17 novembre 2010

Le réseau social en entreprise

J’apprends par un éminent confrère qu’une société vient de sortir un livre blanc sur les réseaux sociaux en entreprise. Ayant moi-même exercé pendant une vingtaine d’années le digne métier de consultant, je vais éviter de lire ce truc : la lecture de l’introduction de l’éminent m’en dissuade immédiatement.

Ne l’ayant pas lu, en tant qu’ancien consultant, j’ai toutes les capacités à donner mon avis sur le sujet. Je vous conseille la page Wikipedia de la définition de « Réseau Social », c’est un vrai bonheur. Elle a probablement été rédigée par des consultants en communication : je n’étais que consultant en assistance à maîtrise d’ouvrage informatique, je ne suis pas à la hauteur.

Je vais donc résumer : mon réseau social est l’ensemble des gugusses (ou autres) qu’on connaît. Pour aller plus loin, on peut dire que les réseaux s’entremêlent : Marcel connaît Maurice qui connaît Roger qui ne connaît pas Marcel mais connaît Josiane, celle qui a dépucelé le petit fils de Marcel.

Pour résumer, en trainant de bistro en bistro, le soir, je discute avec les patrons, les clients… En donnant des informations (rien de confidentiel, rassurez-vous), je participe à la bonne marche des bistros en mettant à contribution mon réseau social. Ca fait 15 ans que j’ai une messagerie professionnelle : je mets à contribution mon réseau social pour faire marcher ma boite, celles de mes clients, celles de mes fournisseurs et celles de mes partenaires… En outre, nous utilisons tous des Extranets et des Intranet pour échanger avec les collègues, clients, partenaires, fournisseurs, … : gestion des RH (congés, notes de frais, …), gestion de la documentation, gestion des anomalies, des versions de logiciel, commandes, …

C’est aussi du réseau social qu’on utilise sans le savoir mais cette introduction n’a que trop duré.

J’imagine donc que les auteurs du livre blanc parlent des réseaux sociaux dans le sens de ce qu’on entend habituellement dans notre monde Web 2.0 (attention, le 3.0 se profile), globalement l’ensemble des « médias sociaux » qui nous permettent de communiquer joyeusement (blogs, Buzz dont je parlais ce matin, Twitter, Facebook, les wikis, les machins de partage de photo et toutes les autres cochonnerie dont je parle parfois, notamment celle utilisant la géolocalisation ce qui me gonfle).

Que sont ces médias sociaux ? « L'expression « médias sociaux » recouvre les différentes activités qui intègrent la technologie, l'interaction sociale, et la création de contenu. » Ca me va bien, c’est compréhensible.

Un consultant en communication pour développer l’utilisation des médias sociaux pour les aspects commerciaux de l’entreprise. Pour ma part, je n’y crois pas vraiment. L’entreprise est obligée de paraître moderne mais risque néanmoins de perdre de l’énergie et aussi de devoir imposer des outils ou méthodes de travail, celles que je vais évoquer par la suite, à des partenaires. Ainsi, nombre de mes fournisseurs ou clients m’imposent des contraintes insupportables pour l’utilisation de produits divers (pas nécessairement « 2.0 »).

On pourrait également évoquer des machins Web 2.0 pour la communication interne à l’entreprise en remplacement des newsletters ou sites d’information, … Ca ferait des économies et bien gérer, de tels machins pourraient ne pas être chronophages. Pour l’anecdote, je m’étais abonné aux flux RSS d’un machin interne mais Google Reader ne pouvait pas accéder aux flux, le serveur étant protégé… Perte de temps…

Mais ce qu’il y a d’intéressant, ce sont tous les outils qui peuvent réellement aider les salariés dans leur travail au quotidien. Nous en avons un dans la boite, c’est très bien, ça nous permet de nous informer mutuellement des événements (mise en service de nouvelles applications, incidents, …). Il y a même un système équivalent aux blogs.

D’ailleurs, j’avais déjà raconté une anecdote ici ! Un collègue m’avait présenté ça et les trucs qu’on pouvait faire pour faire un billet : il avait fallu que je fasse semblant de ne pas savoir ce qu’était un blog. Il me disait par exemple où cliquer pour insérer un lien…

Néanmoins, ces outils ne sont pas simples d’utilisation ! D’ailleurs, si vous observez Facebook, la plupart des gens s’en servent comme des manches, se trompent de mur pour répondre à un « bon anniversaire », surchargent d’information en oubliant que ça gave les gens, … Ainsi, comme je le disais, nous avons de nombreux Intranet ou Extranet (et j’en avais aussi fait un billet), on oublie toujours les modes opératoires, les identifiants, … A part l’Intranet pour poser les congés…

Donc, la prise en main par le personnel qui n’est pas « un peu geek » comme nous tous est très délicate.

Ainsi, avant que ça se développe en entreprise, il faudrait arriver à une certaine intégration, une espèce de Facebook géant avec plein d’application…

Je voudrais signaler quelques inconvénients…

Le premier : il faut penser à la sécurité (la vraie, par exemple, si on diffuse des éléments de production relatifs au client). Le machin doit donc être hébergé sur des serveurs internes bien sécurisés. Ca empêche les partenaires de les utiliser (éventuellement partiellement) et si les responsables de la sécurité sont tordus, ça empêche l’accès aux serveurs de mails.

Le deuxième : c’est chronophage. Par exemple, en tant que « chef », je reçois un tas de notifications de ce que font mes collègues. Je passe plus de temps à faire le tri entre les trucs importants et les moins importants qu’à les traiter. Il y a encore des évolutions à faire pour permettre un tri de l’information.

Le troisième : ça fait un canal d’information supplémentaire, en plus des discussions informelles, des réunions, des coups de fil, des mails, des agendas, des fichiers partagés, … Il m’arrive très fréquemment de louper un truc hyperimportant à faire.

Le quatrième : les gens qui l’utilisent bien considèrent un clic comme une décision validée. Conséquence du troisième point, de nombreuses tâches restent dans les tuyaux. En postant un truc, l’utilisateur se dédouane totalement de la suite des traitements…

Le cinquième : quand vous travaillez avec des partenaires externes (et s'ils y ont accès), les machins viennent en plus de leurs propres applications ce qui crée une surcharge de travail.

Je vais donc résumer : les mentalités ne sont pas prêtes, les applications ne sont pas prêtes, la mise en œuvre à grande échelle est très chère et vous risquez de faire des conneries…

Alors, ce que j’en dis… Les réseaux sociaux tels que nous connaissons actuellement n'ont pas été pensés pour une utilisation en entreprise. Il faut encore qu'ils murissent (et espérons que les éditeurs trouvent les financements).

Les outils de type « réseau social », utilisés pour les loisirs, sont très bien : les utilisateurs les prennent en main comme ils veulent ou les laisse de côté. Imposer ça à tous les salariés des boites est toujours douloureux.

Néanmoins, ils sont orientés vers les utilisateurs contrairement à beaucoup de machins imposés par des « Direction de l’Organisation » qui n’ont strictement aucune connaissance de ce que font les salariés mais qui arrivent à démontrer à une hiérarchie qu’ils font gagner du pognon à la boite.

Patience…

3 commentaires:

  1. Amusant que ce soit des services grand public qui viennent maintenant essayer d'enrichir la communication d'entreprise. Forcèment, ce n'est pas parfaitement adapté !
    :-)

    RépondreSupprimer
  2. Ferocias,

    Personne ne sait...

    Poireau,

    Curieux mais habituel...

    RépondreSupprimer

La modération des commentaires s'active automatiquement deux jours après la publication des billets (pour me permettre de tout suivre). N'hésitez pas à commenter pour autant !