Alors qu’on parle de l’enseignement de la programmation en
primaire, je me rappelle de mes cours d’informatique, quand j’étais étudiant, de
septembre 84 à juin 87, en gros. C’était à une autre époque. Les écoles avaient
du mal à trouver des profs compétents et on avait très peu de matériel. La
première année d’IUT, on n’avait qu’un « Mini 6 » de Bull, c’est vous
dire !
Travailler ainsi était une galère et la plupart des
étudiants n’avaient jamais réussi à compiler un programme. On travaillait par binôme,
ce qui était une aberration. Le type qui bossait avec moi s’en foutait et
récupérait des bonnes notes.
J’avais appris la programmation bien avant de rentrer à l’IUT,
à 13 ans, si ma mémoire est bonne. Je « parlais » couramment le Basic
et je me débrouillais un peu dans les machins de l’éducation nationale.
A l’IUT, j’ai appris le Pascal, ce qui m’a bien rendu
service ensuite, et le Fortran, ce qui était complètement con. Après l’IUT, j’ai
fait une école privée d’informatique, destinée à la reconversion des chômeurs. J’avais
choisi ce machin parce que c’était rémunéré… et parce que j’étais refusé dans
toutes les formations en informatique du genre Miage, n’ayant pas le niveau. A
posteriori, ceci est très drôle vu que j’étais quasiment le seul de l’IUT à
savoir réellement programmer en sortant. Près de trente ans plus tard, c’est
encore plus drôle vu que je suis probablement le seul à avoir fait une belle
carrière dans l’informatique.
Ce qui me fait dire, d’ailleurs, que l’enseignement de l’informatique
est largement merdique en France, ou, du moins, l’était à cette époque. D’ailleurs,
en 1987, j’avais intégré une SSII. Beaucoup de mes collègues avaient une
formation qui n’avait rien à voir avec l’informatique. Ceux qui avait un DUT
informatique étaient réellement nuls ou, du moins, avaient un très mauvais
esprit : ils s’imaginaient meilleurs que tout le monde. Ceux qui avaient
une vraie formation informatique voire un diplôme d’ingénieur dans une matière
proche avaient tellement les dents longues qu’ils ont probablement fini
sous-chef de service dans une entreprise à la con.
Toujours est-il que dans cette école privée, j’ai appris le
COBOL. Je l’ai un peu pratiqué de manière professionnelle pendant les six mois
après le stage et, surtout, cela m’a aidé pendant ma carrière parce que je
pouvais comprendre ce que faisaient les informaticiens du « back office ».
D’ailleurs, près de 30 ans après, c’est moi qui fais les relations entre le
back et le front dans la boite.
Dans ces années, le Pascal était à la mode. C’est un langage
qui avait été créé pour l’éducation et certaines entreprises informatiques en
avaient fait leur langage de développement, pensant qu’il serait l’avenir (C a
pris la place et a du de nombreux descendants). Je l’ai beaucoup utilisé pour
le boulot entre 1988 et 1993. Turbo Pascal avait révolutionné le monde de la
programmation et c’était délirant de voir qu’à l’IUT nous avions encore des
vieux compilateurs pourris…
Reprenons. J’ai fait un DUT de Statistiques. L’informatique
n’était pas la matière principale mais y avait une place de choix après les
statistiques, les probabilités et les maths, au même niveau que l’économie.
Ensuite, j’ai fait un an d’école d’analyste fonctionnel. Si ! Ca existe.
La programmation n’était pas au cœur de la formation.
Cette école était totalement bidon : elle touchait des
subventions de l’Etat pour réorienter la formation de chômeurs (ce que
je n’étais pas réellement). C’était de l’escroquerie sauf pour ce qui concerne
la matière principale : l’analyse fonctionnelle pour laquelle le prof
était réellement bon mais, à part moi qui voulait réellement apprendre, n’avait
pas le bon public. J’ai d’ailleurs beaucoup appris, ne serait-ce qu’au niveau
de la rigueur nécessaire à l’analyse pour tenter de couvrir l’exhaustivité des
traitements. Le prof de comptabilité analytique était un abruti, un étudiant
qui faisait des vacations et que les autres adulaient pour des raisons qui m’échappaient,
jusqu’au jour où je l’ai cassé en cours, en lui démontrant les erreurs qu’il
commettait. Je me demande pourquoi on avait des cours de comptabilité
analytique dans cette formation et je mentionne cela à titre d’exemple.
L’enseignement de l’informatique était ainsi fait. Les
écoles faisaient n’importe quoi. Elles recevaient de l’Etat la mission de
former des jeunes à la programmation et trouvaient des professeurs vacataires
sans pouvoir vérifier leurs compétences tant au niveau de l’informatique que de
la pédagogie. A l’IUT, le premier prof d’informatique qu’on a eu était le prof
de probabilité qui avait vaguement appris la programmation pendant ses heures
de loisir. Il pratiquait un enseignement purement théorique (on rendait les « devoirs »
sur papier…) et n’avait aucune idée de ce qu’était l’utilisation de ce bordel
dans un environnement professionnel. Le second était plus efficace car beaucoup
plus jeune, beaucoup plus branché informatique et comprenant de quoi il
parlait. Il n’empêche qu’il avait été recruté par petites annonces. C’était un
ancien élève de l’IUT qui tenait maintenant l’hôtel de sa mère et avait
développé en Pascal les programmes nécessaires à sa gestion. Voila pour son CV.
Voila pourquoi je suis circonspect quand je vois que le
ministère a consulté les associations en juin pour développer l’enseignement du
« code informatique » en primaire à la rentrée… Même 30 ans après.
C'est un sujet intéressant. Si tu regardes Snatch.com, ce n'est pas tant le code et la syntaxe que les enfants doivent apprendre mais surtout la logique des boucles et le fait d'être conceptuel. Je pense que c'est le vrai challenge. De plus, les frameworks de dév sont maintenant bcp plus puissants donc il est moins important de connaître le vocabulaire mais plutôt les notions d'héritage objet.
RépondreSupprimerNon. Cette notion d'héritage n'a aucun sens réel. C'est un truc créé de toute pièce pour la programmation orientée objet dont on parlait beaucoup à l'époque dont je parle dans le billet mais qui disparaîtra...
SupprimerBien ton billet, rien à rajouter...
RépondreSupprimerOuf.
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