08 janvier 2009

Taper vite

Avant de recommencer les conseils de blogage, je dois révéler trois secrets absolus qui expliquent ma rapidité à pondre des billets.

Quand j’étais en seconde, on avait une matière à choisir parmi différentes options, type « mécanique » et « couture ». Je ne savais alors pas que j’allais devenir un célibataire endurci et je regrette parfois de ne pas avoir choisi « couture ». J’avais préféré « dactylographie ». Les copains se foutaient de ma gueule en disant que c'était un truc de filles en oubliant, bêtement, que, justement, pendant leurs cours de mécanique, ils auraient assez peu l'occasion de fréquenter des gonzesses. Principe de base : quand on est jeune on est con. A 15 ans, je savais déjà que manier un clavier me serait plus utile dans ma vie future que manier une clé à molette.

Le résultat est simple : je tape très vite sur le clavier sans le regarder et avec quasiment tous les doigts (en préservant ceux qui me servent à curer ce qui est curable).

Beaucoup de types qui pianotent en permanence s’imaginent taper vite : ils se trompent. Ils doivent en permanence regarder le clavier pour retrouver leurs marques et revenir en arrière pour corriger des petites fautes de frappes. Pas moi. Il m’arrive même de taper des textes sous la dictée de mes chefs et mes collègues sont verts de jalousie (sans réfléchir à la conséquence : c’est moi qui me tape parfois les boulots de merde qui résultent de cette dextérité).

Ainsi, j’arrive à taper les phrases des billets de blogs à la vitesse où je les pense ! C’est bien pratique et ça a un avantage : quand je rédige un texte, je peux me concentrer à 100% sur ce que j’ai à dire puisque je ne suis pas préoccupé par la frappe.

C’était le premier secret.

Dès l’âge de 13 ou 14, j’étais passionné par l’informatique et je passais des heures à bricoler sur des ordinateurs (à un point que maintenant je n’aime plus trop faire de la technique). Dès 21 ans, j’en ai fait mon métier. En ayant 42 maintenant, ça fait donc 21 ans (moins les deux mois de « classes » pendant le Service Militaire) que je passe l’essentiel de mes journées de travail devant un clavier (sans compter une partie des loisirs). J’ai donc bien l’habitude d’utiliser ces petites machines.

Il y a douze ans, les hasards de la vie professionnelle ont fait que j’ai laissé tomber la technique pour me tourner vers ce qu’on appelle « la maitrise d’ouvrage ». Mon principal outil de travail est maintenant Word. Ca fait 12 ans que je rédige des textes et que j’utilise Word au quotidien.

C’est une chose de « connaître Word » voire de « maîtriser Word » mais ça ne remplace pas l’expérience…

C’était le deuxième secret.

Pendant cette carrière professionnelle, pendant 5 ou 6 ans, une partie importante de mon boulot consistait à faire des comptes rendus de réunion et des notes diverses pour des groupes de travail, des comités machin et des conseils de direction. Outre le fait que ça m’apprend à écrire au sujet de n’importe quoi avec une prédilection pour les sujets auxquels je ne comprends rien, c’est bien formateur et, surtout, ça apprend à relativiser l’importance de l’écrit.

Quand, en tant que consultant, vous faites une note pour un conseil de direction, ça va être relu par un employé normal, son chef de service et deux niveaux de direction avant que ça ne tombe sur le boulot du Directeur Général. Chaque échelon hiérarchique va exiger des modifications, y compris le DG qui devra présenter la note en Conseil de Direction. Ceci à deux effets. Le premier est que vous vous en foutez d’écrire des conneries : la note sera tellement relue que vous ne serez plus responsable des conneries (ceci explique notamment certaines bourdes dans mes billets car je ne me relis que rapidement). Le deuxième est que vous ne rédigez pas pour faire la note idéale pour le conseil de direction mais pour le niveau hiérarchique à qui incombera la lecture suivante.

Ainsi, la manière dont est écrite un texte importe assez peu dans mon job : ce qui est important c’est qu’il soit fluide (lisible rapidement) et que vous fassiez passer l’idée que vous avez envie. Il m’arrive ainsi souvent d’écrire des mails internes en mode PMA ce qui déclenche la surprise de mes collègues qui se disent « Comment il peut oser ? Le chef ne va pas être content ! »… en oubliant que le chef sera le premier à rigoler.

Pour les blogs, c’est pareil.

20 commentaires:

  1. les chefs en fait quant ils rigolent pas c'est quand t'as pas écrit alors que tu devais écrire.

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  2. Tiens, j'ai moi aussi appris à taper avec dix doigts, sans m'occuper du clavier, il y a plus de 30 ans —avec une méthode du genre "le clavier sans peine". Et ça fait plus longtemps encore que je rédige des textes. C'est pourquoi, je crois que le secret de tes billets (les meilleurs) se cache plutôt dans ta tête, inexplicable. Même si l'habitude de rédiger des notes rapides sans vanité d'auteur a pu contribuer à libérer ton écriture, ta spontanéité enviable vient d'ailleurs.

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  3. Le Coucou,

    Cette facilité à manier l'outil est essentielle pour permettre, justement, cette spontanéité (qui, elle, devrait faire l'objet d'un "conseil de blogage" très prochainement).

    Je trouve facilement des idées de billets mais je ne pourrais pas les faire si je n'étais pas sûr que ça ne me prendrait que quelques minutes.

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  4. Le Coucou (bis),

    C'est intéressant ce que tu dis sur la "vanité d'auteur", je le l'aurais pas exprimé ainsi mais je parle parfois de ces centaines de blogueurs politiques qui s'imaginent chaque jour qu'ils ont fait le meilleur billet politique du siècle et qui ne comprennent pas ne pas figurer en bonne position dans le classement Wikio (et finissent par dénigrer ce dernier).

    C'est probablement un phénomène que, en tant qu'écrivain, tu connais mieux que moi : je n'ai jamais eu réellement à juger de mes propres écrits.

    Donc j'écris ce que je veux... Et c'est après avoir publié que je relis mes écrits pour étudier pourquoi tel ou tel billet à eu un impact (repris sur un site d'information, bombardé de commentaires, cité par un collègue...).

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  5. Ne pas confondre "des petites fautes de frappE " avec "des fautes de petites frappes"

    Relativiser l'importance de l'écrit... Relativiser l'importance de ce qui est écrit dans les blogs, plutôt, non ?

    Je suis de l'avis du Coucou: écririez-vous vos billets à la craie sur une ardoise d'écolier, pour les recopier avec deux doigts de la main gauche, ça ne changerait pas grand-chose.

    Vous êtes trop modeste, Nicolas: ce qui fait le succès de votre blog, c'est votre fond de commerce, à savoir votre personnalité, et votre "patte": un parler de comptoir, un peu Arletty, un peu chansonnier, très dans l'esprit français et écrit dans un style qui évoque le va comme je te cause, tout en ne péchant pas trop du côté de la langue. (Je ne sais pas si ce sont des compliments qui vont vous plaire, mais tant pis)

    Suzanne

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  6. Suzanne,

    Merci ! Je n'ai pas nié ce qu'avait dit le Coucou (je ne suis pas un faux modeste !), je dis juste que cette capacité à écrire vite me permet de sortir plus facilement mon parler de comptoir !

    (les compliments me plaisent !)

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  7. Remarquez que ce sont des petits compliments de rien du tout. Que ça ne nous empêche pas de nous engueuler.

    Suzanne.

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  8. Je confirme "en creux" ce que vous dites : n'ayant jamais appris la dactylographie, et bien qu'ayant tapé depuis 30 ans plusieurs dizaines de milliers de feuillets, je le fais toujours avec trois doigts et en regardant le clavier.

    Il faut ajouter un autre paramètre très agissant, que mes diverses activités m'ont fait découvrir : la vitesse de conception de la phrase dans le cerveau, et le fait, plus mystérieux, que chez certaines personnes (je ne dis pas "écrivain", hein !), le texte se construise pratiquement "tout seul", le plan s'élaborant comme de lui-même, à partir d'une première phrase surgie au hasard. Je suis dans ce cas (il m'est arrivé, par deux fois, d'écrire un "Brigade mondaine" en quatre jours et d'en être moi-même totalement sur le cul), et n'en tire nulle vanité, dans la mesure où je sais que cette particularité est strictement indépendante de la qualité du produit final.

    Mais, de même que la vitesse sur le clavier, la rapidité d'écriture ne bouge que très peu avec le temps ou l'entraînement ou le métier.

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  9. Didier: encore heureux que ce soit indépendant! Au moins, il y a une justice !

    Imaginez qu'Honoré d'Urfé ou Saint-Simon reviennent maintenant. En admettant que plus on a de la facilité à écrire vite, plus ça stimule et plus on écrit, c'est avec un 38 tonnes qu'on se ferait livrer leurs oeuvres !

    Suzanne

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  10. Je trouve que Suzanne analyse assez bien ce qui plaît dans la verve de tes billets, et que Didier livre peut-être, avec la vitesse de conception de la phrase, une clef de la spontanéité, privilège effectivement réservé à certains. On peut cependant, tout aussi mystérieusement, rencontrer cet "état de grâce" de loin en loin. Avec mon épouse nous avons connu cela à deux ou trois reprises seulement, et il nous arrive encore d'évoquer ces miracles avec un mélange de nostalgie et d'incompréhension dépitée.

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  11. Didier et le coucou: la vitesse d'écriture, je crois que c'est une facilité apparente, seulement apparente. Dans la mesure où le texte est écrit correctement, c'est qu'on l'a "pensé écrit" avant d'agiter ses petits doigts. Et "penser écrit", c'est quand le métier parle. Certains mécanismes d'assemblage de mots et de correction automatique se mettent en place sans qu'on y pense, mais ça ne vient que quand on a beaucoup écrit, quotidiennement ou presque quotidiennement écrit. Ce qui ne préjuge pas de la qualité du texte ni de l'impression qu'en aura le lecteur.

    Suzanne

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  12. Suzanne,

    J'espère bien qu'on continuera à s'engueuler. Vous le méritez largement.

    Didier,

    Un peu pareil pour la création des phrases, voire même des pires jeux de mots que je balance (pareil aussi pour la vitesse de production de doc pour le boulot : j'ai une capacité surprenante à faire des trucs rapidement... Par contre, ça n'est que par période : je ne suis pas plus productif qu'un collègue).

    Le métier (au sens manipulation des outils bureautiques) joue peut être plus chez moi, étant un pro de l'utilisation des PC, je connais un tas de trucs qui permettent d'aller beaucoup rapidement pour la "construction du texte" (par exemple, quand je fais un billet truffé de liens avec des citations d'articles ou de billets, ou le fait d'avoir différents onglets ou feuilles ouvertes et basculer de l'une à l'autre sans avoir à se demander où est la souris, ...). Pour la rédaction pure, ça ne joue pas.

    Le Coucou,

    Ce que tu appelles l'état de grâce est peut-être ce qui me permet de faire un billet en 10 minutes à 8h15 et d'être incapable de pondre deux lignes à 8h30 (par exemple).

    Suzanne,

    Oui pour le "penser écrit". C'est un truc que je constate chez mes collègues au bureau : la version finale de chaque phrase est toujours très loin des premiers mots qu'ils ont imaginés. Ca me donne l'impression, souvent, d'une perte de temps.

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  13. Nicolas : ça peut même devenir un jeu. Souvent, dans les BM, je m'interdis d'effacer le moindre mot écrit (parce que c'est du gaspillage). Donc, sauf en cas d'aberration, je modifie ma phrase en fonction du mot qui vient d'arriver sous mes doigts. Ce qui, finalement, est plus long que de supprimer le mot !

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  14. Suzanne : vous avez raison, mais en partie seulement : mon premier "Brigade" a été fini en huit jours (et sur une petite Olivetti portative !), alors que je n'avais JAMAIS écrit de roman auparavant.

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  15. Super. Faire court, je crois que un conseil de blogage avec ces seuls deux mots s'imposerait. Mais je le redis, car il faut savoir faire des entorses à tous les principes, ce billet et les commentaires qui le suivent, super.

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  16. Mtislav,

    Oui, faire court... Mais seulement quand cela s'impose. J'imagine mal nos collègues littéraires n'écrire que 10 lignes pour respecter des conseils d'andouilles comme moi... Pareil pour ce billet, j'aurais pu faire en deux lignes ("j'ai eu une formation de dactylo et je bosse sur Word depuis 12 ans") mais ça aurait manqué de charme. Par contre, la plupart des blogs politiques mériteraient des coupes sombres (c'est mathématique : plus les billets politiques sont longs, moins on en lit donc on finit par zapper les plus longs).

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  17. Mui zussi jr duid vqpable de tqpaer sans rzgardet lr vlavier. Rt je ne cr^ne aps pout autqnt! Nz§

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  18. intéressant ton billet.

    Moi aussi je crois taper vite. Je ne regarde que très rarement mon clavier mais je le regarde quand même.
    Au fur et à mesure, on croit taper de plus en plus vite, ce qui est certain, mais il y a une limite. Je crois avoir atteindre cette limite. Pour passer à l'échelon suivant en "vitesse de tapage" je crois en effet qu'il faut une formation de dactylo.

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  19. Tim,

    Oui, il faut une formation, il y a un tas de trucs pour placer les doigts où il faut qui deviennent instinctifs après "quelques" exercices pratiques.

    Mais, quand on bosse dans la "programmation informatique" ou le "système" (comme je l'ai fait pendant longtemps), on écrit pas "en Français" mais on utilise un tas de signes (_#%*+{} ...) assez rares dans la langue française ce qui fait qu'on perd certains automatisme.

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