10 octobre 2014

Schizophrène, paranoïaque ou mythomane au boulot ?

Dans mon blog bistro, je relevais, hier soir, une anecdote véridique (même si j’ai un peu romancé le contexte). Un candidat que je recevais avec des collègues pour occuper un poste de sous-traitant m’a dit qu’il était entré chez un de ses clients pour préparer le passage de leurs machines à l’an 2000 en 2001. Je l’ai fait répéter plusieurs fois en soulignant la contradiction.

J’ai immédiatement compris que, lors du debriefing que nous tiendrons, j’émettrai un avis très négatif. A partir de ce moment, je me suis donc désintéressé de la conversation mais j’ai continué à faire le job.  Ainsi, en discutant avec une collègue, ce matin, elle m’a rappelé d’autres contradictions que j’avais relevées dont une grosse : le lascar, dans son CV, décrivait sa dernière mission. C’était chez un de nos clients pour homologuer une de nos applications. Or nous n’avons pas encore livré ce client. Nous le ferons dans les prochains jours, conformément au planning élaboré il y a plusieurs années. Je lui ai donc expliqué mon incompréhension mais il a maintenu ses propos.

N’allez pas croire que je sois un enfoiré en entretien. Je n’étais pas là pour le casser mais pour lui permettre de rectifier des erreurs qu’il aurait pu faire à cause du stress de l’entretien. Par exemple, pour la préparation du passage à l’an 2000, je suis persuadé qu’il a confondu avec le passage à l’euro (ou un autre « passage », plus technique, que nous connaissons périodiquement, EMV, NAC,… si cela cause à certains de mes lecteurs). Pour l’homologation de notre application, je suis sûr qu’il a été recruté pour la préparer puis la faire. D’ailleurs, l’objet exact de la question était de savoir pourquoi il quittait ce client alors que le gros de la mission n’était pas commencé.

Tout cela importe peu…

En discutant avec ma collègue, je me suis rendu compte que ce lascar faisait partie de ces gens qui n’ont strictement aucun recul sur ce qu’ils font. Ca ne veut pas dire qu’ils sont incompétents ou mauvais mais qu’ils ne se remettent pas en cause et, surtout, qu’ils ne comprennent pas, au fond, ce qu’ils sont en train de faire. Ils font ce que leur chef leur dit de faire mais mélangent les intitulés des missions, ne réagissent même pas au fait qu’ils font autre chose que ce qui est dans cet intitulé.

On en voit tous les jours !

Le plus frappant était un de mes collègues qui passait ses journées à faire des statistiques qui n’étaient utilisées par personne sauf par le chef « pour savoir ». A une occasion, j’ai eu à le remplacer. Je ne voulais pas passer un mois complet à éplucher des listings. J’ai imaginé une autre solution. Le mois suivant, je l’ai affiné et, en quelques temps, je mettais 45 ou 50 minutes pour faire le travail qu’il faisait en un mois en présentant bien mes chiffres dans un joli document qui a fini par circuler. Il n’avait jamais réfléchi au pourquoi ou au comment

Ainsi, mon gugusse a très certainement confondu le temps qu’il avait passé sur le passage à l’euro et celui sur le passage à l’an 2000 parce qu’il avait explicitement travaillé dessus non pas parce qu’il fallait que nos machines fonctionnent en l’an 2000 et avec des euros mais parce qu’un chef lui avait dit de le faire, lui avait donné un bureau, un microordinateur, une chaise,… et quelques consignes, voire l’avait assisté dans certaines réunions.

On en voit tous les jours, disais-je, et on ne s’en rend pas toujours compte. Récemment, j’ai passé une avoinée à un collègue qui critiquait nos outils (et exigeait donc que je débloque du pognon pour les changer). Dans le fond, il avait raison. Mais il a fallu que je lui explique que notre job n’était pas de faire des outils mais des applications fonctionnant sur des machines mises à disposition des clients de nos clients pour gagner de l’oseille. Presque le contraire de l’autre, avec ses statistiques. Lui ne comprenait pas que je ne veuille pas dépenser 20 000 euros pour lui éviter trois heures de travail (très chiant) par mois et qu’il devait me faire une autre proposition.


Ces andouilles sont une plaie pour l’entreprise parce qu’ils génèrent des gros loupés. Pourtant, j’en ai connus des très bons… Et ils ont leurs opposés : ceux qui n’en branlent pas une parce qu’ils remettent en cause l’utilité de ce qu’ils font et les méthodes utilisées.

9 commentaires:

  1. Quand l'X Droite ou DLR seront au pouvoir, il sera réembauché par la même boite pour faire le passage de l'€ au Fr

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  2. C'est important ce que tu dis sur le coté recul que l'on doit avoir sur ses activités. Je pense que quand on recrute quelqu'un pour sa boite ou sa collectivité, c'est important d'avoir ce point là en tête sur ses candidats...

    Et avec le recul je mettrai aussi l'humilité, une valeur que je pense importante dans tout. J'ai beaucoup de respect pour le type qui, même en entretien, me dit qu'il ne sait pas ou qu'il se trompe peut être...

    Tu ne dois pas être (non plus) un mauvais mec avec qui bosser ;-)

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    1. Je ne dirais pas humilité mais franchise. Le boulot d'un type en entretien est de se vendre. S'il le fait mal, c'est qu'il est mauvais.

      Récemment, on a recruté un chef de projet. On voulait de bonne compétence technique mais aussi les qualités du chef de projet : organisation, reporting, animation de reunion.

      Il avait des compétences techniques au delà de nos espérances mais on n'a pas pu le prendre parce qu'il a eu l'humilité de dire qu'il ne sentait pas ce côté chef de projet. Il aurait dit qu'il ne l'avait jamais fait, avec franchise, on l'aurait recruté, quitte à changer d'organisation (en consacrant du temps à l'aider, ce que la chef et moi avons fait avec les autres chefs de projet qui se sont retrouvés opérationnels en quelques mois). Ca me faisait de la peine pour ce type : il ne progressera jamais dans sa carrière et finira développeur de base.

      Ca me rappelle un type en 2008, un bon informaticien mais sans recul, il a fini sa carrière avec les autres qui attendaient son départ eb retraite.

      Quant à bosser avec moi ? Je ne sais pas. Je crois être formateur et protecteur mais un peu écrasant en prenant tout de suite les décisions ce qui ne laisse pas les gens s'épanouir et les fait flipper de ne pas être aussi rapide.

      Je valide le commentaire et te donne un exemple.

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    2. A 18 heures, on reçoit les remarques d'un client avec 90 remarques sur un document fait sous notre responsabilité. J'ai tout le apporté quelques réponses et relever quelques erreurs dans les remarques. La réponse était faite 20 minutes apres la réception. Comment veux-tu que les chefs de projet qui bossent avec moi et les clients en question ne pètent pas un câble en lisant leurs mails lundi matin ?

      Par contre, je m'efforce de ne pas empiéter sur les prérogatives de chacun.

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    3. (Je parle de mes qualités mais pas de mes défauts : je suis bordélique et pas gestionnaire. Je suis "colérique" - un peu comme dans les blogs - et j'écrase les gens quand j'ai raison - quand je ne suis pas sûr de moi, je ferme totalement ma gueule, ce qui est une qualité. J'oublie tout mais le moindre détail reste ancré dans mon crâne. J'en parlais avec Didier Goux récemment et j'ai un nouvel exemple. Un type me disait que ce que j'avais conçu etait contraire à la réglementation cette semaine. J'étais sûr de moi, le ton montait,... Je laisse tomber. La reunion se termine. Je reviens à mon bureau. Je recherche la réglementation en question. Dix minutes apres la reunion en question, il avait la réponse. J'avais raison. Peu importe. C'est en lisant le texte en question que je me suis rappelé que c'est moi qui l'avait rédigé en 1998 ! J'avais oublié. Là, il y a seize ans d'écart, ça peut se concevoir, mais il m'arrive d'envoyer deux fois le même mail dans la même heure. Tiens ! Ce matin, je passe dire bonjour à une collègue. Elle en profite pour me soumettre un mail qu'elle devait envoyer à un fournisseur. Je lis. Je pose des questions pour être sûr de comprendre. Je valide son truc. Je reçois le mail. Le lis et me rends compte que c'est un sujet que j'avais traité deux jours avant... Deux fois). (Ca nous fait des fois rigoler d'autant que je suis toujours constant dans mes opinions. Il y a quelques mois, on a eu un gros bug sur un truc que j'avais conçu mais pas supervisé la réalisation. Je dis : ce n'est pas possible que j'ai conçu ca ainsi. Les collègues se foutent de ma gueule. Je fouille sur le réseau et trouve le cahier des charges que j'avais rédigé il y a six ou sept ans ! Paf ! Dans le mille. Ce sont mes spécifications qui n'avaient pas été respectées. Ainsi, bosser avec moi est exaspérant. Dans un autre projet, j'avais merdé. J'avais oublié de prévenir une autre équipe qu'ils étaient concernés. Ca avait foutu la merde j'avais fait mon mea culpa. Dans un récent projet, j'évite la même bourde. Je dis aux gens j'aurais besoin de vous une semaine dans six mois, il faut qu'on fasse deux réunions d'une heure dans le mois pour préparer cela. Ils m'engueuler : tu crois qu'on n'a que ca à faire et tout ca ? Je leurs rappelle alors la précédente fois : ils étaient mis en défaut et étaient cloués. Exaspérant je disais).

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    4. Franchise, tu as raison aussi sur le mot

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    5. Et heureusement que tu n'as pas que des qualités. Si je devais faire la liste des mes défauts profressionnels, nombreux, j'en déprimerai... Mais bon, c'est comme ça.

      Agréables à lire tes commentaires sinon

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