Dans un
récent billet, l’ami Sarkofrance compare Twitter à un bistro. Le débat,
dans les commentaires est intéressant, mais, au fond, je ne suis d’accord avec
personne (y compris avec mon propre commentaire, d’ailleurs, que j’ai fait un
peu trop vite mais peu importe).
Jeudi soir, la Comète était fermée. Je suis allé à l’Amandine
et au moment de partir vu, que les copains n’étaient pas là, j’ai croisé mon
député maire. On se présente nos vœux et on papote un peu. Finalement, je lui
propose de boire un verre et nous entrons (il a payé la tournée, c’est toujours
ça de pris). Nous étions un groupe de quatre : Tonnégrande, un membre du
cabinet du maire, le maire et moi). Il y avait un autre lascar au comptoir, un
peu défoncé, mais qui ne savait pas que c’était le maire. C’était une
discussion très agréable, entre six personnes courtoise (il y avait le patron)
et tout ça. Le lascar est parti et un autre est arrivé. Il a commencé à agressé
le maire à propos d’une histoire de logement social. La discussion fut violente
et le patron et moi avons été obligés d’intervenir pour les séparer.
Pas facile d’être maire… Il papotait. Il était hors du
boulot. Je ne sais plus de quoi on parlait, mais ça aurait pu être de cul ou de
foot. Mais ses mandats l’ont empêché de poursuivre cette discussion.
Quand je suis dans Twitter, j’ai parfois un peu le même
sentiment. Je discute gentiment avec des gens mais, de temps en temps, je
trouve un type qui prend @jegoun pour le taulier de jegoun.net, cet abominable
machin suppôt du gouvernement, vendu à la droite et au libéralisme alors que,
pendant mes heures de loisir, je ne revendique que d’être un con comme un
autre.
Les gens ne savent pas faire la distinction. Je vous assure !
Je parle de bite et automatiquement on va trouver un crétin qui va me traiter
de machiste et qui va en déduire que je suis bien à droite… La relation est
crétine mais pas surprenante quand on connaît un peu la vraie gauche.
Toujours est-il que le maire et le blogueur que je suis n’ont
plus le droit à la vie privée, l’un dans sa commune, l’autre dans les réseaux
sociaux.
Il faut revenir à la genèse des réseaux sociaux. Quand
Twitter et Facebook ont été créés, nous n’étions qu’une poignée. Je n’allais
pas beaucoup sur Facebook. Ces machins se sont popularisés. Facebook est resté
ce qu’il devait être mais Twitter est devenu le bordel monstre que l’on connaît
actuellement. Quand j’ai créé mon compte
Twitter, il me fallait un identifiant. J’ai pris « Jegoun » que j’utilise
ailleurs. J’ignorais alors que Jegoun allait devenir mon pseudo dans les
réseaux sociaux puisque je ne savais pas que les réseaux sociaux allaient se
développer. Un jour, il m’a fallu choisir un nom de domaine pour le blog
politique et c’est naturellement que j’ai choisi Jegoun.
Mais ça ne fait qu’un an ou deux que Jegoun s’est retrouvé
dans Twitter que comme un maire au bistro. Je ne suis pas dans Twitter pour
défendre la politique du gouvernement ! Pourtant, Twitter n’est pas un
bistro. Dans un bistro, on ne peut agresser que les gens présents et seul un
ivrogne peut y adresser la parole à quelqu’un sans avoir été invité à le faire.
Twitter a complètement évacué les règles de savoir vivre.
Dans Facebook, c’est différent. J’y suis avec mon vrai nom
et je n’y diffuse pas les publications de mes blogs. J’ai une page, pour ça.
Ceux qui veulent suivre mes blogs à partir de Facebook, peuvent suivre la page.
Ils sont très peu et je m’en fous. Dans Facebook, je ne suis pas le blogueur
mais le copain, le militant, le cousin,… Dans Google+, j’ai opté pour la même
stratégie. « Nicolas Jégou » et « Jégoun » (une page) sont
bien séparées. Nicolas Jégou est le membre du réseau social qui se promène et
va voir les autres. Jegoun est le blogueur qui diffuse ses billets de blog.
Avec Facebook, le fonctionnement est un peu différent :
quand je vais sur ma page, je deviens la page (je signe les commentaires avec
le nom de la page et pas avec mon nom). Google+ est donc presque parfait.
C’est un peu comme si un maire pouvait aller dans les
bistros de sa commune sans être reconnu par les clients.
Finalement, Twitter est assez amusant à observer. La plupart
des membres ont relativement peu d’abonnés mais ces andouilles vont calquer
leur fonctionnement sur les gros Twittos et ont l’impression de s’adresser au
monde entier alors qu’ils ne seront lus que par leurs abonnés présents à un
moment donné. Dans Facebook, quand on publie un truc, on s’adresse à ses
proches, ses copains, sa famille… Dans Twitter, le type qui cause semble
vouloir s’adresser à la terre et à du monde qu’il ne connaît pas. Moi, je m’en
fous, j’ai beaucoup d’abonnés, 4600, je crois, ce qui fait de mon compte un des
plus gros (dans les 1% les plus gros je crois), ce dont je me fous totalement
(ça va faire sept ans que j’y suis, soit une moyenne de 2 nouveaux abonnés par
jour).
Nous allons prendre deux individus au hasard :
FalconHill et Romain Blachier. En fait, ce n’est pas le hasard. Ce sont des
blogueurs à qui il est arrivé de faire le tour des bistros avec moi et qui
peuvent témoigner. Quand je fais cette virée, je connais du monde dans chaque
bistro. A la Comète, c’est évident, mais il y a aussi l’Aéro, le Jean-Bart, le
Petit Relais, le PMU et l’Amandine. Romain n’a pas dû être surpris (il est
adjoint au maire en charge du commerce dans sa commune : il connaît donc
tous les bistros). FalconHill, lui, a pu trouver ça étrange (encore que, il lit
mon blog, et quand j’ai changé de bistro, avec lui, c’était pour aller voir des
personnes précises).
Ainsi, avec Twitter, je suis, comme au bistro. J’ai beaucoup
d’abonnés, quand je tweete un truc, je trouve nécessairement quelqu’un pour le
lire, ce qui ne peut pas être le cas d’un petit Twittos.
Dans notre milieu de militants politiques, le twittos va
essentiellement développer son réseau au sein de personnes proches de lui,
politiquement. Le client de bistro, lui, va développer son réseau auprès d’autres
clients, par les faits du hasard. Je parlais de Tonnégrande, tiens ! Il
venait d’habiter à Villejuif. Pour rentrer chez lui, le soir, il prenait un bus
après le métro, dans mon quartier. Un jour, il est venu boire un coup à l’Aéro.
Peu après, j’ai commencé à boire un coup à l’Aéro pour ne pas arriver à la
Comète avant 19h30 pour ne pas croiser certains imbéciles. Je connaissais
néanmoins bien le bistro puisque j’y passais mes soirées du samedi. Donc je connaissais
un peu les clients. A force d’à force, Tonnégrande a fini par connaître un ou
deux clients et je me suis retrouvé, un jour, dans une conversation. Depuis,
Tonnégrande a fini par me suivre dans tous les bistros et est devenu un pilier
de la Comète. Par contre, le type qui reste dans Twitter ne va connaître que
des gens de son monde, il n’aura pas l’occasion de sortir.
En fait, c’est un peu comme si les patrons de bistro
organisaient leurs salles par affinité politique. Dans un coin, la vraie
gauche, dans un autre, les socdems, dans l’autre les libéraux,… Le client
débarque : il choisit le coin qui lui est attribué et parle avec les types
qui sont là.
Mais ce n’est pas le cas. Twitter ne peut pas être comparé à
un bistro. Twitter peut être comparé à ce bout de comptoir que le patron
réserve aux ivrognes solitaires qui vont brailler des conneries en espérant être
entendu par les autres clients qui ne feront même pas semblant de l’entendre.
Et un jour, il alpaguera le maire de la commune parce qu’il
est abonné à son compte mais le maire s’en fout, il va unfollower les crétins
car il a mieux à faire.
beau billet
RépondreSupprimerMerci !
SupprimerTwitter n'est pas un bistrot ? Comment ça https://scontent-b-cdg.xx.fbcdn.net/hphotos-frc3/226211_428643533841349_792286293_n.jpg
RépondreSupprimerMouarf !
Supprimerbon, presque d'accord.
RépondreSupprimerParfait ! Je tombe sur ton commentaire par hasard en voulant répondre à Jacques et à Romain : et paf ! il est 12h... C'est l'apéro.
SupprimerJoli billet. Je revois avec émotion et plaisir ces moments où je te suivais de bars en bars. J'ai toujours trouvé ça plus agréable et sympathique qu'étrange... (et ça me manque un peu)
RépondreSupprimerSinon ton exemple du début me rappelle des moments pas marrants... Mais bon, les cons sont insupportables que l'on soit maire, élu, blogueur, twittos, ou simple citoyens...
Joli billet en tous cas. Humain. Certains devraient se souvenir que derrière le @, il y a quelqu'un...
Il y en a beaucoup qui oublient. Je viens encore de me prendre la tête avec des potes pour une mauvaise blague que j'ai lancée dans Twitter. Avec l'envie de massacrer tout le monde pour me justifier...
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