagés ont commencé à se développer quelques années après, vers 2007. Twitter (et Facebook, mais je l’utilise assez peu pour la politique)  a connu un boum début 2011, observé à l’occasion des printemps arabes puis de l’affaire DSK, date de moins de deux ans. Les tablettes ont réellement démarré depuis la sortie de l’iPad 2, il y a un peu plus d’un an.

Chacun devrait évaluer les modifications apportées dans sa manière d'aborder l'information en ligne et de mettre bout à bout toutes les évolutions de ses usages, en trois ou quatre ans. Un exemple au hasard ? Moi... Je me suis mis à utiliser une application sur iPhone, News Republic, pour faire un rapide aperçu de l'actualité politique. Du coup, quand j'ai eu l'iPad, je l'ai téléchargée aussi. Conséquence : je me suis mis à utiliser les applications des journaux, notamment le Figaro, le Monde et, un peu moins, le Parisien et 20minutes. Autre conséquence : je me suis aussi mis à une application pour lire les blogs sur la tablette (au lieu de passer par Google Reader). Progressivement. J’ai transféré ces usages vers le smartphone. Le tout en moins d'un an.

Que peux-t-on imaginer pour les deux ou trois ans à venir ?
A peu près sûrement :

1. La fracture numérique va continuer à se réduire. 80 ou 90% des gens  auront un point d'accès à Internet sur toutes les classes et toutes les catégories sociales.

2. Les tablettes vont exploser. On en trouvera de bonnes à moins de 100 euros. Les smartphones vont continuer à prospérer.

3. Les conditions d'accès à Internet vont s'améliorer partout. Y compris dans les transports en commun.

4. Les techniques de ciblage de contenu et de son intérêt (analyse sémantique, comptage des likes et partages) vont se développer (je ne sais pas à quoi ça va servir ou "comment" ça va servir.

5. Les fournisseurs de contenus traditionnels (journaux) vont développer leurs applications pour "capter" les clientèles et détruire les « agrégateurs de contenus » (voir la taxe Google dont on parle actuellement qui est une aberration mais qui est nécessaire pour le long terme pour les sites d'information).

6. Le contenu n’atteindra pas le grand public (quel intérêt de prendre un abonnement chez Médiapart si la presse gratuite reprend les informations ?)..

7. Peut-être à plus long terme, la télévision par internet va également exploser (la télé sera un navigateur comme un autre). Il y aura un tas de conséquences (publicités ciblées,...) mais une m'intéresse ici : les fournisseurs (Apple et Google) sauront exactement ce que regardent les gens ! Adieu Mediametrie qui permet de déterminer le prix des publicités et donc des programmes d'information...

8. Conséquences du dernier point et de l'explosion des tablettes : ces dernières que vous aurez au salon sauront ce que vous regardez et de quoi parlent les types dans le poste. Vous aurez sur votre tablette des machins en rapport avec ce qui passe à l'écran mais aussi en fonction de vos usages d’Internet.

9. Le Cloud va se développer. Le PC, la tablette, la télé et le smartphone seront parfaitement synchro et, surtout, l'ordinateur ne sera plus utilisé pour stocker des données.

A partir de là on peut tout imaginer. La télé parle de l'UMP et le PS vous envoie en direct sur le smartphone des arguments.

Plus hypothétiquement :

1. Les gens vont se lasser de l'information immédiate. Tiens ! La guerre à l'UMP continue mais qu'est-ce qu'on en a à foutre ? Le seul truc important est la force de ce parti à la rentrée prochaine pour préparer les élections municipales.

2. En conséquence, les réseaux sociaux vont perdre de l'intérêt auprès du grand public pour ce qui concerne le suivi de l'actualité (ils auront d'autres moyens de détecter l'information intéressante, voir plus haut, le petit 4 et les outils de ciblage). Exemple : hier, j’ai appris dans Twitter la tuerie dans une école aux USA. J’ai vite vu que les informations de Twitter ne tenaient pas la route et constaté que le direct du Monde et de 20 Minutes étaient bien plus précis (en donnant le niveau de crédibilité de l’information).

3. A contrario, grâce à Facebook et Twitter, les gens prendront l'habitude d'exprimer leurs opinions sur le web.

4. Les diffuseurs de contenu vont affiner leurs méthodes pour cibler le public. Par exemple, les sites de presse pourront mesurer le temps passé sur chaque article par les gens et évaluer ainsi l'intérêt.

5. Les applications vont se renforcer et apparaître sur les ordinateurs de bureau (du moins l'utilisateur ne fera plus la différence entre une application et une page web. HTML5 est magique...).

Affinons les prévisions avec ce que je crois...

1. Dans la bataille que se mènent les géants, Microsoft va revenir malgré l'image un peu ringarde qu'il se tape auprès des geeks. Je n'ose pas imaginer que le management de cette boutique soit devenu taré.

2. Google va gagner la bataille des navigateurs, par contre. Les gugusses de Bruxelles qui au nom de la concurrence empêchent Microsoft de privilégier son navigateur devraient y réfléchir : on aura bientôt le même navigateur dans la télé, la tablette, le smartphone et le PC.

3.  Les PC ressembleront aux smartphones et tablettes. Windows 8 est un bon exemple : des interfaces identiques mais des technologies différentes car les usages sont différents. Apple aussi (je ne connais que l'iPad et l'iPhone, pas vraiment les ordinateurs) : l'iPad et l'iPhone se ressemblent : les applications sur les écrans d'accueil, l'utilisation,... Par contre, les applications sont différentes pour tenir compte des spécificités des usages, des tailles,... Ce matin, un geek commentait mon billet à propos de l'application Google Maps sur iPhone et regrettait qu'elle ne soit pas disponible sur iPad. Point de vue de geek. Dans la pratique, je ne me promène pas dans la rue avec un iPad mais avec un iPhone. L'application sur iPad est utile mais reste un gadget alors que l'application sur iPhone est nécessaire pour éviter de devoir se promener avec une carte, de demander son chemin…

4. Apple reste néanmoins le mieux parti pour représenter tout le tour du matériel (télé, iPad, iPhone et iMac). Les trois gros vont donc rester : Google, Microsoft et Apple. Par contre, Facebook a du mouron à se faire (mais à d’autres atouts).

5. Google va gagner la bataille d'Internet grand public. Microsoft et Apple ont foiré dans le domaine du réseau social. Si Google n'avait pas raté un détail de son application gmail pour iPhone (on ne peut pas s'identifier dans le navigateur interne pour commenter un blog Blogger...), je l'aurais déjà adopté comme application de messagerie principale sur mon iPhone et mon iPad.

6. Facebook ne restera pas hors de course. Ils ont commencé à modifier leur stratégie discrètement : ils multiplient les applications pour smartphone. Outre la principale, j'en ai une pour mes messages et une pour les pages. Par ailleurs, ils ont de l’avance dans la « bataille de l’identification » (par exemple la manière avec laquelle les gens se connectent quand ils commentent dans les sites d’actualité).

7. Les réseaux sociaux vont se recentrer sur eux-mêmes. Twitter fournira directement l’analyse de ses bases de données, par exemple, pour indiquer les sujets qui buzzent.

8. Le modèle économique de certains, comme Twitter, est totalement incertain. Microsoft est maqué avec Facebook mais qui sait si Apple, qui n’a pas de réseau social, n’aurait pas intérêt à racheter Twitter…

Trêve de supputations... Sauf pour l'information politique.

Ce qui m'intéresse est bien l'information grand public, ce qui est déterminant pour le vote, pas ce qui tourne dans nos cercles d’initiés ou dans la presse politisée. Osons quelques paris…

Pari 1 : les tablettes se généralisant, elles seront le premier support d’information, avec la télé. C’est une évidence mais c’est important : c’est là que va se jouer la bataille entre les industriels, les éditeurs, les fournisseurs de contenu…

Pari 1 bis : les tablettes vont dépasser les PC, tout l’usage des réseaux sociaux se feront à partir de tablettes (complétées par les smartphones). Nous, on est des geeks, on le sait, mais les tablettes vont arriver aux mains des utilisateurs lambda.

Pari 2  : les wallets (porte-monnaie électroniques) vont se développer et il deviendra possible d’acheter facilement des articles pour 20 centimes en deux clics…

Pari 3 : les modèles payants s’en sortiront s’ils ont du « spécifique ». C’est le cas de la presse locale mais aussi de journaux qui sont réputés pour quelque chose : leurs mots croisés, leurs pages « courses de chevaux »,… Ce n’est pas à négliger : on ne connaît pas le nombre de gens qui achètent le Parisien pour ses les courses et je fais partie de ces gens qui achetaient (occasionnellement) France Soir parce qu’ils avaient les « meilleurs » mot fléchés.

Pari 4 : on pourra écrire « définitivement » à la main (avec un stylet ?), sur les pages des applications de presse (comment voulez-vous faire des mots croisés ou rayer des chevaux tocards sans écrire à la main ?).

Pari 5 : dans les réseaux sociaux, les gens vont se détourner des « pages » ou « comptes » des sites d’information des réseaux sociaux puisqu’ils auront des applications (qui, de surcroit, leur enverront des « push »).

Pari 6 : les gros sites de presse vont mettre des bâtons dans les roues des sites généralistes type Google News pour capter la clientèle vers leurs propres applications.

Pari 7 : il restera des sites d’information traditions et des sites plus spécialisés (dont des blogs).

Pari 8 : les géants mondiaux mettront en place des sites d’information (type Google News) mêlant l’information en continu et une pondération en fonction du nombre de likes des autres informations, y compris les blogs d’actualité. Les outils d’analyse syntaxique permettront de regrouper les billets ou dépêches par sujet (toujours comme Google News).

Pari 9 : les applications liées à ces sites d’information seront de base dans l’OS des tablettes pour forcer les clients à les utiliser (mais aussi pour développer d’autres fonctions).

Et vous, vous voyez quoi ?

2 commentaires:

  1. Je pense aussi que la "numérisation" de l'info sera la norme en 2017. Politiquement, les stratégies web vont se développer dans les courants politiques et, les CManager seront les prochains faiseurs de roi.

    Pour le reste, la convergence technologique n'a pas fini de nous surprendre. Une inquiétude pour les blogs, chaque utilisateur sera "blogueur" via les plates-formes de demain.

    S'organiser en conséquence...

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    1. Oui. Il fait s'organiser.

      Pour le reste, je crois qu'ils seront obligés de privilégier les vrais blogs.

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