Dans ses billets, l’ami Pierre poursuit sa réflexion sur le
numérique. Dans le
dernier, il pose la question : « la transformation numérique provoque-t-elle des Burn
outs ? » Il répond par l’affirmative et affirme même que ces
burn out doivent provoquer une baisse de la qualité pour y faire face. Je ne
suis pas d’accord et vais vous coller mon argumentaire dans les oreilles pour
pas un sou de plus.
Soyons précis : si la transformation numérique provoque
le burn out et une baisse de qualité, elle est conne. Pesons nos mots et ne
confondons pas les sujets, je vous prie. Les évolutions technologiques font qu’on
est noyés sous les mails et qu’on est plus ou moins obligés de traiter ses
mails professionnels en dehors des heures de bureau ce qui se termine par ce
fameux burn out : quoi que l’on fasse, après « 18 heures », on
est encore susceptibles d’être plongés dans le travail. Le burn out est une
conséquence de ce progrès ou de ces évolutions mais est indépendant de la
transformation. Il y a quinze ans, mon chef m’appelait souvent vers 21 heures
sur son mon portable, toujours avec d’excellentes raisons.
A l’origine, le burn out n’est pas lié aux mails mais ces
derniers ont fait en sorte qu’il n’y a plus de limite à l’intrusion du travail
dans les temps de loisir. A partir du moment où vous deviez quitter le travail
à 18 heures pour récupérer les mômes, vous étiez sûrs d’oublier le travail
jusqu’au lendemain. Cela étant, démerdez-vous. Du moins, je ne peux pas grand-chose
à part rappeler les conseils de base : éteignez vos smartphone professionnel
le week-end et après 20 heures. Ne consultez vos mails professionnels pendant
les heures de loisir que si vous avez le temps ou si cela vous aide réellement et
en vous fixant des limites.
Comment profiter de
la transformation numérique pour éviter les burn out et les couilles à l’air ?
La transformation numérique ne doit pas être considérée en
premier sous l’aspect technologique mais prise en compte dans quelque chose plus
global, comme dans un processus de long terme.
Prenons un exemple : il y a dix ou quinze ans, les
banques ont permis aux particuliers de consulter leurs comptes en ligne. De
fait, les relevés de compte que l’on recevait par la poste ont perdu de leur
importance d’autant que les opérations électroniques se développant, les
pointages sont devenus secondaires. Dans l’absolu, les relevés de compte n’ont
plus qu’un intérêt légal (vous avez l’obligation légale de les conserver).
Ainsi, les banques ont progressivement proposé aux clients de ne plus envoyer
les relevés par la poste mais de les tenir à disposition du client sur leur
serveur web, pour leur permettre de répondre aux objectifs légaux. Pour ma
part, j’ai accepté mais je continue à recevoir un mail tous les quinze jours, m’informant
de la disponibilité de relevés.
Ainsi, le numérique a permis à ma banque de faire des
économies sur les relevés et de m’éviter de les classer ce qui est d’ailleurs
très pratique pour éviter le burn out… Par contre, sur le fond, rien n’a été
changé : je continue à recevoir un truc tous les quinze jours mais ce truc
ne me sert à rien. La transformation numérique n’a pas été jusqu’au bout. Les
gens qui ont mis en place un nouveau processus, au siège de ma banque, n’ont
fait le boulot qu’à moitié !
Néanmoins, il apparait dans de nombreux domaines tel que
celui-ci que la transformation numérique ne se joue pas dans le court terme.
Entre le moment où ma banque a mis à ma disposition un serveur pour consulter
mes comptes (avec le minitel…) et celui où elle arrêtera de m’envoyer des mails
pour remplacer les relevés, il se sera passé plus de trente ans.
Dans son billet, Pierre décrit trois phénomènes en précisant
bien que le premier n’est pas lié à la transformation numérique. Je vais lui
répondre que les autres non plus. Ils sont liés à une évolution récente de l’entreprise
qui aboutit à une accélération des processus mais ceci n’est pas, non plus, une
conséquence directe de la transformation numérique.
Peut-être en est-ce
un dommage collatéral ?
Avec le mail, on est submergés d’informations ce qui fait qu’on
ne sait plus où mettre des priorités et traiter tout correctement. Le numérique
nous apportera la possibilité de travailler plus rapidement mais en aucun cas d’en
faire plus…
Dans aucun projet, il ne faut oublier le principe de base :
neuf femmes enceintes ne font pas un enfant en un mois.
Même avec le numérique.
Le Porno a réussi, de son côté, sa transformation numérique et crée, lui, beaucoup de burnes out. Cela me fait penser au post que j'avais fait, il y a quelques années : a star is burn.
RépondreSupprimerSur la qualité, je n'étais pas assez clair dans mon post. Ce que je voulais dire, c'est que dans une entreprise en transfo num, les cadres peuvent se retrouver confrontés à un tel nombre de priorités qu'il vaut mieux dégrader la qualité pour que la charge passe plutôt que de rester perfectionniste.
Sur les banques, je pense qu'elles ont à peine commencé leur transfo num. Cela n'a pas vraiment commencé. Mais, quand il va y avoir de nouveaux acteurs full web et un peu barbares, ça va commencer à faire mal dans ce secteur.