26 avril 2015

L'informatique : un frein à la transformation numérique

Une des difficultés de la transformation numérique vient des informaticiens eux-mêmes qui ne savent pas réfléchir autrement qu'en termes informatiques. Je voulais en faire un billet ce week-end et, justement, un des commentaires de mon billet du blog politique au sujet des réformes dans l'enseignement : « L'orthographe français est beaucoup trop compliqué, non seulement les ph, les lettres accentuées, les doubles lettres mais plus fondamentalement la redondance d'information dans les genres et les pluriels. Après des dizaines d'années de travail comme informaticien, l'orthographe français me révulse par son absence totale d'intérêt "informationel". »

Je vous passe le fait que c'est complètement crétin : l'informatique nécessite une syntaxe précise, sinon le compilateur dit prout. Méditez sur ce commentaire, j'aurais des tonnes de remarques à y faire mais nous serions vite hors sujet.

Récemment, pour le boulot, j'étais en réunion avec trois informaticiens, un de mes chefs de projet et deux fournisseurs. J'avais fait un cahier des charges où j'avais dit que tel truc devait être géré dans une table. Tous les trois me disaient que ce n'étaient pas une table, je leur disais que si. Ils avaient tout simplement oublié que « table » n'était pas qu'une notion informatique mais aussi quelque chose notre langue, comme la table de multiplication, la table des matières,...

Ainsi, les informaticiens, quels que soient leurs âges, ont majoritairement tendance à « penser informatique », à réfléchir à ce qu'ils auraient à faire sans penser au reste.

Le premier impact est une orthographe qui se relâche. Un « s » manquant à un pluriel ne change pas beaucoup à la compréhension d'un texte. Ils ne se rendent pas compte qu'ils passent pour des guignols.

Le deuxième impact est que ces informaticiens sont incapables de se projeter sur des méthodes ou des technologies qu'ils ne connaissent pas. Tiens ! Je parlais récemment du réseau social de ma boîtes : les ingénieurs informatiques sont incapables d'imaginer ce qu'ils pourraient en faire car ils ont toujours travaillé sans.

Le troisième impact, sans doute largement le plus grave, est que l'informaticien est incapable de penser à autre chose qu'à l'informatique et donc d'imaginer le salut hors de l'informatique et, par contre coup, il ne peut pas penser mettre l'informatique au service du reste. Il va raisonner en « expression de besoin ». Le « métier » lui transmet cette expression de besoin et il ne la remet pas en cause. Or, le métier ne connaît pas « la transformation numérique ». Il a un besoin ponctuel et il sait que l'informatique pourrait y répondre. Alors personne ne regarde au delà du besoin.

La quatrième impact découle du troisième : tout cela coûte très cher. Alors, quand on veut dépasser l'informatique pour faire de la transformation numérique, on explose les plafonds alors que cela devrait être le contraire. Tout cela parce que l'informaticien pense à son petit monde, à l'intégration de ses logiciels, puis à leur homologation, à la mise en production et ne sort jamais de ce cadre.

C'est grave.


2 commentaires:

  1. Thèse intéressante : les informaticiens empêchent en France la transformation numérique tout comme beaucoup d'autres d'ailleurs, notamment, les consultants, les dirigeants, les politiques, les pharmaciens et les notaires aussi..

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    1. Je voulais la poursuivre mais je n'ai pas eu le temps et c'est tellement foireux que je n'ose pas faire un billet.

      Mais il se trouve que les utilisateurs les plus actifs de notre tout nouveau RSE sont les non informaticiens, dont moi (je bosse en MOA), les RH, le secrétariat général,...

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La modération des commentaires est activée. Je vous lis, voire vous publie, après la sieste.