L’ami Pierre poursuit la
discussion sur l’état du numérique en France, sur le thème : il faut
sauver le digital Français. Aujourd’hui, il s’inquiète de la
déconnexion des élites par rapport au digital. On ne peut que lui donner
raison : les chefs d’entreprises, les législateurs, journalistes et autres
décideurs ne connaissent pas grand-chose au sujet. C’est néanmoins un sujet
récurent. Il suffit de chercher « déconnexion des élite » dans Google.
Mais je ne sais pas si les élites savent utiliser Google.
Cela étant, je vais répondre au billet de Pierre car je ne
suis pas persuadé que l’on parle exactement de la même chose, d’autant qu’il n’arrête
pas d’employer des mots auxquels on ne comprend rien. Les élites ne doivent pas
avoir de compétences technologiques, tout juste doivent-elles avoir la
connaissance de leur existence. Elles doivent, par contre, savoir ce qu’elles
permettent. Je vais citer trois exemples…
Le premier : la viralité
dans les réseaux sociaux. On l’a vue récemment avec le hashtag #jesuischarlie.
Les élites sont forcément dépassées. Je le vois avec les blogs politiques :
mes confrères et moi-même sommes régulièrement dépassés par Twitter. De fait,
on a de plus en plus de mal à trouver des sujets de billet politique tant l’information
va vite.
Le deuxième : le gouvernement a mis en ligne, la
semaine dernière, un site web pour lutter contre le djihadisme. Des copains y
ont probablement participé donc je ne dirai pas ce que je pense.
Le troisième : je ronchonnais, récemment, parce qu’on n’avait
pas la wifi au bureau. Par ailleurs, plein de sites web nous sont interdits par
un méchant proxy, notamment les sites de vidéo, les sites politiques et les
sites sportifs. Qu’est-ce que l’on voit, pendant le tour de France ? Des
tripotées d’ingénieurs qui suivent l’étape avec leurs smartphones en 4G. Ainsi,
on a des dirigeants d’entreprise qui pensent que la technologie doit être
utilisée pour empêcher l’accès à la technologie.
Le gouvernement a lancé une grande consultation au sujet du
numérique, pilotée par le Conseil National du Numérique dont je parlais
récemment. Depuis, j’ai lu une partie des contributions. On y trouve des trucs
très bien même si certains lascars attendent tout d’une solution miracle mais
très peu citent cette déconnexion des élites tout simplement parce qu’il n’y a
pas vraiment de solution pour y faire face. Je crois néanmoins que le cœur du
débat est bien là. Tout le reste n’est que foutaise : par exemple, le
gouvernement peut favoriser le haut débit, de toute manière, il viendra et c’est
sa mission d’aménagement du territoire.
A noter l’interview de Mme Lemaire dans l’Usine
Digital, aujourd’hui. On est à peu près d’accord, notamment au sujet du
Middle Management (mais, à mon avis, assez élargi) mais pas sur la formation :
je reste persuadé que la transition numérique se fera à coups de pied dans le
cul. La formation doit être donnée à ceux qui sont déjà convaincus par le
numérique. C’est valable pour les élites comme pour le middle machin.
Auront le droit à une formation ceux qui auront répondu
correctement à la question : pourquoi est-ce une grosse connerie d’interdire
Facebook au bureau ?
Parce que les parents ne peuvent plus surveiller leurs enfants ? Parce que tout le monde se met à utiliser Linkedin comme un Facebook ?
RépondreSupprimerRaté.
SupprimerJe pense qu'il y a une erreur fondamentale dans tes déclarations, erreur que font d'ailleurs toutes les élites françaises. Tu ne vois que les usages et tu n'intègres pas dans ta réflexion les tendances technologiques sous-jacentes. Ce qui fait que les Français arrivent toujours avec un train de retard se focalisant sur comment va-t-on vendre les baguettes par granules dans Facebook alors que la vraie question est : y-aura-t-il des web apps un jour capables de lutter contre les apps prioritaires ? Cette erreur est répétée, répétée.
RépondreSupprimerTrès intéressant passage sur la réforme numérique des administrations, je vais lire en détail.
Non. Se focaliser sur les technologies est une erreur : les jeunes les connaissent. In faut arrêter de se concentrer sur la technologie. Le plan très haut débit est presque une connerie. Les technologies subissent l'obsolescence...
Supprimerles jeunes connaissent les technologies dejà démodées. Il n'y a par exemple pas de veille en France de l'intelligence économique sur les brevets. Sans parler aussi de la sécurité, domaine où il ne s'agit pas d'être à la mode mais de précéder les modes. Les Français ont une approche bien trop superficielle et bobo du numérique.
RépondreSupprimerOui, mais ce n'est pas du ressort des élites. Leur boulot, c'est de permettre que cela se fasse. Tiens ! Je vais t'envoyer un mail (j'ai des exemples, mais c'est dans le boulot).
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