09 juillet 2012

L'hébergement : l'urgence

Pierre D constate à nouveau que les données personnelles nous échappent. Dans toutes les solutions Google dont je parle souvent en bien ici, il y a le même hic : les données (mails, documents, …) sont archivés dans les serveurs (dans les « nuages de serveurs ») de cette institution ce qui fait qu’on ne sait pas ce que Google peut en faire. Nous n’avons aucun moyen de vérifier qu’elles ne sont pas exploitées, étudiées, par quelques robots qui nous veulent du mal. Nous ne pouvons même pas vérifier qu’elles sont archivées en toute sécurité.

La panne d’Orange, vendredi, nous a montré que parmi les plus gros acteurs, une fiabilité à 100% ne peut pas être assurée…

Le risque n’est pas lié qu’à Google. Tiens ! Je parle souvent de iCloud qui permet de synchroniser ses données entre ses différents produits Apple. En l’occurrence, je retrouve les photos prises avec mon iPhone dans mon iPad. C’est très fort et je suis bien content que ça se passe ainsi mais, pour se faire, les photos en questions sont nécessairement stockées dans des serveurs qui m’échappent.

Pour mes données personnelles, ce pataquès ne me dérange pas trop. J’ai plus confiance en Google ou Apple qu’en moi-même pour assurer la sauvegarde de mes fichiers et l’exploitation qui pourrait en être faite me parait dérisoire. Si ces honorables sociétés tombaient dans un scandale sur l’utilisation personnelle des données de quelques lascars, elles seraient automatiquement coulées. Il n’empêche qu’il est un peu effrayant de penser que des utilisateurs qui n’y connaissent rien ont une totale confiance dans ces multinationales…

Pour les entreprises, la problématique est différente. La sécurité des données, dans tous les sens du terme (confidentialité, intégrité, …), doit être la priorité absolue. Elles doivent maîtriser l’hébergement des données (fichiers, mails, …). Quelle confiance pourrait avoir dans une boite qui stockerait les données relatives aux clients dans des nuages incompréhensibles ?

Les grosses entreprises doivent assurer l’hébergement de leurs données, ce qui inclut également le serveur de mail. Les entreprises qui n’en ont pas les moyens doivent avoir confiance dans des acteurs réputés du marché pour garantir l’indépendance vis-à-vis d’acteurs tels que les géants que j’évoquais.

A ma connaissance, toutes les applications Google susceptibles d’être utilisées en entreprise, y compris les messageries nécessitent un hébergement par Google. Microsoft a la démarche totalement inverse en proposant des solutions de « Cloud » où les entreprises maîtrisent leur hébergement. C’est toujours amusant de constater que Microsoft a une longueur d’avance sur Google…

Ainsi, contrairement à ce que je disais dans un précédent billet, si j’avais à choisir une solution pour mon entreprise, je me tournerai plutôt vers les produits Microsoft et un hébergeur réputé que vers Google même si je préfère largement les produits de cette vénérable société.

Microsoft et Google sont des entreprises « comparables » (le chiffre d’affaire et le résultat du premier sont environ le double de ceux du second, la capitalisation boursière de Google parait démesurée par rapport à ces chiffres et à celle de Microsoft) mais ont des pratiques opposées. Google vend des services alors que Microsoft vend des applications (ou des licences), pour rendre le même service aux utilisateurs.

Il n’empêche que la stratégie de Microsoft pour conquérir le marché qui rapporte, celui des professionnels, semble bien plus réaliste.

L’hébergement pourrait bien être la clé de la réussite. Google privilégie cet hébergement mais ça pourrait bien lui jouer des tours…

(photo)

14 commentaires:

  1. Ah, qu'en termes pertinents ces choses-là sont dites !
    L'enjeu est crucial.
    Où sont donc archivées nos données - comme tu le dis, les nôtres, vu l'échelle, on aurait tendance à s'en fiche, bien que néanmoins, en termes de droits et libertés fondamentaux, y'a plus d'échelle qui tienne !
    Mais où sont donc archivées les données des collectivités territoriales, des Préfectures, de l'Etat ?
    Sur des serveurs idoines me direz-vous ?
    Que nenni ! Puisque les collectivités passent des marchés avec des fournisseurs x...puissance n ... et que ceux-ci à l'expiration du marché ou en cas de disparition des services au profit d'un Etablissement public de coopération intercommunale, sont incapables de les restituer, sur des supports lisibles, à qui que ce soit !
    Attention au détricotage numérique de l'Etat ... Huxley que je vénère, n'avait pas imaginé le pire.

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    1. Le pire étant que je voulais faire un lien vers ton billet sur le nuage et j'ai oublié. Honte sur moi.

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    2. Pfff...Pas grave ! L'essentiel est d'évoquer le problème, non ma pomme ! Je ne souhaite que contribuer à une prise de conscience sur la gravité de ces pbs.
      Amitiés

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    3. Si. Dans les blogs il fait des liens.

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  2. Il faut souligner aussi que la Commission Informatique et Libertés, née du cerveau du Bâtonnier René BONDOUX et de son collaborateur Félix Spinosi devenu plus tard Avocats aux conseils, est une institution unique au monde ...
    ... que Sarkozy a tenté de détruire en essayant de l'intégrer à la fonction du Défenseur des Droits (institué par la réforme constitutionnelle du 23 juillet 2008).

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    1. Il l'a détruite surtout en supprimant les moyens...

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  3. Je t'ai retrouvé, dans les archives de l'AN, le n° du JO qui publie les débats du 4 octobre 1977 sur le projet de loi Informatique et Libertés et ce qui s'en suivit.
    http://archives.assemblee-nationale.fr/5/cri/1977-1978-ordinaire1/002.pdf

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  4. j'étais en train de me dire que j'allais m'inquiéter de tout cela aussi.. Comment va-t-on arriver à héberger toutes ces big datas ?

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    1. Bonne question ! Je crois qu'on arrivera à développer des sociétés indépendantes avec des systèmes de normalisation - audit qui permettront de vérifier qu'elles gèrent correctement les données (sécurité et usage).

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    2. N.B. : les sociétés existent déjà (comme OVH), il reste à les faire connaitre du public et des PME.

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  5. OVH, c'est d'enfer en compétitivité prix et en qualité de service. Mais il y en a d'autres..

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    1. Oui. Mais ce qui faut c'est que ces boites se concentrent sur l'hébergement (OVH fait d'autres trucs) quitte à se filialiser, pour que les activités puissent être clairement distinguées.

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