Une des difficultés de la
transformation numérique vient des informaticiens eux-mêmes qui ne
savent pas réfléchir autrement qu'en termes informatiques. Je
voulais en faire un billet ce week-end et, justement, un des
commentaires de mon billet du blog politique au sujet des réformes
dans l'enseignement : « L'orthographe
français est beaucoup trop compliqué, non seulement les ph, les
lettres accentuées, les doubles lettres mais plus fondamentalement
la redondance d'information dans les genres et les pluriels. Après
des dizaines d'années de travail comme informaticien, l'orthographe
français me révulse par son absence totale d'intérêt
"informationel". »
Je vous passe le fait que c'est
complètement crétin : l'informatique nécessite une syntaxe
précise, sinon le compilateur dit prout. Méditez sur ce
commentaire, j'aurais des tonnes de remarques à y faire mais nous
serions vite hors sujet.
Récemment, pour le boulot, j'étais en
réunion avec trois informaticiens, un de mes chefs de projet
et deux fournisseurs. J'avais fait un cahier des charges où j'avais
dit que tel truc devait être géré dans une table. Tous les trois
me disaient que ce n'étaient pas une table, je leur disais que si.
Ils avaient tout simplement oublié que « table » n'était
pas qu'une notion informatique mais aussi quelque chose notre langue,
comme la table de multiplication, la table des matières,...
Ainsi, les informaticiens, quels que
soient leurs âges, ont majoritairement tendance à « penser
informatique », à réfléchir à ce qu'ils auraient à faire
sans penser au reste.
Le premier impact est une orthographe
qui se relâche. Un « s » manquant à un pluriel ne
change pas beaucoup à la compréhension d'un texte. Ils ne se
rendent pas compte qu'ils passent pour des guignols.
Le deuxième impact est que ces
informaticiens sont incapables de se projeter sur des méthodes ou
des technologies qu'ils ne connaissent pas. Tiens ! Je parlais
récemment du réseau social de ma boîtes : les ingénieurs
informatiques sont incapables d'imaginer ce qu'ils pourraient en
faire car ils ont toujours travaillé sans.
Le troisième impact, sans doute
largement le plus grave, est que l'informaticien est incapable de
penser à autre chose qu'à l'informatique et donc d'imaginer le
salut hors de l'informatique et, par contre coup, il ne peut pas
penser mettre l'informatique au service du reste. Il va raisonner en
« expression de besoin ». Le « métier »
lui transmet cette expression de besoin et il ne la remet pas en
cause. Or, le métier ne connaît pas « la transformation
numérique ». Il a un besoin ponctuel et il sait que
l'informatique pourrait y répondre. Alors personne ne regarde au
delà du besoin.
La quatrième impact découle du
troisième : tout cela coûte très cher. Alors, quand on veut
dépasser l'informatique pour faire de la transformation numérique,
on explose les plafonds alors que cela devrait être le contraire.
Tout cela parce que l'informaticien pense à son petit monde, à
l'intégration de ses logiciels, puis à leur homologation, à la
mise en production et ne sort jamais de ce cadre.
C'est grave.
Thèse intéressante : les informaticiens empêchent en France la transformation numérique tout comme beaucoup d'autres d'ailleurs, notamment, les consultants, les dirigeants, les politiques, les pharmaciens et les notaires aussi..
RépondreSupprimerJe voulais la poursuivre mais je n'ai pas eu le temps et c'est tellement foireux que je n'ose pas faire un billet.
SupprimerMais il se trouve que les utilisateurs les plus actifs de notre tout nouveau RSE sont les non informaticiens, dont moi (je bosse en MOA), les RH, le secrétariat général,...